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Mobiles : la révolution des opérateurs virtuels n’a pas eu lieu

En un an, la France a vu naître plusieurs opérateurs de téléphonie mobile sans réseau. Mais les effets significatifs sur les prix se font encore attendre.

Le rappel des faits. Sur
pression du ministre délégué à l’Industrie de l’époque, Patrick Devedjian, qui juge les tarifs trop élevés et les services peu différenciés, les opérateurs de mobiles ouvrent
leurs portes. En juillet 2004, Debitel inaugure son offre de téléphonie mobile. C’est le premier opérateur sans réseau (MVNO pour Mobile Virtual Network Operator) dans l’Hexagone, hébergé chez SFR. Bientôt d’autres MVNO le
rejoindront, Tele2 étant le dernier en date. Mais un an après, la révolution est toujours attendue et le nombre d’abonnés aux MVNO grand public inférieur à 100 000.


__________________Le marché français de la téléphonie mobile est incontestablement plus ouvert aujourd’hui qu’il y a un an. Aux côtés des trois opérateurs de téléphonie mobile habituels, Orange, SFR et Bouygues Telecom, sont apparus des MVNO,
c’est-à-dire des opérateurs ne possédant pas de réseau. Le leader, Orange, et le numéro deux, SFR, ont en effet accepté de les héberger sur leurs infrastructures (Bouygues Telecom se contente pour le moment d’un accord avec un opérateur de niche,
Transatel).Sur le segment grand public, on recense aujourd’hui trois acteurs, Debitel, Tele2 et Breizh Mobile (groupe Phone House). En attendant NRJ, qui ambitionne de se lancer en septembre. Ces opérateurs affichent des forfaits jusqu’à
30 % plus bas de ceux de leurs concurrents et sans durée d’engagement. Ils se démarquent notamment par des offres pour ‘ faibles consommateurs ‘ de 30 et 45 minutes aux alentours de 10 et 14 euros. Un
marché peu rentable que SFR, Orange et Bouygues ont abandonné. ‘ Nous avons prouvé à Orange, notre partenaire, que l’on ne cannibalisait pas son marché, affirme Philippe Jacquin, directeur général
d’Omer Telecom, la maison mère de Breizh Telecom. 38 % de nos clients s’abonnent pour la première fois à un service mobile. Et notre positionnement low cost fait que nous attirons des clients peu
consommateurs et donc pas assez rentables pour Orange.’
Une sorte de Yalta des opérateurs mobiles semble donc avoir été conclu. Aux trois principaux opérateurs les abonnés les plus rentables, à leurs concurrents sans réseau les marchés de niche. NRJ prévoit par exemple de lancer son MVNO sur
le créneau très précis des 11/19 ans. Seul Tele2 semble vouloir faire exception à la règle : il cherchera à proposer ses offres mobiles aux 3,5 millions d’abonnés à ses services fixes.

Les prix de gros sont toujours trop élevés

La concurrence souhaitée par Bercy, via les MVNO, n’est guère palpable. Certes, les tarifs de ces opérateurs virtuels sont un peu plus bas. Mais pas suffisamment pour inciter les opérateurs mobiles majeurs à baisser les leurs. Selon
Julien Dourgnon, chargé de mission à l’UFC-Que Choisir, ‘ il n’y a pas de réelle concurrence, les opérateurs mobiles font des décotes de 30 % des prix de gros aux MVNO, mais ce n’est pas assez car ces
prix de gros sont beaucoup trop élevés. Et dans les conditions actuelles, aucun MVNO ne pourra apporter une baisse suffisante des tarifs pour pousser les opérateurs majeurs à baisser les leurs. Il faudrait plutôt calculer un prix à partir du prix de
revient réel des coûts de communication sur lesquels SFR, Orange et Bouygues prendraient une marge. Mais les opérateurs camouflent ces prix de revient. ‘
A ce jour, les opérateurs virtuels n’ont même pas conquis 100 000 abonnés, là où les trois opérateurs classiques se partagent à ce jour près de 45 millions de clients. Les MVNO ne disposent pas de suffisamment de moyens
pour rivaliser avec Orange, SFR et Bouygues. Ceux-ci n’ont fait, en réalité, qu’entrouvrir leurs réseaux, en veillant bien à ce que les nouveaux venus n’empiètent pas trop sur leur pré carré. Un opérateur comme
Tele2 avoue sans ambages ne pas avoir obtenu le contrat qu’il désirait et avoir signé avec Orange faute d’obtenir mieux. Côté marketing, si un Tele2 ou un NRJ dépenseront pour faire
parler d’eux, un Breizh Mobile, par exemple, n’a disposé que de 10 millions d’euros pour assurer son lancement.Un an après, l’équation qui permettrait une baisse généralisée des prix des services mobiles en France n’a donc toujours pas été trouvée. Le constat est le même pour l’Arcep (ex-ART), qui constate que les conditions
contractuelles liant les MVNO aux opérateurs ‘ paraissent insuffisantes pour permettre aux MVNO d’animer de manière significative le marché de détail ‘ ni même ‘ de se
différencier significativement de leurs opérateurs hôtes ‘.
Reste maintenant à l’Arcep, dotée de nouveaux pouvoirs depuis les directives européennes du ‘ paquet télécoms ‘, de montrer dans les
mois à venir qu’elle peut dynamiser le marché de la téléphonie mobile, comme elle y est parvenue dans l’ADSL.*Nous avons extrait de nos archives quelques annonces tonitruantes, promesses solennelles et autres sujets ayant fait la Une de l’actualité ces derniers mois. Les engagements ont-ils été tenus, les résultats prédits
obtenus ? Rendez-vous tous les vendredis durant l’été pour un retour sur l’actualité.

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Frantz Grenier