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Nanotechnologies : la nouvelle bulle ?

Nanotechnologie. Un mot qui intrigue ou fait rêver. Mais surtout, un domaine nouveau qui pourrait initier une révolution industrielle sans précédent, et suscite déjà aux Etats-Unis des investissements astronomiques, assortis d’une forte médiatisation. Nouvelle bulle financière ou futur moteur de l’économie mondiale ?

La nanotechnologie ?” de ” nano “, milliardième ?” regroupe différentes disciplines intervenant sur la matière à son niveau le plus élémentaire : les atomes et les molécules.Déjà, de nouveaux matériaux aux propriétés extraordinaires ont été mis au point, les ” nanotubes de carbone “, des fils mono-moléculaires cent fois plus résistants et six fois plus légers que l’acier. Et les chercheurs font état à rythme soutenu de nouvelles découvertes susceptibles de bouleverser des pans entiers de l’industrie.Rien qu’en mars dernier, des capteurs solaires à base de plastique, de taille nanoscopique, pouvant être peints sur toutes surfaces, étaient mis au point à l’université de Californie, tandis que les Bell Labs annonçaient la création du premier ” transistor moléculaire organique “, le lendemain d’une autre première mondiale : la création d’un ” moteur ” moléculaire de quelques millionièmes de millimètre, pouvant être mis en marche à volonté, à l’université de Cornell.Ce festival d’annonces laisse présager de l’ampleur des révolutions à venir, au premier rang desquels l’électronique moléculaire. L’une des promesses de la nanotechnologie est en effet d’apporter une solution à la limite physique de la miniaturisation, et donc de la loi de Moore. De nouveaux types de composants électroniques, moléculaires ou atomique, pourraient un jour équiper des ordinateurs qui seraient alors plusieurs milliers de fois plus puissants qu’aujourd’hui.Estimé à 1000 milliard de dollars en 2015 par la National Science Foundation, ce marché émergeant suscite un intérêt grandissant aux Etats-Unis. Ainsi, la National Nanotechnology Initiative, un fonds fédéral destiné à supporter la recherche en nanosciences, vient de se voir attribuer une enveloppe de quelque 679 millions de dollars (770 millions d’euros) pour 2003. Elle disposait en l’an 2000 de 270 millions de dollars. Autant dire que les Etats-Unis croient à la nanotechnologie.Plusieurs personnalités de premier plan sont devenues les véritables chantres d’une révolution annoncée. Parmi eux figure, curieusement, Newt Gringrich. L’ancien speaker du Parlement américain, est l’un des fervents porte-parole du ” nano-monde ” : “Les sciences et techniques à l’échelle nanométrique sont plus importantes que toute autre forme de progrès. Nous devons être compétitifs sur ce terrain “, martèle-t-il dans une interview accordée à Red Herring en mars.Mais le titre de Mister Nano revient sans doute à Josh Wolfe, fondateur de la société de capital-risque Lux Capital. Wolfe, également cofondateur de la NanoBusiness Alliance (un lobby destiné à promouvoir la nanotechnologie), multiplie les conférences ou les rapports destinés à expliquer les enjeux de la maîtrise des molécules. “Nous sommes sur un tsunami nanotechnologique devant lequel le boom des dot-com paraîtra nanoscopique ! “, peut-on lire sur son site Web.

Les investisseurs privés se tiennent déjà prêts à profiter de ce nouvel élan

En Europe, le tsunami n’est encore qu’un vent de force moyenne. En 2000, l’Europe consacrait 185 millions d’euros à la nanotechnologie, et la France seulement 19… Mais quelque 150 millions d’euros vont être investis dans le Minatec, un centre ultra moderne dédié aux micro et nanotechnologies, qui sera opérationnel en 2005, près de Grenoble.Les investisseurs privés se tiennent, quant à eux, déjà prêts à profiter de ce nouvel élan. Aux Etats-Unis, plus de cinquante ont pris pied dans la nano-révolution, dont les pionniers se comptent déjà par centaines. Au total, selon certains analystes, les fonds levées par ces nouvelles start-ups pourraient doubler cette année et dépasser le milliard de dollars.En Europe, le premier fonds privé dédié à la nanotechnologie vient d’être mis en place début avril. Créé par Capital Stage, un investisseur présent a Zurich et Hambourg, il sera doté de 100 millions d’euros. “Nous pensons que 2002 est précisément le bon moment pour investir dans la nanotechnologie “, estime Berndt Samsinger, l’initiateur du Capital Stage Nanotech Invest.Plusieurs VC français possèdent une entreprise de nanotechnologie dans leur portefeuille et envisagent d’investir à court ou moyen terme dans ce domaine. Ainsi, Soisic et Xenocs, deux jeunes entreprises françaises spécialisées dans la fabrication de nouveaux circuits intégrés ont récemment convaincu des investisseurs. Soisic a réalisé un premier tour de table de 4 millions d’euros, notamment auprès de Siparex. Ce dernier intervient également aux côtés de ABN Amro Ventures dans le capital de Xenocs, à hauteur de 3,5 millions d’euros.Mais, bulle financière Internet oblige, les sociétés d’investissement modèrent leur engouement. “La nanotechnologie n’est qu’une simple évolution de la micro technologie “, tempère Alain Rodermann chez Sofinnova Partners, semblant regretter ” l’effet hype ” associé au ” nano “.” La combinaison de l’ignorance et de l’appât du gain peuvent conduire au désastre “, prévenait dès novembre dernier R. Stanley Williams, directeur du centre de recherche quantique de Hewlett-Packard. Tout en expliquant néanmoins la nécessaire implication des capital-risqueurs.” Aucun autre investissement ne peut avoir d’aussi grosses retombées dans les cinquante prochaines années “, assure Newt Gringrich. Et si c’était vrai ?

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Cyril Fiévet