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Pour le président de Microsoft les géants de la Tech doivent prendre leurs responsabilités

Brad Smith a été au coeur d’une affaire antitrust avec Microsoft dans les années 1990-2000. Aujourd’hui, il livre ses conclusions pour son entreprise et ses concurrents. 

« Être prêt à changer. » Pour Brad Smith, l’actuel président de Microsoft, c’est le premier impératif des « Big Tech », comme on appelle aujourd’hui les géants du Web et de la high tech.
Dans une interview accordée au média Nikkei, la semaine dernière, l’ancien avocat général de l’entreprise d’informatique a donné des conseils à ses concurrents, actuellement scrutés par les autorités américaines judiciaires et antitrust. Lui avait été au coeur d’une affaire similaire entre 1998 et 2003.

« Assumez vos responsabilités »

« Lorsque vous créez une technologie qui change le monde, vous devez assumer une responsabilité du monde que vous avez aidé à créer », a-t-il résumé.

Aujourd’hui, les pratiques anticoncurrentielles des grandes entreprises de technologie déployées au détriment des utilisateurs inquiètent. Le département américain de la Justice a déposé une plainte antitrust contre Google en octobre, et la Federal Trade Commission (FTC) se prépare également à poursuivre Facebook.
Interrogé sur ces affaires toujours par Nikkei, Brad Smith a déclaré qu’il « ne pouvait pas parler pour » ces entreprises. Mais, il a expliqué les leçons de la bataille juridique de Microsoft avec Washington. Pour lui, les géants du Web doivent accepter l’examen du public et se préparer à des changements.

Microsoft privilégiait Internet Explorer

Le ministère américain de la Justice soutenait à l’époque que Microsoft utilisait illégalement la popularité de son système d’exploitation Windows pour mettre en avant son navigateur Internet Explorer. Brad Smith et l’équipe de Microsoft avait fait valoir que le système d’exploitation et le navigateur étaient liés dans le cadre du même produit. Après cinq ans de bataille judiciaire, le jugement final comprenait des obligations pour Microsoft afin de favoriser la concurrence. Il a expiré en 2011.

« Nous avons étudié le droit, et nous nous sommes sentis très bien : nos pratiques étaient conformes à la loi », a expliqué Brad Smith toujours à Nikkei. « Mais ce que nous n’avons pas pris en compte c’était la possibilité ou même la probabilité que la loi elle-même changerait pour s’adapter à ce nouveau monde. »

« Comprendre comment on est perçu »

Aux États-Unis, par exemple, un débat fait rage autour de la question de savoir s’il faut remanier, voire supprimer, l’article 230 de la Communication Decency Act, qui limite la responsabilité juridique des géants du Web concernant les contenus diffusés sur leurs services.
Donald Trump menace même d’utiliser son droit de veto lors du vote annuel du budget de la défense américaine pour faire pression et retirer l’article 230. 

D’après Brad Smith, la technologie a une incidence profonde sur tous les aspects de notre vie – qu’il s’agisse de la protection de la vie privée, de sécurité, de compétences ou même d’éducation. 

« C’est pourquoi je pense qu’il faut maintenant beaucoup plus de discussions, de focalisations et même d’examens de ce que les entreprises technologiques font », a-t-il asséné. « Il est vraiment important de comprendre les problèmes qui inquiètent les gens. Je pense qu’il faut vraiment saisir comment on est perçu. » 

Microsoft est une des entreprises des plus intégrées aux discussions qu’il y a actuellement à Bruxelles sur le « package » de lois qui ont l’ambition de réguler Internet et ses services pour les vingt prochaines années : le Digital Services Act et le Digital Market Act. Ces deux textes seront présentés officiellement le 15 décembre. 

Source : Nikkei 

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Marion SIMON-RAINAUD