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Richard Viel (Bouygues Telecom) : ‘ Nous allons assister à une explosion des applications métier mobiles ‘

Persistant challenger du marché français, Bouygues Telecom estime jouer, dans le marché professionnel, le même rôle de trublion que dans celui de la téléphonie mobile grand public. Entretien avec le directeur du marché Entreprises de
l’opérateur, Richard Viel.

01net. : Quelle vision se fait Bouygues Telecom du marché mobile en entreprise ?Richard Viel : Ce marché affiche aujourd’hui une croissance raisonnable, de l’ordre de plus 3 à 5 % en nombre d’abonnés professionnels par an. Nous disposons d’une part de marché légèrement inférieure
à celle que nous avons dans le grand public, sans doute car nous sommes le dernier entré en lice, et que les entreprises étaient les premières à s’être équipées. Mais une phase de rupture se dessine peut-être. Jusqu’à présent, la
téléphonie mobile en entreprise a en effet surtout concerné les cols blancs et les commerciaux. Mais la substitution totale, à terme, du téléphone fixe par le mobile, pour tous les employés, est un phénomène possible. Si l’on regarde les
chiffres, 5 à 6 millions de professionnels sont équipés de mobiles en France, pour 24 millions de salariés. Ce taux de pénétration de 20 % environ est à comparer avec celui du grand public, largement supérieur… Mais il y a évidemment des
résistances historiques, avec notamment l’activité générée par l’installation et la maintenance d’autocommutateurs, plus les revenus tirés du fixe par nos concurrents. La question que nous devons nous poser en fait, à travers
l’usage du mobile, est : comment pouvons-nous rendre les entreprises encore plus adaptables, réactives et productives ?Comment essayez-vous de vous démarquer de vos concurrents ? Dans le marché de la voix, la différence repose sur la compétitivité des prix. Nous jouons le même rôle d’agitateur que dans la téléphonie mobile grand public, avec le lancement de forfaits illimités Platinium Pro pour des
flottes d’entreprise, ou le mix d’offres professionnelles et personnelles avec l’option Pro Perso, qui permettent de fixer un seuil de communication au-delà duquel le collaborateur paye la différence. Concernant la transmission
de données, nous disposons aujourd’hui d’une couverture de réseau GPRS identique à celle du GSM, avec en plus des caractéristiques techniques supérieures. Notre offre repose sur trois éléments : la connexion d’un PC au réseau
mobile par carte PCMCIA, des assistants numériques communicants (l’iPDA, doté d’un système d’exploitation Windows Mobile de Microsoft) et, nouveauté, la commercialisation de solutions i-mode adaptées aux entreprises.Quelles applications stimulent le marché des services mobiles ? Sans conteste, l’accès à Internet, que ce soit la messagerie, le Web ou les Intranets d’entreprise. Les PME sont friandes de solutions d’accès simplifié à leur courrier électronique par exemple, tandis que les
grands comptes bâtissent plutôt des Intranets accessibles depuis des terminaux mobiles. Avec i-mode et le HTML, on peut s’intégrer aisément au système d’information de l’entreprise. De nouveau, c’est aux entreprises de se
poser la question des services attendus et de la productivité. Dans ce marché, nous fournissons les tuyaux, nos partenaires les applications métier ou transversales, mais ce sont les clients qui créent l’usage.Le Wi-Fi entre-t-il dans vos plans de développement ? Je voudrais rappeler que Bouygues Telecom est l’un des fondateurs de la ‘Wi-Fi alliance’, nous sommes donc bien sûr intéressés par cette technologie. L’idée est d’obtenir à terme une bonne couverture
nationale. En même temps, on ne peut pas dire qu’il y ait pléthore de clients pour le moment. L’enjeu n’est donc pas, à mon sens, de multiplier le nombre de sites Wi-Fi, mais d’assurer l’interopérabilité de ceux-ci
entre opérateurs. Chez Bouygues Telecom, nous raisonnons en fonction du point de vue de l’utilisateur. Je pense en fait que vont se développer des offres couplées GPRS / Wi-Fi, ces technologies complémentaires répondant à des besoins, des
usages et des coûts différents.La portabilité du numéro peut-elle vous apporter des parts de marché supplémentaires ? Nous avons actuellement la plus petite part du marché, la portabilité est donc une véritable opportunité pour Bouygues Telecom. Cependant, le processus apparaît encore un peu compliqué pour les clients. Malgré cela, nous estimons
qu’ils seront entre 30 % et 40 % à demander la portabilité en 2004.Qu’en est-il du déploiement de réseaux EDGE en France ? Comme l’a exprimé la direction générale de Bouygues Telecom, cette solution est à l’étude, de même que l’UMTS dans le cadre de notre licence 3ème génération.Quelle évolution voyez-vous à l’horizon de deux ?” trois ans ? Nous allons assister à une explosion des applications métier mobiles, bien au-delà de la messagerie ou de l’agenda. Au Japon, 70 % des salariés clients d’i-mode par NTT DoCoMo bénéficient de programmes spécifiquement
développés pour leur activité. En fait, nous allons connaître la même révolution qu’en informatique lorsque nous sommes passés des terminaux passifs aux micro-ordinateurs. C’est une chance extraordinaire pour toutes les sociétés de
développement et de services informatiques. Nous leur offrons de nouveaux média pour exercer leur talent !

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Laurent Campagnolle