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Reportage Sony (5/8) : la bataille du 4K et le silence de l’Oled

Tandis que la très haute définition est déjà sur les rails, Sony nous dévoile sa stratégie. Sans s’étendre trop sur le futur de l’Oled.

La haute-définition « de demain » est devenue réalité puisque la grande majorité des téléviseurs vendus ces trois dernières années en Europe sont des dalles Full HD, que la diffusion HD est une réalité pour nombre d’Européens, qu’on trouve plein de lecteurs Blu-ray à moins de 100 euros… La bataille de la HD a couronné ses rois : la norme 1080p, la technologie LCD et le Blu-ray (rappelez-vous du HD DVD !). Mais dans notre système économique impossible de se reposer sur ses lauriers et les industriels planchent déjà sur la prochaine décennie…

La 4K pour Sony : « plus qu’un palier »

Si la Full HD et le 1080p sont parfaitement normalisés et commencent à rentrer dans les têtes, la super/ultra/méga définition et les 4K/QuadHD/8K offrent pour l’heure des contours et des perspectives floues car chaque constructeur poursuit son propre agenda : certains veulent passer directement à la 8K, d’autres n’envisagent la 4K que comme un palier, d’autres enfin font de la 4K une vraie norme qui durera dans le temps.

Parmi ces derniers, on retrouve les ingénieurs de Sony qui nous ont reçus dans leurs locaux d’Atsugi au Japon et pour eux le sujet est entendu : « Le successeur de la Full HD sera la 4K car le cinéma commence déjà à utiliser cette norme », nous explique-t-on. « Nous sommes prêts pour la 4K tant du point de vue de la captation et de l’exploitation des salles (de cinéma), tandis que le matériel pour particuliers commence à arriver. La 8K est pour un futur plus lointain, développent les équipes de Sony. La 4K est pour nous la réponse actuelle pour offrir une meilleure définition dans les grande tailles d’écran, au-delà de 55 pouces. En dessous cela nous paraît moins intéressant. »

4K, etc.

Dans les faits, l’augmentation de la résolution d’image s’appuie sur deux normes : la 4K et le Quad HD. La norme 4K concerne le monde professionnel du cinéma et affiche 4 096 x 2 160 points. Le Quad HD est lui exactement le quadruple du Full HD, c’est-à-dire 3 840 x 2 160 points (1 920 x 2 et 1 080 x 2).

Pourquoi ces différences ? Si le monde du cinéma peut se permettre d’édicter les règles de qualité qui lui plaisent (les caméras coûtent très cher), le monde du grand public industriel en a d’autres. Primo, il semble plus facile de produire en masse des équipements dont le ratio est exactement le même que celui de la génération précédente. Ensuite le monde de l’électronique grand public ne peut faire table rase du passé : les premières sources de Super HD seront des programmes (Blu-ray, etc.) en 1 920 x 1 080 et il vaut mieux conserver un rapport homothétique strict afin de garantir une bonne qualité de mise à l’échelle.

En clair : la définition du cinéma est le 4K et celle de la télé Quad HD. Mais, pour nous embrouiller, Sony a décidé d’utiliser le terme 4K pour les équipements grand public arguant que cela préparera le terrain à la 8K et que le grand public sera moins perdu. Comprend qui peut.

Sony tente de capitaliser sur le cinéma

Si Sony souffre de la concurrence – coréenne et chinoise notamment – dans de nombreux secteurs, le cinéma reste un de ses domaines de prédilection : des caméras qui ont filmé Avatar aux systèmes de projection 4K/3D des salles de cinéma, la production de films reste pour l’heure un territoire favorable au géant japonais. Cette position permet non seulement une communication plus efficace autour de la très haute définition – « C’est moi qui l’ai fait ! » – mais cela confère aussi à Sony un savoir-faire de première main dans le domaine.

La parfaite illustration de cet état de fait est que Sony est le premier constructeur à proposer un projecteur 4K de (très grand) salon, le VPL-VW1000ES. Un jouet pour amateurs fortunés – 18 990 euros quand même – mais on reste dans le domaine de ce que l’on peut dépenser. Il se murmure que toutes les marques iront de leurs projecteurs 4K. Et il y a fort à parier qu’une fois encore les coréens attaqueront par le prix…

Enjeu de l’upscaling et futur

Tout comme pour la Full HD, la première faiblesse de la 4K sera le manque de programmes disponibles. Si certains films sont à la fois tournés et projetés en 4K, il n’existe pour l’heure aucun programme disponible, aucun support arrêté pour assurer sa diffusion.

L’arme fatale de Sony – et des autres – est donc la mise à l’échelle. Et heureusement pour les nababs qui lorgnent déjà sur cette technologie, l’upscaling d’un Blu-ray en 4K (Quad HD si vous avez suivi) est simple (on multiplie largeur et hauteur par deux) et offre de bien meilleurs résultats que l’upscaling de DVD vers une définition Full HD. Pour avoir expérimenté des films dans la salle de projection professionnelle de Sony, les techniques sont au point et les performances des systèmes 4K offrent une vraie amélioration du Blu-ray lors de la mise à l’échelle 4K-Quad HD.

Quant au futur de la 4K son nom est déjà trouvé : il s’appelle logiquement 8K, consiste en un second doublement de largeur et hauteur de la 4K-Quad HD (et non 4K cinéma) soit 7 680 x 4 320 points.

Oled : OK pour les pros, peu de détails pour le grand public

« Nous avons présenté un modèle de télé Oled au CES », nous répond du tac au tac l’équipe de Sony lorsque nous parlons de l’Oled et des projets de la marque à ce sujet. « Nous maîtrisons la technologie depuis longtemps [voir le premier volet de ce reportage, NDLR] et nous avons une offre d’écrans dédiés au monde professionnel », précise-t-on. La vérité est que cet Oled Trimaster EL PVM-2541 est un écran de 25 pouces (63,5 cm de diagonale) aux spécifications délirantes, réservé aux applications vidéo professionnelles et qui coûte la bagatelle de 25 000 euros.

Alors, quand on tente de déplacer la conversation sur le terrain du grand public en confrontant les annonces de Sony – « Nous disposons d’un prototype d’écran 55 pouces » – et celles des coréens Samsung et LG – « Nous allons commercialiser des écrans Oled en milieu/fin d’année 2012 » – on se met à spéculer. Sony (et les autres japonais) sont-ils prêts et tentent-ils de noyer le poisson pour faire des annonces surprises ? Le pays du Soleil levant serait-il en retard par rapport au pays du Matin calme ? Sony est-il handicapé par la diversification de ses approches de recherche ? Ou encore les japonais ne laisseraient-ils pas les coréens essuyer les plâtres de la promotion de l’Oled avant de se lancer sur un marché plus mature ?

Dans un contexte économique mondial difficile, on comprend que ce genre d’information est stratégique. Et qu’il nous faudra attendre les annonces officielles pour en en savoir plus quant à la stratégie de la marque sur l’Oled…

Lire les précédents volets de ce dossier : la télé 3D fait flop ; le Crystal LED ; la maîtrise de l’électronique ; la Google TV.

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Adrian Branco