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Quelques gestes de survie numérique

Maudit soit le m de m-business ! Il me frise la langue. On ne voit plus que lui sur les écrans, les affiches et les culs…

Maudit soit le m de m-business ! Il me frise la langue. On ne voit plus que lui sur les écrans, les affiches et les culs des bus. Ainsi donc, après l’hippo, l’auto, l’aéro, tout devrait être mobile : le PC, le logiciel, le téléphone, le bureau, la carrière. Et pourquoi pas aussi l’intelligence, la pensée, l’art ou encore le sexe ? Alors que moi, mon rêve, c’est un transat au soleil avec un bon livre d’un auteur classique, par exemple, Chrétien de Troyes.
Mais, horreur, oh désespoir, je découvre à sa lecture que la mobilité ne date pas d’hier : même Lancelot, m-entrepreneur avant la lettre, pour aller plus vite au secours de sa reine, voyageait déjà en charrette ! Nous sommes faits ! Toute la vie n’est plus que mobile : les cours de Bourse, les idées qui changent tout le temps, l’amour en avion ou sur un tandem, le percepteur qui vous piste partout. Même les politiques sont des OMNI (objets mobiles non identifiés) : le président de la République qui passe d’une affaire à l’autre, l’ancien maire de Paris qui court après ses faux électeurs, les Verts qui manifestent de Rio à La Hague… Bref, internet n’a rien inventé, le monde était ambulant bien avant le big-bang du TCP-IP !De tous temps, l’homme n’a eu de cesse que de bouger. Et, là, vous me voyez venir, j’ose poser la terrible question : Dieu, lui-même, par hasard, ne serait-il pas mobile ? Le péché originel, ne serait-ce pas d’avoir voulu être aussi mouvant que Lui ? Ainsi donc, nous voici condamnés à la mobilité ? Eh bien, non, s’il n’en reste qu’un d’anti-m, je serai celui-là ! Pas de problème ! Je clamerai des poèmes extrêmes, je cueillerai des chrysanthèmes blêmes, j’inventerai des théorèmes suprêmes, je vivrai une bohème sans carême, je lancerai des anathèmes et des blasphèmes… Je créerai le mouvement ASSIS : Association des surfeurs solitaires immobiles et sceptiques. Allons plus loin, j’ai une idée : supprimons le ” m ” de l’alphabet, comme Pérec l’avait fait du ” e “. Ainsi, on pourra enfin railler ses alheurs, oublier la ort, croire aux iracles et, surtout, rester absoluent, définitiveent, irréédiableent, iobile… Bon, ça va, j’ai compris, tout le monde nest pas Pérec…

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La rédaction