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Naissance difficile de la téléphonie 3G

Selon les ingénieurs, les réseaux de téléphonie actuels ne sont pas loin de mériter le titre de systèmes les plus complexes jamais développés. Dans ces conditions, il ne faut sans doute pas s’étonner de l’accouchement douloureux de la génération suivante.

Les téléphones mobiles de troisième génération (3G), qui permettent notamment un accès permanent à Internet, rencontrent de nombreux problèmes de fonctionnement. Les fabricants ont été contraints de rappeler des centaines de milliers de combinés défectueux.” Il a fallu attendre quatre ans pour que les appareils GSM [actuels] se stabilisent et cette nouvelle technologie [l’accès à Internet mobile] va de nouveau déstabiliser les téléphones mobiles “, a déclaré Hugh Brogan, PDG du fabricant de téléphones mobiles britannique Sendo.Au Japon, pionniers de l’accès mobile à Internet, Sony et Matsushita ont proposé de remplacer plus d’un demi-million de téléphones dont les logiciels fonctionnaient mal. Ces rappels interviennent après le repérage de bogues sur des centaines de milliers de téléphones portables de NTT DoCoMo, premier opérateur japonais de téléphonie mobile, dont les combinés sont fabriqués par Sony, Ericsson et Hitachi.Des problèmes logiciels ont également amené NTT DoCoMo à repousser à l’automne le lancement des premiers téléphones mobiles 3G ou UMTS (Universal Mobile Telecommunication System), qui doivent permettre un accès très rapide à Internet et à des services multimédias. Ces nouvelles sont peu encourageantes pour les opérateurs télécoms européens qui ont englouti 120 milliards d’euros au total dans des licences 3G et doivent consentir le même effort pour développer et exploiter les nouveaux services.Malgré les plaintes des opérateurs télécoms et de ses fournisseurs, British Telecommunications a également repoussé cette semaine le lancement des premiers téléphones européens 3G, qui devaient être testés sur l’île de Man, en raison de dysfonctionnements persistants. “Ce n’est pas de la magie, cela prend du temps de tester les téléphones et les réseaux “, a déclaré Lauri Kivinen, président adjoint du secteur communications chez Nokia, premier fabricant mondial de téléphones mobiles.Alors même que des acteurs majeurs du secteur comme Nokia repoussent le lancement de leurs téléphones 3G, la technologie GSM utilisée depuis 1992, et qui représente environ 60 % du marché mondial de la téléphonie mobile, n’a pas résolu tous ses problèmes.L’opérateur finlandais de téléphonie mobile Sonera a ainsi annoncé mercredi qu’il rappellerait 360 000 cartes SIM ?” celles-ci permettent d’identifier les téléphones portables et autorisent leur utilisation ?”, car les téléphones se bloquaient, en raison d’un logiciel défectueux. Sur les téléphones mobiles de 3G, beaucoup plus sophistiqués, les bogues sont encore plus nombreux.Au Japon, où leur lancement est prévu à la fin du mois, les ingénieurs travaillent nuit et jour pour résoudre les problèmes logiciels.

Une visibilté dans deux à cinq ans

” La seule chose qui semble fonctionner actuellement est la vidéo-conférence “, a déclaré à Reuters une source du secteur. Un des problèmes majeurs des réseaux de téléphonie mobile 3G est le passage d’une station relais à une autre lorsque l’utilisateur sort de la zone de couverture pour passer dans une autre. C’est à ce problème de relais que les opérateurs ont été confrontés, au Japon comme sur l’île de Man.Autre difficulté de la technologie 3G, les téléphones doivent non seulement faire la distinction entre le trafic vocal et les données Internet, mais aussi être capables de s’adapter à des réseaux de deuxième génération lorsque les appareils quittent des zones de couverture 3G. Celles-ci devraient en effet être limitées aux grandes villes.Même si des solutions ont été trouvées, les normes 3G doivent encore être adaptées sur les différents appareils de dizaines de fabricants. “Cela prendra des années “, a déclaré Pontus Gronlund, analyste de la Deutsche Bank.Les réseaux ne sont pas seuls à gagner en sophistication : le téléphone du futur sera un appareil tout-en-un, à la fois téléphone, portefeuille, calendrier, base de données, baladeur, télévision et caméra. Ce sont ces nouvelles applications intégrées aux téléphones portables, comme le lecteur de musique MP3 des appareils Sony, qui sont responsables des principaux dysfonctionnements sur les téléphones 3G japonais. Le langage de programmation Java, qui permet d’installer de nouvelles applications, tels les navigateurs Internet et les jeux sur les téléphones portables, provoque lui aussi des bogues.Ben Armstrong, spécialiste des communications sans fil chez PricewaterhouseCoopers, estime que le système GSM étant encore loin de fonctionner parfaitement, il serait utopique de croire que la mise en place des nouveaux systèmes se fera facilement.

” Si l’on veut être réaliste, cela prendra probablement de deux à cinq ans avant que les utilisateurs disposent dune plate-forme stable “, affirme-t-il.

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La rédaction (avec Reuters)