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Savoir surfer à bon escient

La poche du pantalon d’un salarié est d’ordre du 100 % privé. Encore qu’elle est susceptible d’être fouillée un jour pour des raisons de sécurité. Mais…

La poche du pantalon d’un salarié est d’ordre du 100 % privé. Encore qu’elle est susceptible d’être fouillée un jour pour des raisons de sécurité. Mais l’ordinateur, lui, n’appartient pas au salarié. Ce qui relève d’une certaine logique. Lorsqu’une société fait son inventaire, elle comptabilise tout aussi bien les chaises que les ordinateurs qu’elle a, l’un et l’autre, achetés. En publiant des recommandations, et non un règlement assorti de sanctions, la Cnil s’est bornée à édifier une sorte de phare destiné à éclairer tout autant les salariés que les chefs d’entreprise qui s’interrogent. Aux premiers comme aux seconds, il fallait quelque chose de plus nuancé qu’un indispensable mais trop court et trop constitutionnel article 9 sur le respect de la vie privée. En gros, la Cnil pose le principe d’une surveillance raisonnable de la part des chefs d’entreprises et suggère en filigrane aux salariés de ne pas abuser des facilités technologiques mises à disposition par son employeur.Ce texte arrive à temps. Dans un sondage réalisé par Le Nouvel Hebdo, il y a un an, il apparaissait que 89 % des cadres actifs disposaient d’une adresse e-mail personnelle sur leur lieu de travail et que près de 70 % surfaient au travail pour des raisons personnelles. Et typiquement, sur les messageries, la Cnil écrit juste. Elle dit accepter certains contrôles de l’entreprise qui viseraient, par des mesures d’ordre quantitatif, à limiter les usages abusifs. C’est le principe du chef de bataillon qui ordonne à ses soldats de ne tirer qu’à “bon escient “. Il vaut mieux, dans tous les cas, préciser ce qu’est un bon et un mauvais escient. La libre appréciation est délicate, à la guerre comme au bureau. Il revient donc aux entreprises de définir ce qu’est un bon usage du web et au salarié de comprendre quelle est sa marge de man?”uvre.De fait, les recommandations de la Cnil ressortent plus de l’appel au bon sens qu’au discours comminatoire et moraliste. En revanche, au-delà des usages d’internet, l’entreprise a des obligations éthiques bien réelles notamment à l’égard des fichiers qu’elle crée, détient et entretient, qu’il s’agisse de personnel, de clients ou de fournisseurs. Un coup d’?”il au site de la Cnil surprendrait plus d’un chef d’entreprise.

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Philippe Bonnet