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Motopompe

Ce qui est en train de se passer outre-Atlantique relance un passionnant débat. Qui a les clés du pouvoir ? Ceux qui ont les tuyaux, ceux…

Ce qui est en train de se passer outre-Atlantique relance un passionnant débat. Qui a les clés du pouvoir ? Ceux qui ont les tuyaux, ceux qui ont les contenus, ceux qui ont les deux, ou encore ceux qui n’auraient rien des deux mais s’improviseraient opérateurs virtuels d’accès et de contenus ? On s’aperçoit aujourd’hui que le balancier régulant cette vieille problématique est en son point milieu. Tout le monde a besoin de tout le monde. D’où, on le voit, des alliances d’intérêts bien compris, entre Yahoo et SBC aux États-Unis, jusqu’à des accords contenus-contenus comme Cario (le portail du Crédit agricole) et TF1, ou encore des partenariats “dopeurs” de trafics comme Tiscali et Kazaa. Chacun choisit son partenaire. Le droit à l’erreur est très limité. Il ne manque plus que les clients haut débit. On en attend cinq fois plus qu’aujourd’hui d’ici à 3 ans aux États-Unis et, avec un décalage horaire, sans doute à peu près autant en Europe et en France. Et là, on touche le syndrome de l’hôtelier balnéaire. Celui qui présente la note à son client sur le départ et qui, les yeux écarquillés par la surprise, lui demande pourquoi il ne reste pas une semaine de plus. Dans le domaine du haut débit et singulièrement en France, les FAI sont touchés. C’est du reste avec beaucoup de franchise que le patron d’AOL France l’avait souligné dans les colonnes du Nouvel Hebdo. L’élasticité du portefeuille moyen a ses limites. Une fois réglé l’abonnement au téléphone, au mobile et par exemple à un bouquet satellitaire, il faut avoir le souffle long ou un banquier très porté sur la subtile poésie des découverts pour souscrire à une nouvelle ponction. Il est vrai que, depuis quelque temps, les FAI se sont rendus compte que brancher une motopompe sur le client jusqu’à risquer une lyophilisation baroque mais fatale ne relevait peut-être pas de la meilleure stratégie sur le long terme. C’est pourquoi ils ont inventé le haut débit du pauvre, moins cher et moins performant. Même les distributeurs d’eau n’auraient jamais osé faire ça, avec une flotte au robinet qui irait de potable à très bonne. Alors, c’est simple, tranchons. La réponse à la question “qui détient le trousseau de clés du pouvoir en matière de consommation internet ?” : mais c’est le client, bien sûr, pas le patron de la cambuse !

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Philippe Bonnet