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L’UCB en quête du zéro défaut logiciel

Quel rapport existe-t-il entre une société de crédit immobilier et la Nasa ? A priori, aucun. Sauf que, aujourd’hui, pour un établissement financier dont l’activité repose…

Quel rapport existe-t-il entre une société de crédit immobilier et la Nasa ? A priori, aucun. Sauf que, aujourd’hui, pour un établissement financier dont l’activité repose entièrement sur l’informatique, il est presque aussi vital d’être au top de la qualité logicielle que l’agence responsable des navettes spatiales. Qu’un problème surgisse dans un programme embarqué, et c’est la vie des astronautes qui est en péril. En cas de mauvaise conception d’une application commerciale, c’est l’entreprise qui est en péril. Le parallèle est symbolique. A l’Union de Crédit pour le Bâtiment (groupe BNP Paribas), c’est cette volonté d’approcher le zéro défaut en matière de développement et de maintenance qui a conduit son responsable informatique, Roland Sire, à s’inspirer des méthodes et de la rigueur de l’informatique temps réel. ‘ Il nous manquait une référence ?” si possible, externe ?” pour nous mesurer et progresser ‘, explique-t-il. Après avoir étudié différentes options ?” ISO 9001 et Compass, entres autres ?”, le choix se porte sur le Capability Maturity Model (CMM), modèle de pratiques clés fondées sur des concepts de qualité totale et d’amélioration continue. Moins spectaculaire par son budget (1,2 million de francs au total) que par ses impacts en termes d’organisation, le projet APL ?” pour Amélioration du processus logiciel ?” a démarré en 1998. Soit quatre ans environ après la fin du schéma directeur (SDI), qui avait abouti à la refonte de quasiment 100 % des applications.

Donner un second souffle au développement

A la fin des années 80, dans un contexte concurrentiel difficile, l’UCB décide de rénover son informatique. Ses lourdeurs constituaient un frein à la mise rapide sur le marché de nouveaux produits. Le schéma directeur informatique (un budget de plusieurs centaines de millions de francs) n’apporte pas seulement un changement technologique ?” DB2 couplé à un AGL de réalisation en lieu et place de VSAM (fichiers séquentiels in- dexés) et abritant un mélange de Cobol et de langages propriétaires. Il se traduit par une révolution en matière de conduite de projet. Un département ‘ méthode et administration des données ‘ est créé, gardien de la démarche de conception et de l’évolution du modèle de données. Il existe toujours. Avec lui, il est impératif de fournir des documents écrits, baptisés ‘ produits finis ‘ pour chaque étape, depuis l’expression des besoins jusqu’à la bascule en production, et de jalonner les projets de points de contrôle d’assurance qualité obligatoires. Le support est autant méthodologique que technique. Après des débuts difficiles, le schéma directeur se termine en 1994, suivi par des plans de charge principalement dédiés à la maintenance. Mais, avec le temps, la lame de fond rigoriste des premières années laisse place à quel- ques relâchements dans la pratique quotidienne. Les documentations deviennent moins complètes, le respect de la méthode glisse vers l’aléatoire : ‘ En phase d’évolution après une refonte majeure, il devient plus difficile de maintenir la vigilance ‘, confirme Roland Sire. L’une des motivations essentielles du projet APL : donner un se- cond souffle au processus de développement. Elle n’est pas la seule. L’UCB ressort en effet une vieille idée : ‘ vendre ‘ son savoir-faire. Il s’agit de se transformer en éditeur de logiciels. Ce que l’UCB appelle le ‘ servicing ‘. Un premier contrat est signé avec la Société Générale, qui, à l’avenir, utilisera les traitements dits de gestion de l’UCB pour son encours.

Prochaine évaluation en 2001

Après un an de réflexion sur la méthode CMM, en 1999, un audit léger du cabinet BFD permet de déceler les faiblesses et de préparer l’évaluation auprès des organismes patentés. En septembre, le périmètre de l’évaluation est arrêté : tout sauf le développement client-serveur, pour les niveaux 2 et 3 du modèle (sur une échelle de 5 ?” voir schéma ci-contre), excepté la gestion de la sous-traitance(*). L’évaluation, menée selon la méthode CBA IPI (CMM Based Appraisal Internet Process Improvement), se déroule en janvier 2000. Pendant deux semaines, huit personnes ?” Antoine Nardèze, consultant habilité par le Software Engineering Institute (SEI, organisme de validation) et responsable de l’évaluation, trois intervenants internes, trois externes, un observateur pour contrôler ?” vont interviewer environ quarante membres de la direction informatique et quatre chefs de projet. Entretiens le matin ?” les questions s’enrichissent au fur et à mesure que les personnes défilent ?”, consolidation, validation, accès à la do- cumentation l’après-midi. En couple (interne, externe), les évaluateurs identifient tout ce qui se rapporte aux pratiques de base qu’ils ont la charge d’évaluer. Et ils déterminent, par consensus, une forme de classement : ‘ Toujours réalisé ‘, ‘ Généralement ‘, ‘ Peu souvent ‘, etc. Pour, finalement, aboutir sur un rapport et un niveau ?” 2 ?” avec 28 objectifs sur 33 satisfaits. Comme 316 des 870 entreprises évaluées à ce jour (source SEI, Antoine Nardèze). Mais, surtout, comme la première entreprise financière à avoir mené l’opération en France. La prochaine évaluation aura lieu au courant du deuxième semestre 2001.(*) Dans le modèle CMM, le secteur clé ‘ gestion de la sous-traitance ‘ correspond au recours à des prestations de type forfait. Ce qui n’est pas le cas à l’UCB.

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Philippe Billard et Alain Ruello