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Oriane Garcia : ‘ Je repars de zéro, avec mes condisciples fondateurs de Caramail ‘

Après des études littéraires (hypokhâgne, khâgne), Oriane Garcia fonde en 1995, avec plusieurs compères (dont Alexandre Roos et Christophe Schaming), Lokace, un pionnier des moteurs de…

Après des études littéraires (hypokhâgne, khâgne), Oriane Garcia fonde en 1995, avec plusieurs compères (dont Alexandre Roos et Christophe Schaming), Lokace, un pionnier des moteurs de recherche. Il sera revendu fin 1998 à Infonie.


Parallèlement, en 1997, naît l’idée de Caramail, qui devient le premier service de webmail gratuit et francophone. L’entreprise est finalement cédée en février 2000 au portail scandinave Spray ?” absorbé quelques mois plus
tard par Lycos.


En janvier 2002, à la suite du départ de Michel Meyer, Oriane Garcia prend la direction de Lycos France, en compagnie de deux autres fondateurs de Caramail, Alexandre Roos et Christophe Schaming. Fonction qu’elle occupera jusqu’en
décembre 2004. Elle prépare aujourd’hui un livre sur ses ‘ années Internet ‘, et travaille au lancement d”un nouveau projet (toujours secret) qui devrait voir le jour sur le Web dans les prochaines semaines.Votre formation littéraire vous destinait plutôt à une carrière dans l’enseignement. Comment en êtes-vous arrivée à créer des sociétés comme Lokace ou Caramail ?


Je pense que je n’étais pas faite pour l’enseignement avec un grand E, et ce même si je fais aujourd’hui quelques passages à HEC pour évoquer mon expérience dans l’Internet. En fait, à l’époque de mes études littéraires, je faisais déjà de
la formation. J’apprenais aux gens à se servir des outils informatiques de base.


Nous étions dans ces années 1994-1995 où l’Internet faisait vraiment ses tout premiers pas vers le grand public. J’avais des amis ingénieurs, qui travaillaient dans des sociétés de services. Ensemble, et à l’aide de quelques bons
algorithmes, nous avons créé Lokace, un pionnier dans le domaine des moteurs de recherche francophones. A ce moment-là, les investissements n’étaient pas très lourds, quelques machines à 20 000 francs suffisaient amplement.Comment est venue l’idée de Caramail?


Tous les soirs, nous nous retrouvions pour prendre un verre tous ensemble et les idées fusaient dans tous les sens. Nous regardions beaucoup ce qui se faisait sur le Web. Or à cette époque, en matière de messagerie électronique, s’il
existait des services comme Hotmail, ils n’étaient pas disponibles en français. Nous avons donc décidé de créer le premier vrai webmail francophone et gratuit (car reposant sur un modèle publicitaire), avec un nom emblématique: Caramail.Ce fut le début d’une aventure un peu folle, faite de stock-options, de levées de fonds, de rachats en série, de survalorisation pour bien des start-ups et de krach boursier… Comment avez-vous vécu cette période ?


Si l’on parle des stock-options, par exemple, il y en avait à Caramail, mais leur attribution était un plus, et certainement pas un prétexte pour sous-payer les salariés comme cela a été le cas dans pas mal de start-up à l’époque.
D’ailleurs, on ne peut pas vraiment dire que Caramail ait jamais été victime de cet ‘ esprit start-up ‘ avec grands canapés, salles de relaxation ou encore tables de ping-pong.


On s’amusait bien, mais la trentaine de collaborateurs qui étaient sur Caramail ont travaillé très dur. Et en 2001, nous sommes tous partis cinq jours à l’Île Maurice pour faire la fête, célébrer Caramail et remercier toutes les équipes
pour leur investissement dans cette aventure.


Quant au krach boursier, je m’en souviens assez bien, c’était au printemps 2000. J’étais invitée en Égypte par un groupe de presse spécialisé, en tant qu’annonceur. Nous étions en train de faire de la montgolfière, et quand la bulle a
éclaté nous ne nous sommes pour ainsi dire aperçus de rien…Avec le recul, quelle est l’idée que vous auriez aimé avoir pour développer une entreprise sur Internet ?


Sans aucune hésitation, je dirais eBay. Pour la simplicité et la force du concept et pour la rentabilité du projet.Quel souvenir gardez-vous de votre passage chez Lycos ?


Au début je dois dire que ce n’était pas évident. Caramail intégrait une structure beaucoup plus grande aux cotés de l’un de ses anciens concurrents, Multimania, et l’ensemble n’était pas piloté par des gens issus de Caramail. Mais nous
avons réussi à conserver notre autonomie. Au final, c’était une expérience formidable et j’en suis partie avec le sentiment du devoir accompli.Était-il possible d’envisager une vie professionnelle sans Internet ?


Disons que tout en gardant ma casquette sur Caramail, j’ai été amenée à faire des choses différentes et vraiment passionnantes en parallèle, en tant que chroniqueuse ou animatrice, notamment avec Florian Gazan (3X plus Net), Thierry
Ardisson sur ‘ Rive Droite Rive Gauche ‘, et Michel Field [‘ Field devant le poste ‘ sur Paris Première, NDLR]. Mais on ne peut pas dire que j’ai cherché à faire carrière dans
ce domaine. Ce sont juste des collaborations que l’on m’a proposées et que j’ai acceptées avec plaisir.Vous avez quitté votre poste à la direction générale de Lycos en décembre 2004. Quels sont aujourd’hui vos projets ?


Je travaille à l’écriture de mon livre souvenir sur ces ‘ années Internet ‘. Et, pour ainsi dire, je repars à zéro, avec mes condisciples fondateurs de Caramail. Nous travaillons sur un projet de e-commerce, dans
les mêmes locaux où nous avons démarré en 1995. Mais je n’en dis pas plus pour l’instant. Disons qu’il s’agit d’un projet qui devrait faire plaisir aux gens. Et quand on crée une entreprise, c’est tout ce qui compte !

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Propos recueillis par Philippe Crouzillacq