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Sd Quattro : Sigma crée la surprise et annonce deux appareils photo hybrides !

Réputé pour ses optiques, le constructeur japonais proposait déjà des compacts et des reflex. C’est sur la base technique de ces derniers que Sigma a conçu ses sd Quattro, puisqu’ils sont compatibles avec la monture SA.

Vous connaissez peut-être Sigma pour ses objectifs photo, puisque le constructeur japonais est, avec Tamron, l’un des plus grand nom de l’optique « compatible » avec les reflex Canon, Nikon, Sony, etc (lire notre test du Sigma 35 mm ART). Mais la marque produit aussi des appareils photo exotiques, qu’ils soient compacts, comme les DP Merrill ou DP Quattro, ou reflex.

A la marge des « grands » constructeurs de boîtiers, Sigma a développé un écosystème basé sur un capteur à la technologie originale et unique appelée Foveon. Et c’est sur ce type de capteur que Sigma lance aujourd’hui deux boîtiers hybrides, le sd Quattro et le sd Quattro H.

Deux définitions = deux formats de capteur

Seule la lettre « H » du second permet de le distinguer du premier. La raison est simple : entre les deux boîtiers, seule la taille de capteur diffère, tout l’équipement est le même. Les deux hybrides sont ainsi équipés d’un système de double écran à l’arrière – le premier pour la prévisualisation de l’image, le second, à la verticale, affiche les réglages – et (enfin !) d’un viseur électronique  de 2,36 Mpix placé de manière assez étrange, c’est à dire au milieu de l’appareil (pour conserver la filiation reflex ?).

Le sd Quattro classique profite d’un capteur APS-C classique, le Foveon Quattro de 19 Mpix (enfin, 19 Mpix finaux, mais le capteur dispose de bien plus de photosites, on le verra plus loin) que l’on retrouve déjà dans les compacts DP Quattro. Plus original, le sd Quattro H est équipé d’un capteur un peu plus grand au format APS-H.

Capteur APS-H pour les amateurs de grand-angles

Plus petit qu’un capteur plein format, l’APS-H est un standard exotique qui n’a été que très peu utilisé par les constructeurs – Canon l’a notamment déployé sur feu certains de ses appareils « 1D », des boîtiers professionnels destinés aux photojournalistes.

La différence entre l’APS-C et l’APS-H est le coefficient multiplicateur à appliquer aux optiques : sur un capteur APS-C, un 24 mm devient un 36 mm (coefficient x1,5) quand sur un APS-H (coefficient x1,3) le même 24 mm est équivalent à un 31,2 mm. De quoi donner un peu plus de grand angle aux optiques existantes.

AF hybride

Avec ses compacts dp, Sigma travaillait en autofocus à détection de contraste quand ses reflex utilisaient, fort logiquement, la détection de phase. Ces sd Quattro sont les premiers produits de la marque à bénéficier d’un AF hybride, combinant les deux technologies : la détection de contraste effectuée par le processeur à laquelle s’ajoute la détection de phase intégrée au capteur.

Inventée par Sony, la recette a réussi à de nombreux acteurs de l’industrie et pourrait permettre à Sigma de corriger l’AF plutôt lent de ses boîtiers, l’un de ses talons d’Achille.

La puissance du Foveon

La particularité de tous les appareils photo de Sigma, c’est qu’ils font appel à un capteur unique dans l’industrie : le Foveon, dont nous vous parlons depuis le lancement du premier compact dp1 lancé en 2008 jusqu’au tout dernier DP 0 Quattro testé l’an dernier. Ce capteur qui a connu de nombreuses évolutions est le seul dont chacun des pixels enregistre les trois couleurs du spectre lumineux, quand les pixels des capteurs de la concurrence – de toute la concurrence ! – ne récupèrent qu’un canal coloré (rouge, vert ou bleu) et effectuent une moyenne des informations colorées des pixels adjacents pour reconstituer la couleur originale.

