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Pierre Paperon (AltaVista) : “Les trois quarts de nos visiteurs ne s’intéressent qu’au moteur de recherche”

Report de l’introduction en Bourse, licenciements en masse: le moteur de recherche américain, de CMGI, est à un tournant stratégique de son histoire. Pierre Paperon, président Europe international, affiche pourtant un optimisme sans faille.


01net. : AltaVista a recentré sa stratégie sur les fonctions de recherche. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Pierre Paperon 
: En prenant la direction de la filiale française, puis de l’international, je me suis rendu compte que nous manquions d’informations sur nos utilisateurs. En étudiant de plus près les habitudes des internautes européens, nous avons constaté que les trois quarts d’entre eux venaient sur le site uniquement pour utiliser les fonctions de recherche. Le calcul a été rapide : 70 % des ressources de l’entreprise étaient dédiées au développement de fonctions qui n’intéressaient qu’un petit pourcentage de visiteurs.AltaVista n’a pas vocation à devenir un portail ?L’équipe américaine souhaitait que nous dupliquions en Europe les services d’AltaVista. Nous avons refusé : nous ne proposerons pas de comparatifs d’achat, ni d’enchères, ni d’informations financières. Ma lecture de ce qui se passe aux Etats Unis est que la bataille des portails est déjà gagnée par Yahoo!, AOL ou MSN. Nous avons eu la lucidité et le courage de repenser la stratégie, et le résultat est déjà là. D’ici à la fin 2000, la filiale européenne et internationale atteindra l’équilibre, alors que le site anglais a vu le jour seulement en décembre 1999.Où en êtes-vous du développement international ?Nous sommes cent vingt personnes et AltaVista aura ouvert, d’ici à la fin de l’année, dans quarante pays. Tous les quinze jours des lancements sont programmés : en Europe du Nord et du Sud, en Australie, en Amérique du Sud pour la mi-novembre, en Afrique du Sud ensuite, et dans les pays arabes en décembre. C’est possible, car nous n’avons pas forcément besoin d’investir à chaque fois localement.La structure américaine a annoncé des licenciements importants. Que s’est-il passé ?C’est seulement en septembre que les Etats-Unis ont décidé de se recentrer sur les fonctions de recherche. Il s’agissait d’un virage brusque qui a nécessité des licenciements importants.Quelles sont vos sources de revenus ?Quelque 20% de nos revenus proviennent de la vente du moteur de recherche, pour les intranet d’entreprises ou pour les portails. Le FBI aux Etats-Unis, le CNRS et le CEA en France, en ont fait l’acquisition. Le moteur a l’avantage de traiter vingt-cinq langues différentes et cent-cinquante formats de fichiers. A noter que 50 % de notre chiffre affaires est issu de la publicité en bannières et du sponsoring. Et les 30 % restant viennent de l’e-commerce et du m-commerce.Pour tenir vos objectifs de rentabilité, quel est le chiffre d’affaires que doivent réaliser les pays ?Pour vous donner un ordre d’idée, en France, l’objectif est d’atteindre 2 millions de dollars par trimestre, et c’est ce qui va être bientôt annoncé. Le challenge est simple chez nous : atteindre 1 % de croissance par jour.L’introduction en Bourse d’AltaVista est-elle toujours programmée ?Bien sûr, nous sommes toujours en phase de pré-IPO. L’idée étant d’introduire la société sur le Nasdaq et également sur une place boursière européenne. Cela devrait se faire début 2001.

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Laure Deschamps