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Renaissance version 2.0

L’art est une promesse sans cesse renouvelée. L’artiste détourne à son profit ce que la société produit. Le numérique est là, omniprésent. Les artistes-développeurs nous en parlent à longueur de créations. Miroir déformant, miroir informant… acceptons-nous de voir ce qu’ils nous montrent ?

” Nous assistons à une nouvelle Renaissance, une période favorable aux ingénieurs-artistes, comme le fut la Renaissance pour Leonardo da Vinci. “ La citation est antédiluvienne : 1995 ! Elle me fut confiée par Atau Tanaka, musicien littéralement câblé, après un spectacle solo de 45 minutes. Solo ? Pas vraiment. Entre lui et son auditoire s’intercalaient des capteurs BioMuse, placés sur ses bras et avant-bras, un portable Mac et des logiciels de l’Ircam. Et pas le moindre instrument traditionnel. Pourtant, c’était bien à un spectacle musical que nous venions d’assister.Pour Jean-Luc Soret, l’art numérique constitue l’aboutissement d’une démarche entamée par les artistes durant les décennies 50 et 60 avec le cinéma expérimental puis, dans les années 70, avec l’art vidéo. A cette vision érudite s’appose une autre, esthétique. Le premier choc, je l’ai ressenti en 1979, lorsque la revue Micro Système publia des ?”uvres de David Em, artiste épaulé par IBM soi-même. Peintre, mathématicien, informaticien ? Impossible de trancher.Ses travaux posent la question de ce qui appartient à la science, à la technologie et à l’art ; comme ceux de l’infosphère. Et quelle attention leur accordons-nous ?Guère plus qu’un intérêt distrait, passager ; surtout pour des têtes d’affiches comme Fred Forest. C’est que, contrairement aux productions classiques des beaux-arts, les ?”uvres numériques s’exposent, se stockent difficilement. Elles s’insèrent plutôt dans les flux qui parcourent la planète, fugaces ; seules quelques-unes s’arriment durablement dans le réel. Question d’hygiène mentale et/ou de goût, leur fréquentation pourrait capter quelques instants de nos journées. Chasser l’artiste et sa création en ligne, quel sport ! Quel bonheur aussi de découvrir, visiter, sans autre motivation que la recherche du beau, de l’insolite.Passez quelques minutes dans le Jardin électromagnétique de Decosterd et Rahm. ?’uvre, indéniablement. Et aussi mise en cause directe de l’objet qui nous sert à la contempler. L’écran et ses rayonnements, nocifs ou non, vous avez déjà lu sur le sujet. Voilà cette préoccupation quotidienne réinterprétée par des artistes. Belle façon de nous faire voir notre monde techno autrement, de nous conduire à le penser autrement qu’en termes déquipements, de performances, de marchés.

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Michaël Thévenet