Passer au contenu

Pilotage au muscle

On en rêvait, la Nasa l’a fait. Elle a fait atterrir un Boeing 757, enfin sa simulation informatique, sans que le pilote ne touche le manche à balai.

Piloter un Boeing sans toucher au manche ? Il suffit d’un brassard, comprenant huit électrodes, qui enregistre les signaux neuro-électriques émanant des muscles du pilote puis les transmet à un ordinateur. Celui-ci les convertit en commandes réelles appliquées à l’avion.Pour spectaculaire qu’elle soit, cette démonstration n’en est pas moins limitée. Après tout, le pilote effectue les mêmes gestes qu’avec un manche traditionnel, même s’il ne l’utilise plus. Le procédé mesure les influx musculaires qui auraient été nécessaires pour déplacer un manche à balai réel.C’est beaucoup plus évolué que de simples capteurs de position, mais on n’a pas créé de nouvelle interface pour autant. Ici, on a juste virtualisé une interface existante en singeant son fonctionnement réel. Avec des gains réels tant dans l’augmentation du caractère intuitif du pilotage que de la vitesse d’exécution.Le véritable intérêt de l’expérience est de démontrer notre aptitude à interpréter les signaux élémentaires qui sont à la base du fonctionnement du corps humain. Couplé à des logiciels neuronaux dotés de facultés d’apprentissage et d’autocorrection, un tel système ouvre des perspectives infinies.Qu’il s’agisse de manipulation de produits dangereux ou de saisie à l’aide d’un clavier, on devine la portée d’un dispositif capable de comprendre nos gestes les plus basiques. Il serait une interface idéale qui supprimerait l’interaction directe avec la machine ou les objets.” Les gens ont perdu le sens du toucher dans le milieu dans lequel ils vivent ou travaillent ; nous voulons utiliser la même technologie informatique qui nous a éloignés de notre environnement pour nous y accrocher à nouveau “, résume Charles Jorgensen, qui dirige le laboratoire de neuro-ingénierie au centre de recherche Ames (Nasa).A l’écouter, il paraît clair que la notion même d’interface, au sens de ce qui est entre nous et la machine, est appelée à disparaître. Les télécommandes, souris et autres claviers, n’ont constitué qu’une étape dans notre mode de communication et de commande des machines.Mais, tandis qu’une partie de la recherche vise à rendre ces interfaces plus naturelles et intuitives (dataglove, datasuit, commande vocale, par exemple), le docteur Jorgensen et son équipe veulent aller beaucoup plus loin.Les informations neuro-électriques captées sur le bras du pilote ne sont pas très éloignées de celles qui ont créé les contractions musculaires. A leur origine, on trouve les signaux neuronaux qui émanent du cerveau. Ce qui est dans la ligne de mire du docteur Jorgensen, c’est bel et bien l’interface ultime. Celle qui consiste à piloter une machine par la pensée. Une sorte de commande vocale sans voix, ou de système danalyse de mouvement sans mouvement… une forme de lien télépathique entre cerveau et informatique.
Et là, on est très loin de la notion de manche à balai, même virtuel.Prochaine chronique le mardi 6 mars

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Cyril Fiévet