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Marc Lenot (Spencer Stuart France):” Un DSI doit savoir évaluer les concurrents mondiaux de son entreprise “

Pour assumer la direction informatique d’une société multinationale, il faut de fortes compétences métier et une pointure internationale. La technique reste secondaire.

Vous êtes spécialisé dans le recrutement de cadres informatiques de haut niveau. Quel type de profil recherchez-vous ? Nous travaillons plutôt pour les grands groupes qui cherchent à pourvoir des postes de responsable informatique de carrure mondiale. Pour certains clients, nous trouvons des directeurs informatiques de filiales, mais c’est beaucoup plus rare. Il nous arrive aussi de rechercher des compétences pour une start up internet adossée à un fond d’investissement important. L’objectif est de trouver des profils de patrons ou de futurs patrons à forte dimension organisationnelle. En tout état de cause, nous n’effectuons qu’entre deux et quatre missions de ce type par an en France. Dans le monde, nous participons au recrutement d’environ une cinquantaine de CIO (Chief Information Officer ?” NDLR) chaque année. Quelles sont vos principales sources d’information ? Mon travail demande de bien connaître cette population de directeurs informatiques. Je collabore beaucoup avec le Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises ?” NDLR). Sur la centaine de membres qu’il comporte, j’en ai rencontré une soixantaine. Notre base de données partagée nous permet de suivre les carrières. Puis, il y a la presse spécialisée, dans laquelle nous découvrons des profils ou des projets intéressants.Comment déterminez-vous l’adéquation d’un profil à un poste ? Avant tout, nous délimitons les contours du profil recherché avec notre client. Nous possédons une base de données mondiale, qui nous permet une première sélection. A ce stade, nous nous attachons à des critères géographiques, métier, culturels et aux besoins génériques. Ensuite, nous tirons l’écheveau en nous posant des questions du genre : veut-on un patron de l’informatique plutôt axé sur le support, la stratégie, ou alors quelqu’un de plus opérationnel. Nous savons que certains patrons, selon les industries, vont avoir des types de réflexes différents. Par exemple, quelqu’un venant des télécommunications a forcément dû gérer une informatique critique. Il peut donc tout à fait convenir à des secteurs où les exigences sont similaires. Quelles sont les demandes particulières de vos clients ? Elles sont à chaque fois différentes. Une grande entreprise française de l’industrie électronique souhaitait, par exemple, recruter un patron informatique ayant une dimension américaine, et surtout pas un Français. Nous lui avons trouvé un Québécois. Une autre, société multinationale issue de l’univers industriel, était dotée d’une informatique technique et très centralisée. Elle désirait trouver un directeur informatique de profil plutôt traditionnel et très emblématique.Que cherchez-vous à savoir lorsque vous rencontrez des candidats potentiels ? Nous essayons de jauger la cohérence de leur carrière, leur approche du métier de l’entreprise dans laquelle ils travaillent et leur façon de gérer des équipes. Ils doivent s’intéresser à la gestion des connaissances aussi bien qu’à l’organisation. S’ils se destinent à la banque, ils doivent savoir comment fonctionne une banque. Derrière tout cela, nous essayons aussi de déterminer s’ils sont heureux dans leur fonction. La technique, elle, n’arrive qu’au second plan.Cela signifie-t-il que leur capacité à choisir une technologie ne compte pas ? Si, mais nous l’évaluons à travers les projets qu’ils ont menés. Par exemple, j’ai vu certains se planter sur le choix d’un progiciel de gestion intégré. Leur demandez-vous alors pourquoi ils se sont trompés ? Ce n’est pas tant le pourquoi que le comment qui m’importe. Comment a-t-il pris la décision, par exemple, de choisir un progiciel de gestion intégré ? Il s’agit d’une démarche réfléchie et complexe, d’un mixage entre les technologies et les opérations.Vous avez beaucoup insisté sur la dimension internationale. En quoi est-elle si importante ? Tout d’abord, parce qu’il faut pouvoir se mesurer aux grands concurrents mondiaux de son entreprise. Un directeur informatique qui n’a pas cette capacité part avec un handicap. Cette dimension est importante dans toutes les industries, y compris dans des secteurs limités au territoire national. Ainsi, même dans une entreprise comme la RATP (Régie autonome des transports parisiens ?” NDLR), il faut se préoccuper de ce qui se fait ailleurs dans le domaine des systèmes de régulation de trafic ou de gestion des passagers.Est-ce le cas en France ? Oui, mais les Français ont souvent des lacunes en anglais…

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Propos recueillis par Philippe Billard