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MacBook Pro : plus de mémoire vive aurait-il vraiment nui à son autonomie ?

Bien qu’on ne puisse pas encore parler de “memory gate” pour le dernier MacBook Pro d’Apple, les débats sur l’impossibilité de proposer une machine avec 32 Go de mémoire vive ne baissent pas en intensité.

Depuis leur sortie, les nouveaux MacBook Pro d’Apple font l’objet de nombreux débats : le manque de diversité au niveau de la connectique, l’utilité de la Touch Bar et… l’impossibilité pour les power users d’obtenir la moindre version dotée de 32 Go de mémoire vive. Rappelons que Phil Shiller, grand manitou du marketing chez Apple, a déjà fourni quelques explications à ce propos : “doubler la quantité de mémoire présente dans la machine ferait grimper la consommation et nous aurait obligé à dessiner une carte mère plus grande, ce qui aurait réduit la taille de la batterie et de fait, l’autonomie de celle-ci“.

Pour faire écho à cette déclaration, le développeur de logiciels Ben Slaney a publié un article sur son site MacDaddy, pour essayer de comprendre la logique d’Apple quant à la limitation de la quantité de mémoire. 

Slaney s’est donc astreint à démontrer que, premièrement, la mémoire utilisée sur le nouveau MacBook Pro est de type LPDDR3E et non LPDDR3 classique. Le “E” signifie “Enhanced” (conçue initialement par Samsung Electronics) et fait référence aux fréquences des modules, plus élevées que sur des modèles standards : 1866 MHz (MBP 13 sans Touch Bar) et 2133 MHz (MBP 13 et 15 avec Touch Bar) contre 1600 MHz normalement.

Toujours selon Slaney, le fait d’avoir opté pour ce format de mémoire serait un facteur limitant pour la quantité. Pour avoir en caser davantage sur ses machines, Apple aurait du passer au format DDR4, plus précisément au LPDDR4, non-supporté par les processeurs Intel Core de 6éme génération choisis par Apple… ou au format DDR4L, mais ce dernier n’est toujours pas disponible. Au passage, rappelons que même les premières puces dernière génération Intel récemment sorties, les Kaby Lake, ne prennent pas en charge le LPDDR4.

Seule alternative : opter pour des barrettes classiques pour PC portable, ce qui n’était pas envisageable, car cela passait par l’installation de slots mémoires,  des éléments susceptibles d’accroître l’épaisseur de la machine. En outre, selon Schiller, opter pour de la DDR4 aurait fait grimper la consommation de la plateforme et donc entamé la durée de vie de la batterie.

Une démonstration un peu orientée ?

Dans les faits, entre de la DDR3 et de la DDR4 pour PC de bureau, la différence de consommation jouerait plutôt en faveur de la dernière mais pas de façon significative : 2% au mieux.

Selon des mesures et extrapolations faites par Ben Slaney, une “barrette” de LPDDR3E (une puce basse consommation) consommerait 1,5 watts contre 3 à 5 watts pour de la DDR4 (utilisée dans des ordinateurs de bureau). En clair, une barrette basse consommation consomme moins qu’une barrette qui ne l’est pas… Quelle surprise ! Précisons que la plateforme DDR4 citée en exemple par Slaney est celle utilisée par Hardware.info pour comparer de la DDR3 et de la DDR4 et tourne sous Windows 10 et non MacOS. Deux systèmes qui, on le sait, ne gèrent pas les routines et les tâches de la même façon et donc n’exploitent pas la mémoire vive de façon identique.

En outre, l’écart d’énergie en faveur des LPDDR3E, reporté aux besoins en énergie globaux de la plateforme, permettrait d’économiser entre 20 et 30% et donc accroître l’endurance du MacBook Pro, surtout quand ce dernier est en veille. Dans ce type de scénario, toujours selon Slaney, avec de la DDR4 traditionnelle, l’appareil ne pourrait rester que “7 jours en veille, contre 30 annoncés aujourd’hui“.

Or, c’est bien connu, il est commun qu’une machine à usage professionnel reste dormir sur une table plusieurs jours durant, sans servir. Surtout quand elle se glisse facilement dans un sac ou une sacoche pour ne serait-ce que consulter ses mails ou surfer sur Internet. En outre, en utilisation sédentaire, la plupart des pros ont tendance à laisser leur Mac branché au secteur lorsqu’ils ne s’en servent pas (ce qui n’est pas bon non plus pour la batterie, cela dit en passant).

Slaney poursuit sa démonstration en évoquant que l’usage de la DDR4 pourrait même aller jusqu’à endommager les batteries : si la machine se vide de son énergie à cause de la “méchante DDR4” et qu’on ne pense pas à la recharger, les cellules de la batterie pourraient rapidement se détériorer. Il aurait donc fallu placer une plus grosse batterie.

Et là, c’est la FAA qui pourrait poser problème selon Slaney. En effet, l’Agence Fédérale en charge de l’Aviation a interdit le transport de PC portable avec des batteries offrant une puissance de 100 watts/heure. Le développeur rappelle que les MacBook Pro de 2015 étaient équipés d’un modèle de 99,5 W/h pour être conforme à la réglementation.

Le développeur explique enfin qu’avec son MacBook Pro nouvelle génération et ses 16 Go de mémoire, le rendu d’une vidéo passée au travers d’un grand nombre de filtres successifs lui a pris plusieurs jours et a occasionné l’écriture en swap de plus de 20 To de données et aurait été plus rapide… avec 32 Go. Et il termine : “Apple n’a jamais fait de gros compromis quand il s’agit de concevoir des produits, et passer à la DDR4 pour simplement offrir 32 Go de mémoire serait absurde considérant les désagréments que cela occasionnerait. Peut-être que la marque aurait dû remplacer la puce Intel par leur modèle de processeur ARM présent dans l’iPhone 7 qui lui supporte la LPDDR4.” C’est dit.

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La rédaction