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Roland Coutas (Telemarket) : ‘ Internet, c’est la traçabilité absolue ‘

Jusqu’ici, les supermarchés en ligne ont réalisé de maigres résultats. Pourtant, le PDG de Telemarket prédit l’envolée de l’alimentaire sur Internet pour 2006.

Après une année sabbatique, le fondateur du site de voyages Travelprice est revenu aux affaires. Roland Coutas a repris en main la direction de Telemarket lors de la cession du supermarché en ligne par Les Galeries Lafayette,
l’année dernière. Après plusieurs mois de silence, l’homme d’affaires fait le point sur les perspectives de la grande distribution en ligne.01net. : En gestation depuis cinq ans, la grande distribution ne représente toujours qu’une infime partie des ventes sur Internet. Pourquoi ?


Roland Coutas : Il y a cinq ans, cela ne pouvait pas marcher. Il fallait attendre l’arrivée du haut-débit. Le panier moyen en ligne était déjà assez important avec 45 produits. Faire ses courses, à l’époque avec un
modem classique, était une corvée. Il a fallu une certaine maturation des technologies… mais aussi des mentalités. Les consommateurs ont commencé par acheter sur Internet des biens matériels électroniques et culturels.


L’achat alimentaire, plus intime, est venu plus tard, une fois que le commerce en ligne sur les produits matériels a eu fait ses preuves. Les internautes avaient besoin d’un temps de rodage. Aujourd’hui, nous sommes au début de la grande
consommation sur Internet.Oui, mais les gens achètent en grande surface parce que les prix sont attractifs. Ce n’est pas forcément le cas sur Internet, où il faut par exemple ajouter les coûts de livraison, non ?


Maintenant, ce n’est plus vrai. Grosso modo on retrouve en ligne les prix pratiqués par les enseignes physiques de la grande distribution. Même la livraison est transparente : au-dessus de 165 euros, qui est
le panier moyen chez Telemarket, la livraison est gratuite.Qu’est-ce qui peut motiver les Français à faire leurs courses alimentaires en ligne ?


On trouve en ligne des produits frais dont la qualité et la sécurité alimentaire sont difficiles à égaler. Internet, c’est la traçabilité absolue. On sait ce qu’achète le client en temps réel. On peut ainsi facilement le retrouver en cas
de problème sanitaire sur l’un des produits achetés, par exemple. Internet, c’est aussi plus de fraîcheur. Lorsqu’un internaute achète du poisson en ligne, ce dernier n’est pas encore pêché. Nous envoyons à la commande un ordre au pêcheur. Ce type
de denrées ne passe plus par Rungis. Il n’y a plus de stock.


Sachez enfin que les fruits que vous achetez en libre-service sont touchés en moyenne par 32 personnes. Dans la distribution en ligne, les produits périssables sont à l’abri des manipulations des autres consommateurs.Sur les denrées périssables où n’intervient pas la technicité, le SAV est-il aussi important que sur l’informatique, par exemple ?


Le SAV se doit d’être toujours présent. Vous ne devez jamais avoir de problème en tant que consommateur. Si jamais il arrive un incident, cela doit être transparent. Il vous suffit d’envoyer un mail et nous remboursons les produits
endommagés.Quels sont encore les freins qui empêchent les Français d’être des adeptes de ce mode de consommation ?


L’habitude est le frein essentiel. Les consommateurs se rendent dans la même grande surface depuis 30 ans. Il faut changer leur façon de faire les courses. Un client doit passer chez nous trois à quatre commandes pour être fidélisé,
sans quoi il retourne dans son magasin habituel. C’est pourquoi nous avons développé un système de fidélisation qui leur offre des réductions sur les cinq premiers paniers qu’ils achètent chez nous.A l’inverse de vos concurrents, vous n’êtes pas adossé à un groupe. N’est-ce pas un handicap ?


Non, être indépendant nous offre plus de réactivité. Nos concurrents ne font pas non plus appel à leurs magasins pour livrer leurs clients. Ils ont un entrepôt où, comme nous, ils préparent leurs commandes.Mais avec des grandes surfaces physiques, ne peut-on pas jouer sur des volumes d’achat et donc sur les prix auprès des fournisseurs ?


Nous sommes affiliés à une centrale d’achat utilisée par les grandes surfaces. Celle de Monoprix Casino. Nous bénéficions des mêmes tarifs que ces deux enseignes. Nous n’avons pas besoin de faire jouer les volumes.Quels sont vos objectifs sur 2006 ?


Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros sur l’année 2005, en croissance de 35-40 % sur les six derniers mois. Nous voulons tenir ce rythme de croissance sur l’année. Nous allons également lancer une
nouvelle gamme, sur les produits très frais.La rentabilité, c’est pour quand ?


Elle se rapproche, mais nous ne communiquons pas de date. Il nous faut d’abord augmenter les ventes. La grande distribution en ligne est un business de volume.

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Propos recueillis par Hélène Puel