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Pourquoi Montebourg veut-il stopper la guerre des prix dans le mobile ?

Lors de ses vœux le ministre du Redressement productif a déclaré la guerre aux forfaits low-cost. Il s’est interrogé à voix haute sur la nécessité d’avoir quatre opérateurs dans un pays comme la France. Quels sont les enjeux ? Réponse dans cette chronique vidéo.

Quelle mouche a piqué le ministre du Redressement productif ?! S’en prendre à la baisse des prix, au moment où l’on parle de redonner du pouvoir d’achat aux Français, ça paraît –pour le moins- étonnant. Pourtant, Arnaud Montebourg a bien réaffirmé qu’il souhaitait –je cite- « calmer les ardeurs de l’amour du low cost » dans les télécoms. Pour dire clairement les choses, cette guerre des prix dans le mobile lui sort par les yeux. Car, selon lui, elle met en danger les investissements dans les réseaux, dont la France a besoin pour sortir de la fracture numérique. 

L’enjeu serait donc la lutte contre la fracture numérique…

Il s’agirait ainsi de choisir entre des prix plus bas dans le mobile ou du très haut débit partout en France.  Je m’explique. On se souvient que l’arrivée de Free Mobile avait semé un vent de panique chez les opérateurs historiques. Et très vite, ces derniers ont prévenu : toutes les plumes qu’ils perdraient dans cette guerre des prix, seraient autant d’argent en moins pour les investissements d’avenir. Or, justement, l’Etat compte sur plus de  20 milliards d’euros d’investissements pour déployer la fibre optique en France. Mais si les opérateurs ne jouent pas le jeu, que va devenir ce plan France Très Haut débit auquel tiennent tant Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin ? Qui va sortir l’argent ? Les collectivités locales ? Via de nouveaux impôts ? Le ministre dit redouter cette perspective. Il préfère donc que les opérateurs cessent leur querelle de parts de marché sur le mobile et gardent leurs sous pour réduire la fracture numérique.

Comment Arnaud Montebourg compte-t-il « remettre de l’ordre dans la guerre des prix », comme il dit ?

Concrètement, il ne va pas pouvoir faire grand-chose. En tous cas, pas tout de suite. Avant-hier, le gouvernement a affirmé qu’il allait imposer de nouvelles obligations aux opérateurs en matière d’investissement et d’emplois. Montebourg a évoqué plus précisément des obligations sur la relocalisation des centres d’appel et l’investissement dans la fibre optique. Un texte doit être présenté cet été. Mais, dans tous les cas, ces nouvelles exigences n’interviendront qu’en contrepartie de l’attribution de nouvelles fréquences, donc pas avant 2015-2016.

Qu’en pense le gendarme des télécoms ?

L’Autorité des télécoms (l’Arcep) va être dotée de pouvoir de sanction plus important pour faire respecter ces obligations. Mais sur le fond du sujet, Jean-Ludovic Silicani, le président de l’Arcep – l’homme qui a validé l’entrée de Free sur le marché du mobile, je le rappelle !-, n’est pas tout à fait sur la même ligne que Montebourg. Alors que le ministre juge que 4 opérateurs en France, c’est trop de concurrence. Le président de l’Arcep, lui, met en garde contre les effets pervers qu’aurait une concentration du marché.  Pour lui, revenir à trois  opérateurs aurait un impact négatif sur l’emploi en France et conduirait irrémédiablement à une hausse des prix rapide (il a cité l’exemple  de l’Autriche, qui a connu en un trimestre une augmentation de + 10% sur les tarifs). 

Comment va se finir cette histoire ?

A trois ou quatre opérateurs, on n’a pas de boule de cristal. Mais la voie choisie, pour l’instant, est la mutualisation des réseaux. Un premier accord entre SFR et Bouygues Telecom doit être signé demain par leurs conseils d’administration. Nous verrons si ce modèle marche ou pas. En attendant, la guerre des prix, elle, continue, vaille que vaille. Et les mobinautes ne s’en plaignent pas ! 

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Delphine Sabattier