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Pourquoi il faudra faire très attention si vous achetez un PC portable équipé d’un processeur Tiger Lake

L’architecture Tiger Lake d’Intel a vocation à s’adapter aux besoins et contraintes des constructeurs de PC portables. Ainsi, Intel ne communique plus sur une valeur de consommation fixe mais sur un éventail possible pour ses processeurs. Ce qui va avoir une incidence directe sur leurs performances. De quoi compliquer sensiblement les choses pour l’acheteur final. 

L’arrivée des processeurs Core de 11e génération d’Intel sur le marché était très attendue. Elle est synonyme d’un passage massif à la gravure en 10 nm chez Intel et marque aussi le nouveau virage pris par Intel au niveau de la partie graphique Xe : des capacités en 3D incomparables avec la précédente génération. Tout cela dans un processeur qui est amené à se loger dans les ultraportables.

Voilà de quoi rendre ces machines bien plus polyvalentes qu’elles ne le sont actuellement. Mais l’un des plus gros chantiers d’Intel a été la consommation des processeurs.

La consommation adaptable, le nouveau credo d’Intel

Plutôt que de s’attacher à une valeur TDP (enveloppe thermique)  fixe, Intel communique sur un éventail de valeurs pour ces neuf nouveaux venus.

Intel Tiger Lake
Intel – Les Tiger Lake basse consommation à gauche et très basse consommation, à droite

D’un côté, les quatre puces « très basse consommation » seront amenées à avoir besoin de 7 à 15 watts et, de l’autre, les cinq autres modèles « basse consommation » auront un appétit plus ou moins grand, de 12 à 28 watts.

« Les PC portables n’ont plus à être cantonnés et/ou conçus autour d’une valeur statique de consommation d’énergie. »

C’est la phrase qu’on pouvait lire sur l’une des diapositives de la présentation d’Intel. Elle résume à elle seule toute la philosophie du fondeur autour de la consommation des Tiger Lake, qui risque de devenir un vrai casse-tête pour ceux qui envisagent d’acheter un PC. 

Intel

Mieux pour les constructeurs, moins clair pour les utilisateurs

Grâce à cette nouvelle approche, la vie des constructeurs de PC va être considérablement facilitée. En fonction de la finesse de leurs machines et le dispositif de refroidissement qu’ils souhaitent utiliser, ils pourront en effet faire en sorte de limiter les risques de chauffe, et, par effet de bords, améliorer l’autonomie de l’appareil. Mais cela ne sera pas sans incidence sur la puissance de la puce bien sûr et c’est là que le bât blesse. Pourquoi ? C’est simple. 

Pour schématiser à l’extrême : deux machines, une de la marque A et une autre de la marque B, équipées du même processeur et de la même plate-forme technique, ne fourniront pas forcément le même niveau de performances…

Intel

Et puis quid de la consommation réelle des puces si les constructeurs ont le choix et qu’Intel ne communique plus du tout sur ces valeurs ?

Les paliers de consommation possibles et le Turbo

  • Une consommation à plusieurs étages

Plutôt que de nous perdre en explications techniques, nous allons prendre un cobaye. Le processeur Core i7-1185G7, le plus puissant de la flotte, fera parfaitement l’affaire.

Dans le tableau ci-dessus, on remarque que sa vitesse de base est donnée pour 3 GHz et son mode Turbo maximal mono coeur à 4,8 GHz.

Lorsqu’il fonctionne à 3 GHz, il consomme 28 watts, c’est une certitude même si Intel ne l’indique pas clairement. Ces 28 watts correspondent ici au premier palier charnière que peut atteindre le processeur (son PL1, Power Limit 1) maximum pour les puristes).

Dans le cas des Tiger Lake, signalons que ce palier peut tout à fait être positionné à 15 watts ou 18 watts si un constructeur le souhaite, via un simple réglage pratiqué par le concepteur du PC. Evidemment, les performances ne seront pas du tout les mêmes, en témoigne le graphique ci-dessous.

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Mais, en tout état de cause, si il y a un premier palier, à 28 watts et 3 GHz, il y en a obligatoirement un second, sinon comment la puce pourrait-elle grimper à 4,8 GHz ?

  • Le Turbo efficace, mais de plus en plus vorace

Les second, voire troisième, paliers sont franchis lorsque les différents modes Turbo entrent en action.

Ainsi, notre Core i7 va consommer bien plus que 28 watts lorsqu’il va turbiner à fond, même si seulement un seul de ses quatre coeurs fonctionne et que les autres, sont en hibernation et que, dans ce cas, ils n’ont besoin que de très peu d’énergie.

Le petit graphique ci-dessous montre que, par rapport au TDP de base, le mode Turbo consomme plus d’énergie, génération de Core après génération de Core, et gagne en efficacité. Plus problématique, il ne s’agit pas seulement de quelques watts.

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Intel a confirmé que le mode Turbo pouvait être très vorace en énergie. Alors qu’il souhaitait nous montrer à quel point le Core i7 était bien plus constant dans l’effort que son concurrent Ryzen 7 – qu’il soit alimenté par un bloc secteur (orange) ou une batterie de PC portable (bleu) dans le graphique ci-dessous – le fondeur de Santa Clara nous a aussi révélé que les petites puces basse consommation avaient de l’appétit.

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De prime abord, il est indéniable que, selon les données fournies par Intel, le Tiger Lake adopte le même comportement de consommation et donc d’activité, peu importe sa source d’alimentation, lors d’un test mené sur Office 365. Le Ryzen 7 serait, pour sa part, presque anémié dès qu’il opère sur batterie (graphique de droite, en bleu toujours).

Avec un peu de recul et le souci de la consommation en tête, il est effarant de voir à quel point les courbes s’envolent du côté Intel. Le tracé atteint 50 watts pendant un court moment et dépasse même les 30 watts par la suite. Traduction : le Turbo a été titillé par le test et il a réagi au quart de tour. Plus gênant, il a multiplié sa consommation par deux.

Dans les mêmes conditions de test, le Ryzen 7 connaît, lui aussi, un sursaut d’activité sur un de ses cœurs, au même moment que la puce Intel, preuve que le Turbo s’est là aussi enclenché (et la consommation ne dépasse pas 35 watts).

Entre cette docilité affichée et les pics de consommation importants, il y a fort à parier que l’endurance des PC portables équipés de ces processeurs s’en ressente.
De même, si une plate-forme est capable de consommer un nombre variable de watts en pic, cela risque bien de donner un argument supplémentaire aux constructeurs pour ne pas changer leur horrible chargeur secteur et les troquer contre des modèles plus petits et moins lourds.

Il va falloir être aux aguets !

Bilan, à première vue, il va falloir être prudent lorsque le moment d’acheter une machine en Tiger Lake viendra. Nous ne sommes absolument pas certains que les constructeurs de PC communiquent sur la consommation de la puce présente dans leurs poulains.
Ils continueront de renseigner la référence, mais n’iront sûrement pas jusqu’à indiquer le nombre de watts consommés pour éviter qu’on puisse les comparer un peu trop facilement à leurs concurrents.

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Pour certains, la puissance importe peu tant que les applis du quotidien fonctionnent. Mais d’autres investissent dans des machines ultraportables parce qu’elles possèdent tel ou tel composant, réputé pour fonctionner à une vitesse donnée ou à privilégier quant il faut faire tourner des applis très spécifiques, de création ou même métiers. Pour ceux-là, sauf communication spécifique, le choix d’une machine risque, tout à coup, de devenir beaucoup plus compliqué…

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