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Mars regorgerait toujours d’eau, prisonnière des roches

Une nouvelle étude, basée notamment sur le rapport entre la concentration entre l’hydrogène et son isotope le deutérium, montre que l’essentiel de l’eau présente à la surface de Mars après sa genèse serait toujours présent dans la croûte.

Les scientifiques ont prouvé par le passé qu’il y avait déjà eu de l’eau sur Mars. Aujourd’hui, ils viennent de démontrer que l’eau de la planète rouge ne s’est pas uniquement évaporée dans l’espace. Mieux : la majeure partie des molécules d’H2O serait toujours présente dans la croûte martienne.

« L’évasion atmosphérique ne peut pas expliquer à elle seule les données que nous avons récoltées sur la quantité d’eau originelle de Mars », explique Eva Scheller, responsable principale de l’article scientifique et doctorante de Caltech.

Le nouveau modèle de la perte de l’eau liquide à la surface de Mars s’appuie donc sur les deux phénomènes d’évasion atmosphérique ET de capture de l’eau par la croûte de la planète.
Ce qui a mis la puce à l’oreille des chercheurs est la nature de l’hydrogène détecté sur Mars. Une molécule d’eau est composée de trois atomes, deux d’hydrogène et un d’oxygène – H2O, donc.

Or, tous les atomes ne sont pas similaires, il existe dans le cas de l’hydrogène deux « versions principales » : l’hydrogène « normal », appelé Hydrogène 1 ou protium dans sa forme non ionisée, constitué d’un proton seul. C’est le plus commun sur terre puisqu’il représente 99,98% du total. Parmi les autres isotopes, le plus courant est l’hydrogène 2 ou deutérium, qui diffère de « l’original » par l’ajout d’un neutron. Son noyau est donc (grosso modo) deux fois plus lourd et cette masse supplémentaire fait que les atomes de deutérium ainsi que les molécules l’incluant sont moins à même de quitter la planète.

En étudiant la différence actuelle entre le ratio H/D entre l’hydrogène 1 (H) et son isotope le deutérium (D) présents à la surface de Mars, les scientifiques ont mis en évidence une incohérence qui mène au scénario d’une capture de l’essentiel de l’eau par les roches mêmes de la planète.

Selon le nouveau modèle, ce serait entre 30% et 99% de l’eau martienne qui aurait été capturée par les roches entre la genèse de Mars au Noachien (entre 3,7 et 4,1 milliards d’années) et le début de l’Amazonien, il y a 3 milliards d’années. C’est à ce moment-là que la planète est « morte », avec l’essentiel de son eau prisonnière des roches et de la calotte glaciaire.

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Si la marge prise par les scientifiques est si grande, c’est que l’on manque de données. Et c’est un des travaux de Perseverance que de récolter non seulement des données, mais aussi des échantillons de roches pour affiner le modèle. Quant au scénario d’une terraformation de Mars, il se heurte à la nature de l’eau, prisonnière de la roche et à sa quantité.

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« Dans l’ensemble, il n’y a pas beaucoup d’eau dans la croûte martienne, il faudrait donc chauffer beaucoup de roches pour obtenir une quantité d’eau appréciable », a confié Eva Scheller lors de la conférence de présentation de l’article.  Vos rêves d’une Mars la bleue à la Kim Stanley Robinson vont, pour l’heure, rester à l’état de rêves.

Sources : Science, JPL (Nasa)

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