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Reportage Sony (4/8) : Sony croit encore à la Google TV

Malgré l’échec de la première version de la Google TV, Sony en poursuit le développement et lancera la nouvelle version en Europe cet été.

Entre 2011 et 2012, la Google TV est passée du statut de petite révolution à celui d’un énième joujou qui peine à convaincre. Dans ses locaux japonais, Sony nous a présenté en détails la nouvelle version de sa Google TV, un module externe qui ressemble à une passerelle multimédia que l’on branche sur son téléviseur : après les difficultés rencontrées l’an dernier, Sony joue prudemment et décide logiquement de ne pas intégrer la solution Google directement au sein des téléviseurs.

Google TV 1.0 : l’échec

Uniquement disponibles aux Etats-Unis, les premiers modèles de Google TV n’ont pas percé (voir notre reportage à l’occasion du CES 2011). Les raisons de cet échec sont nombreuses : le matériel requis par la Google TV comprend des composants supplémentaires, ce qui implique un surcoût ; en outre, le bénéfice d’avoir le Net sur sa TV est complexe à démontrer et les services disponibles en 2011 étaient à la fois rares et peu satisfaisants. En plus de cela, il faut se demander si les gens – un terme bien vague – sont prêts à « consommer » des services en ligne autres que de la VOD sur leur téléviseur. Tous ces facteurs ont conduits la Google TV première du nom à faire un flop chez nos cousins américains. C’est donc peu de dire que cette deuxième version est attendue au tournant.

« C’est Google qui décide »

Côté hardware, la Google TV 2.0 est passée d’une plate-forme Intel à une plate-forme ARM conçue par Marvell (voir notre article à l’occasion du CES 2012). Pourquoi un tel choix ? Quels étaient les problèmes avec Intel ? Est-ce mieux ? Moins cher ? A toutes ces réponses, les équipes de Sony n’avaient qu’une seule réponse : « C’est Google qui décide des spécifications techniques de la Google TV» Dans cette réponse, un peu gênée, on sentait la main de fer du géant d’Internet peser sur nombre de composants de la bête.

Sans doute cela marque-t-il la volonté de Google d’offrir une bonne expérience utilisateur quelle que soit la marque ou le modèle de Google TV acheté. Mais on ne peut s’empêcher de penser qu’imposer avec tant de force ses choix aux constructeurs a quelque chose de brutal. Heureusement pour Sony, la marque dispose quand même d’une certaine marge de manœuvre dans le développement de certains éléments dont, notamment la télécommande.

Une vraie télécommande 2.0

Accéléromètre, gyroscope, surface tactile, clavier rétroéclairé, contrôle par la voix, le tout dans un format vraiment compact : cette deuxième génération de télécommande pour Google TV a du chien et préfigure sans doute du futur des télécommandes des téléviseurs classiques. Outre la taille bien plus réduite que celle de la télécommande de la première version de la Google TV, c’est une somme de détails qui enrichissent cet outil : les piles sont de part et d’autre du périphérique afin de garantir un bon équilibre, son faible poids lui permet de survivre aux chutes, le matériau plastique offre un toucher plus agréable, etc. Cliquez sur la vidéo ci-dessous pour la découvrir en images.

Enrichir l’offre, réfléchir aux usages

C’est le manque de vrais contenus et de vrais services qui a le plus lourdement pénalisé la première Google TV. Et la deuxième version marche encore quelque peu sur la tête puisque si les TV Sony embarquent le portail de services Sony Entertainment Network (SEN) ce n’est pas le cas de la Google TV ! « Pour l’heure c’est vrai qu’il n’y a pas encore d’applications SEN pour Google TV. C’est une histoire de développement d’applications, de droit d’auteurs, etc. Nous avons conscience du manque mais les utilisateurs peuvent toujours passer directement par l’interface de leur téléviseur Sony [sic !, NDLR] pour accéder à nos services, nous explique-t-on. Mais nous y travaillons ! Et nous sommes déjà en phase de bouclage pour l’implémentation de services locaux (spécifiques à chaque pays, tel M6 Replay, etc.) au sein de la Google TV. »

A cet enrichissement de l’offre, une fois encore soumis au bon vouloir de Google qui valide les application Google TV (à l’inverse de Google Play – ex-Android Market – où les logiciels sont validés à postériori), il reste à inventer des usages spécifiques au téléviseur : difficile d’accepter que son compte e-mail personnel soit visible par tous les membres d’un foyer, etc. Une fois encore, les cartes sont entre les mains de Google et non des constructeurs…

Lancement en Europe, Google partout

Sony a annoncé vouloir lancer ses boîtiers en Europe au début de cet été. La Google TV made by Sony se déclinera en deux modèles : le NSZ-GS7, modèle d’entrée de gamme sans lecteur optique, et le NSZ-GP9, qui intègre un lecteur de Blu-ray et la reconnaissance vocale intégrée dans la télécommande. Le bruit court que la première version sera proposée à 199 euros. Mais Sony s’est refusé à tout commentaire quant au prix définitif.

Si les équipes du géant du Web arrivent à enrichir les services et les usages de leur Google TV, les modèles de Sony semblent être armés pour remporter un certain succès. Mais nous attendons de voir comment le grand public envisage de mettre – une fois encore – un pan de sa vie entre les mains de Google.

Lire les précédents volets de ce dossier : la télé 3D fait flop ; le Crystal LED ; la maîtrise de l’électronique.

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Adrian Branco