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Lulu.com imprime vos propres livres à la demande

Bob Young, le fondateur de Red Hat, débarque en France avec son nouveau projet. Avec Lulu.com, tout un chacun peut éditer et vendre sa production artistique, littéraire ou musicale. Entretien.

Connaissez-vous Lulu ? Non, il ne s’agit pas de l’affectueux pseudonyme de votre petite cousine, mais de la dernière épopée de Bob Young, le créateur de la distribution Linux, Red Hat. L’ex-aventurier de l’open
source
débarque aujourd’hui en France avec
Lulu.com, un site Internet d’autoédition créé aux Etats-Unis en mars 2002. Auteurs incompris cherchant à faire connaître leur prose au public, musiciens à la recherche de leur public peuvent
produire eux-mêmes leurs ?”uvres (des livres ou des CD) et les distribuer sur Lulu.com. Et ce gratuitement, sans passer par une maison d’édition ou une major du disque. Bob Young détaille son projet.01net. : Comment passe-t-on du logiciel libre à l’édition en ligne ?


Bob Young : Les deux ne sont pas tellement opposés. Je recherche des marchés où je peux apporter de la plus-value aux clients. Quand j’ai créé Red Hat, ce n’était pas pour des questions morales. Donner le contrôle des
logiciels aux utilisateurs finaux correspondait à un besoin. J’ai quitté la société à son entrée en Bourse. Manager ne m’intéresse pas. Ce que j’aime c’est la création d’entreprise.


Il y a quatre ans, j’ai vu dans le marché de l’édition une réelle opportunité. Comme dans le logiciel, il y a de gros acteurs. Les maisons d’édition ont leur utilité, mais elles ne publient pas les livres dont on sait qu’ils seront
vendus à peu d’exemplaires. En dessous de 1 000 copies, un livre traditionnel n’est pas rentable. A Lulu, nous gagnons de l’argent sur de petites ventes. Internet libéralise le métier de l’édition du livre, comme les logiciels libres l’ont
fait pour l’édition informatique. C’est l’open source du marché du livre.Ne prenez-vous pas un risque financier important dans la mesure où un illustre inconnu peut ne pas vendre un seul de ses recueils de poésie ?


Au début, effectivement il y avait un risque. Celui de perdre l’argent que nous avions investi dans les imprimantes. Aujourd’hui, nous gagnons de l’argent, même en vendant peu d’exemplaires. Nous n’avons aucun stock. Les livres sont
imprimés à la commande. Pour ce qui est de la conception de l’ouvrage, c’est l’auteur qui s’occupe de tout par l’intermédiaire de notre site Web. Il choisit son format, fabrique la couverture et donne un prix à son livre.Hormis la visibilité sur le Web, quels sont les avantages pour un auteur ?


Nos auteurs gagnent plus d’argent avec Lulu qu’avec les maisons d’édition traditionnelles, qui ont d’autres coûts de production. Une institutrice, par exemple, a modifié ses cours pour enseigner à ses enfants à la maison. Elle s’est dit
que ses écrits pouvaient intéresser d’autres personnes. Elle a ainsi publié une série d’ouvrages sur l’école à la maison. Cette activité rapporte un complément de revenus non négligeable de 8 000 dollars par an.


En comparaison, je n’ai touché que 2 500 dollars de droits d’auteur pour mon livre sur l’open source. Il s’est pourtant vendu à 20 000 exemplaires. A 25 dollars l’unité, il a généré
500 000 dollars de chiffre d’affaires. Ceci dit, nos auteurs ne sont pas liés par contrat. Ils peuvent utiliser nos services et être publiés dans une maison d’édition traditionnelle.Lulu est donc rentable ?


Nous sommes à l’équilibre depuis décembre 2005. Nous n’avons pas une grosse trésorerie, car nous investissons dans l’impression. Nous prévoyons de réaliser cette année un chiffre d’affaires compris entre 15 et 20 millions de
dollars, grâce aux 55 000 titres de notre catalogue. Rien qu’en mai, nous avons vendu plus de 65 000 livres.Lulu peut être également comparé à une place de marché. Prévoyez-vous des partenariats avec Amazon ou eBay ?


Nous avons été en contact. Mais en comparaison, nous ne sommes qu’une petite société. Nous ne les intéressons pas encore. Peut-être dans quelques années…Comment pouvez-vous assurer à vos lecteurs la protection de leurs contenus ?


Nous ne le pouvons pas. Comme un libraire ne peut empêcher un client d’acheter et de scanner un livre pour en utiliser des passages. Toutefois, sachez que nous veillons à ce que nos auteurs soient bien les propriétaires de leurs contenus.
Nous utilisons l’informatique pour cela et faisons appel à notre communauté pour nous signaler tout plagiat.

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Propos recueillis par Hélène Puel