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Sean Maloney (Intel) : ” Intel devient une entreprise de réseaux et de communication “

Le fondeur américain a décidé de se lancer dans les services. Sean Maloney reste flou sur les ambitions réelles de cette nouvelle activité.

Pour la première fois, Intel s’est fait doubler en termes de performances par AMD. Il pédale pour rattraper son retard et commet des erreurs: des cartes mères défectueuses ; le Pentium III qu’il faut rappeler pour cause d’incompatibilité Linux, etc. Sa réputation de fournisseur de produits de qualité en a pris un coup. En même temps, l’entreprise se lance un nouveau défi : proposer des services internet, sans expérience ni du service ni de la relation client.Quelle leçon tirez-vous du retrait du Pentium III à 1,13 GHz ? Allez-vous cesser la course-poursuite contre AMD et vous concentrer sur la qualité ? Nous nous sommes toujours concentrés sur la qualité, ça n’a pas changé. Mais quand on fabrique 100 millions de puces par an, il est toujours possible d’avoir un produit défectueux. Ce qu’il faut, c’est anticiper ces problèmes et les corriger au plus vite. C’est ce que nous faisons. Sur l’affaire Pentium III, personne ne s’est plaint. Car ce ne sont pas nos clients qui trouvent les défauts. C’est nous.Pourtant, c’est le troisième retour de produit en dix mois… Cela prouve que nous sommes devenus meilleurs pour trouver les problèmes ! Je le répète, les puces deviennent de plus en plus complexes. Les problèmes sont inévitables. Mais sachez qu’Intel n’accepte et n’acceptera aucun défaut.Est-ce aussi ce genre de ” problèmes ” qui retarde le lancement d’Itanium, votre puce 64 bits ? Itanium est une nouvelle architecture, qui nécessite de nouvelles applications. Son développement est très complexe, et nous n’avons pas le droit à l’erreur. Nous préférons donc prendre le temps de finaliser correctement le produit. Les premiers exemplaires seront livrés au premier trimestre 2001. Attendez-vous donc à voir les premières applications et les premières machines au courant du premier semestre prochain.Quel bilan faites-vous de votre diversification dans les puces réseau ? Je suis assez content de ce que nous avons fait jusqu’ici. Certes, l’IXP (NDLR : la puce réseau d’Intel) ne bat pas encore des records de vente. Mais, comme Napoléon, il faut engager le combat et voir ensuite. C’est comme cela que l’on apprend. Nous ne devons pas être prisonniers de notre propre pensée. Le Pentium a été un succès planétaire. Il faut penser à celui qui sera le prochain. Intel sait très bien fabriquer des processeurs. Nous sommes peut-être nouveaux sur le marché des puces réseau, mais nous finirons par battre les concurrents.Pourquoi Intel s’est-il lancé dans les services ? Les services d’hébergement que nous proposons reviennent à mettre à disposition un entrepôt de matériel de haute technologie. Au final, louer de la puissance machine n’est qu’une autre façon de délivrer de la puissance processeur. Les services sont une activité très nouvelle pour Intel, et qui reste faible en termes de revenus. Si nous nous y sommes engagés, c’est parce qu’ils reflètent une tendance du marché. Internet a kidnappé l’industrie du PC. Il était important de suivre nos clients. J’ajoute que les services nous ont permis d’apprendre beaucoup de choses : l’e-business, la relation client, une nouvelle façon de vendre. Nous travaillons directement avec les utilisateurs et pouvons donc mieux comprendre ce qu’ils veulent.Les services ne sont donc qu’un laboratoire… Pas du tout. Cette entité doit rapporter de l’argent comme les autres divisions. Mais vous savez, c’est un classique dans les affaires. L’idéal est que chaque entité commerciale renforce la voisine. C’est ce que nous nous efforçons de faire entre nos divisions postes clients, serveurs, réseaux, et maintenant services.Intel devenant société de services, est-ce envisageable ? Je ne le crois pas. Ce n’est pas notre métier. Notre mission est d’apporter des briques technologiques et notre activité principale reste la fabrication de semi-conducteurs. Cela ne nous empêchera pas de nous diversifier vers les réseaux, les appareils internet ou les téléphones portables. Mais en gardant une certaine cohérence : tous ces appareils utilisent des semi-conducteurs.Que répondez-vous à ceux qui prévoient la fin du PC ? Je leur dis qu’ils se trompent. Comme les grands systèmes, les PC ne vont pas disparaître. Tout le contenu du web est conçu sur le PC et pour le PC. Dans ces conditions, il est difficile de le voir décliner pour l’accès internet.
On parle beaucoup des mobiles. Mais le WAP est surtout un cliché pour les médias. J’en ai essayé un, et cela m’a rappelé le Minitel. Ça ne remplacera jamais le PC. Les mobiles auront leur place, mais plutôt pour l’envoi de messages simples.
Quant aux assistants personnels, ils ne sont pas produits à une assez grande échelle. Et ils ont toujours besoin du PC pour synchroniser les informations. Comment voyez-vous Intel dans cinq ans ?Dans cinq ans, je vois Intel avec une grande activité PC ; comme je viens de l’expliquer, le PC ne va pas disparaître. Je vois aussi une très importante activité serveurs. 70 % des PC seront connectés à internet. Il faudra donc de plus en plus de serveurs. Enfin, l’activité réseaux sera aussi très importante, puisque nous allons capitaliser sur notre expertise dans le DSL et le câble pour proposer des composants sur ce secteur.Mais c’est l’Intel d’aujourd’hui que vous décrivez… Plus ou moins, mais avec une nuance : Intel sera davantage une entreprise de réseaux et de communication. Nous passons du monde de la productivité au monde de la communication. Regardez, tout ce qui se fait aujourd’hui sur le PC sert à développer cette expertise en communication : internet, la messagerie, l’informatique distribuée. Tout ce qu’Intel fait aujourd’hui est lié à la communication.

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Propos recueillis par Anicet Mbida