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M-o-o-t, l’informatique pour paranoïaque

Un collectif libertaire britannique met au point un système d’exploitation permettant d’échapper à toute surveillance.

Depuis l’an 2000, la surveillance des communications voix et données par les autorités britanniques dépend d’une loi répondant au doux nom de RIP (Regulatory Investigatory Powers) Act. Que les milieux libertaires outre-Manche jugent, à tort ou à raison, liberticide. Prenant son clavier à deux mains, un groupe d’informaticiens locaux a décidé de répliquer en développant M-o-o-t, un système d’exploitation sécurisé au point de mettre les utilisateurs à l’abri du RIP Act.Une préversion de M-o-o-t sera disponible ” dans deux à quatre semaines “, selon Peter Fairbrother, mathématicien britannique et un des initiateurs du projet. ” Nous avons l’argent, l’organisation et la majeure partie du code. ” La date de sortie du produit final n’est pas encore fixée. Le groupe compte en effet livrer M-o-o-t le jour même de la promulgation des décrets d’application de la 3e partie du RIP Act : celle qui permet à la police de demander à tout utilisateur de cryptographie les clés qu’il utilise. ” Le Home Office [équivalent britannique du ministère de l’Intérieur] devrait rendre ces documents publics en juin-juillet, pour une promulgation à l’automne “, explique Peter Fairbrother pour qui ” forcer les gens à donner leurs clés en les menaçant d’emprisonnement tient de la torture mentale “.

Un système autonome avec des clés aléatoires

Extrême, l’argumentaire aboutit à un produit peu commun. Le système d’exploitation et les applications de M-o-o-t tiennent sur un CD-ROM. Et ne peuvent être utilisés qu’avec lui : si le CD-ROM est éjecté, le système d’exploitation se bloque. M-o-o-t utilise aussi un système de fichiers ” sténographique “. Chaque fichier y est de même taille, certains contenant des données aléatoires, d’autres des données cryptées. ” Il devient ainsi impossible, en regardant les fichiers, de savoir lequel contient des données cryptées. De plus, au lieu de crypter des données, ces fichiers peuvent contenir des dossiers et des répertoires cryptés pointant vers d’autres fichiers.” Un utilisateur peut alors ne révéler que les clés permettant d’accéder à certaines parties du système. Les fichiers cryptés étant indécelables, il est impossible de prouver qu’il n’a pas livré toutes ses clés.De plus, dès sa mise en route, M-o-o-t se déconnecte des systèmes de stockage du PC (disque dur,…). Toutes les données sont envoyées par connexion sécurisée vers des serveurs hors d’atteinte de la justice britannique. Des serveurs que les utilisateurs devront toutefois dénicher par eux-mêmes.Pour le reste, M-o-o-t se veut simple d’utilisation. ” Un très bon programmeur pourrait en programmer un équivalent basique en quelques jours. Nous développons avant tout une version prêt-à-l’emploi “. Avec pour objectif de rendre inutilisable la 3e partie du RIP Act dès sa promulgation. De quoi limiter les capacités dinvestigation de la police britannique, pas forcément une idée populaire outre-Manche. Le mot Moot peut se traduire en français par ” controversé “.

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Ludovic Nachury, à New York