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Napster 2 ne convainc ni les majors ni les indépendants

Le pionnier de l’échange musical prépare son grand retour. Il devient payant et respectueux des droits d’auteur.

Le retour en ligne de Napster interviendra “ avant la fin de ce trimestre” répète inlassablement le porte-parole de la société. Techniquement, tout est prêt pour relancer le fameux service d’échange musical en ligne, mis en sommeil depuis six mois par son nouveau propriétaire, Bertelsmann. “Nous avons tenu nos promesses en mettant au point un nouveau système parfaitement sécurisé“, assure Konrad Hilbers, PDG allemand, qui a remplacé le jeune fondateur Shawn Fanning. La nouvelle version du logiciel reste fondée sur la technologie peer to peer et le format de compression MP3. Elle est actuellement testée par 20 000 internautes. On est loin des 60 millions de fans que comptait Napster jusqu’à ce que la menace des lourdes poursuites engagées l’amène à déposer les armes.

Échanger sans pirater

La ressemblance entre les deux générations de logiciels Napster s’arrête d’ailleurs là. Après avoir créé son pseudonyme et son mot de passe, il faut, en effet, entrer un numéro de carte de crédit pour activer le logiciel autrefois 100 % gratuit. Ce dernier est alors censé inspecter le répertoire du disque dur où sont stockés les fichiers musicaux que l’utilisateur souhaite mettre à disposition de la communauté Napster. Pour parer à toute tentative de piratage ?” la technique la plus commune consistait à modifier légèrement le nom du morceau ou de l’interprète ?”, Napster intègre désormais une technologie de signature acoustique qui lui permet de vérifier si le fichier musical est “ autorisé” ou non.” Le logiciel est simplement conçu pour exclure des fonctions de partage sur internet tous les fichiers pour lesquels Napster n’a pas acquis la licence “ad hoc”“, explique un porte-parole, réfutant toute idée d’atteinte à la liberté des utilisateurs. Le module d’écoute du logiciel Napster est d’ailleurs prévu pour lire aussi bien les fichiers MP3 stockés sur le disque dur, “quelle que soit la façon dont ils ont été obtenus“, précise l’éditeur. Les nouveaux fichiers MP3 “ sécurisés” se distinguent des autres par un suffixe “ Nap“, qui a tout d’un mouchard. “ À chaque fois qu’un fichier est transmis d’un membre de la communauté Napster à un autre, le compte du destinataire est mis à jour de même que celui de l’artiste ou de la maison de disque“, précise le porte-parole de Napster. Pendant toute la durée du test, le nouveau Napster reste gratuit. Ensuite, l’abonnement mensuel coûtera entre 6 euros (39,36 francs) et 12 euros pour une cinquantaine de téléchargements. Pour ce prix, l’utilisateur devrait pouvoir accéder à un catalogue conséquent, incluant théoriquement les titres des majors. Mais la liste des maisons de disques ayant accepté de signer avec Napster se résume, pour l’instant, à 25 labels indépendants, qui fournissent un catalogue de 110 000 chansons. Difficile dans ces conditions d’attirer les orphelins de l’ancien Napster, qui utilisent désormais des clones comme Grokster, Kazaa ou Audiogalaxy.Depuis l’automne, le PDG de Napster, Konrad Hilbers, a pourtant engagé des négociations avec toutes les majors, sous l’?”il attentif de l’association américaine de l’industrie du disque (RIAA), qui n’a pas retiré sa plainte contre l’ancien ennemi public numéro 1.La récente décision de la juge fédérale Marilyn Patel de reporter au 17 février l’ouverture du procès est toutefois perçue par les observateurs comme un signe de détente après presque trois ans de conflit. “ Les garanties de sécurité données par Napster rendent les négociations possibles “, a commenté Hillary Rosen, présidente de la RIAA. Mais “possible” ne signifie pas que l’affaire est entendue. Napster n’est toujours pas parvenu à convaincre les grandes compagnies de lui accorder les droits de licences de leurs catalogues de musique. Même BMG, filiale de Bertelsmann, se fait tirer l’oreille…

L’exemple des radios

En attendant, Napster mise sur les labels indépendants et les artistes qui se sont émancipés des majors, comme The Artist (Prince). La nouvelle version du site intègre un système de gestion en ligne des droits d’auteurs reposant sur la technologie Counterpoint, qui leur permet de choisir une diffusion gratuite ou payante de leurs ?”uvres. Mais, pour le moment, les fervents de la première heure ne se reconnaissent plus dans le service commercial qu’est devenu Napster. “Ce devrait être comme à la radio : c’est à Napster qu’il appartient de rétribuer l’artiste pas à l’utilisateur. Vous connaissez des radios payantes ?“, tempête Mike Rostron, PDG d’un petit label indépendant en Alaska.

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Paul Philippon-Dollet à San Francisco