Dotés de 19 Mpix pour le sd Quattro et 25,5 Mpix pour le sd Quattro H, ces deux capteurs devraient produire des images dont le rendu final s’approche de boîtiers moyen format de 39 Mpix pour le premier à 51 Mpix pour le second. C’est ce qu’affirme Sigma et, pour avoir testé de nombreux boîtiers Sigma au fil des années, cette affirmation est loin d’être frivole.

Boîtiers tout terrain

Les sd Quattro semblent être parmi les rares hybrides à avoir été pensés comme des reflex en termes de solidité : à la conception du châssis en alliage de magnésium s’ajoute de nombreux joints d’étanchéité leur conférant une conception dite tropicalisée et, plus original, un filtre de verre amovible devant le capteur prévenant l’introduction de poussières dans le boîtier.

Améliorations du système

Opticien avant tout, Sigma pêche souvent dans la partie électronique – montée en ISO limitée, AF lent, pas de traitement logiciel à posteriori, rafales absentes ou anémiques, etc. Cette nouvelle génération affirme corriger certains défauts : outre la présence d’un viseur électronique, on note le focus peaking pour faciliter la mise au point manuelle, l’arrivée d’un AF prédictif, une rafale avec AF continu (jusqu’à 3,8 i/s dans la limite de 10 images, pas très rapide ni très endurant, mais c’est déjà mieux que par le passé). A chaque itération, Sigma progresse, mais on est encore loin des canons de la compétition.

Satisfaire les utilisateurs existants

Sigma n’a pas développé de nouvelle monture mais s’est appuyé sur son standard existant, la monture SA. Bien moins répandue et large que les montures Canon, Nikon et consorts, cette gamme est tout de même forte de plus de 40 optiques compatibles en monture SA, ce qui permet aux sd Quattro de profiter d’un parc conséquent dès leur sortie.

camerasize.com – De gauche à droite : Panasonic Lumix GM5 + Panasonic-Leica 25 mm f/1, Olympus OM-D E-M1 + Panasonic Leica 25 mm f/1.4, Sony Alpha A7R II + 50 mm f/1.8, Nikon D7200 + Sigma ART 50 mm f/1.4, Sigma sd Quattro + Sigma ART 50 mm f/1.4

Le revers de la médaille, c’est que ces optiques sont conçues pour des reflex dont la distance de tirage optique est plus grande que celle des hybrides développés de zéro. Ainsi, si la conception de ces boîtiers est bien la même que celle des hybrides (viseur électronique), leur encombrement est équivalent à celui d’un reflex, comme on peut s’en rendre compte sur l’illustration ci-dessus générée grâce au site de comparaison de dimensions de boîtiers photo Camera size – le sd Quattro est à droite ! Ce qui nous rappelle le Pentax K-01, un boîtier hybride compatible nativement avec toutes les optiques de la monture K. Nous souhaitons une meilleure destinée aux sd Quattro…

Si ces appareils intéresseront sans doute quelques nouveaux utilisateurs à la recherche du rendu vraiment exceptionnel du capteur Foveon, la marque japonaise cible aussi et surtout ses utilisateurs de reflex – SD14, SD15, SD1 – a qui elle propose un boîtier plus moderne et doté d’un capteur plus performant.

Conception originale

Le capteur Foveon étant ce qu’il est, la vidéo n’est toujours pas disponible sur ces boîtiers hybrides. Et ce n’est pas la seule bizarrerie. Parmi les bons côtés, on note le filtre de verre qui empêche les poussières de coller à sa surface, le repose pouce à l’arrière du boîtier, trop souvent absent chez la concurrence hybride ou encore le système de double écran.

Dans la catégorie des choix discutables, outre les formes étranges – les goûts, les couleurs… – on s’interroge sur la drôle de découpe sous le boîtier semble le rendre instable une fois posé sur une table de même que sur le positionnement du viseur au beau milieu de l’appareil – nous l’imaginions plutôt sur le côté de l’appareil à l’image d’un Panasonic GX8.

Sigma Japon n’a pour l’heure communiqué aucune date de disponibilité ni prix pour ses nouveaux boîtiers. Et comme la marque est coutumière des annonces bien en amont, nous nous garderons de toute autre affirmation que « sans doute disponible en 2016 » !

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