Passer au contenu

L’Italie prend le virage internet

L’État veut regrouper les 2000 sites existants en un seul. Des fonds privés participent au projet.

L’administration italienne a longtemps été considérée comme un cancre parfait. Trop de lenteurs dues à la paperasserie et à une bureaucratie asphyxiante ont fait de l’administration publique transalpine (AP) un objet non convoité. Aujourd’hui, le ministre de l’Innovation technologique Lucio Stanca veut révolutionner ce monde obscur. L’objectif de Stanca tient en un seul mot : internet. Son but est de regrouper les 2 000 sites de l’administration publique disséminés tout au long de la toile italienne sous un seul portail permettant aux 57 millions d’habitants de la péninsule de mieux s’orienter entre les services et les différentes adresses électroniques des régions.Les efforts financiers pour porter à terme cette vaste opération sont à la hauteur des ambitions du ministre. L’Aipa (la commission pour l’informatisation de l’AP) a déjà réclamé 6,6 millions d’euros répartis sur une période triennale, soit 2002-2004, et destinés en grande partie (5,5 millions d’euros) à l’administration centrale. Mais le projet ayant largement convaincu, même les plus sceptiques, les fonds sont arrivés tous azimuts, de Bruxelles comme d’investisseurs privés qui se sont alliés le temps de signer un chèque avec l’État pour accélérer le processus d’intégration de l’AP dans l’ère digitale. De son côté, le gouvernement a débloqué 250 millions d’euros. Mais la bonne volonté évidente des investisseurs n’est pas sans inquiéter quelques experts. Ils craignent que les régions aient du mal à dépenser l’argent de Bruxelles, et citent l’exemple des fonds structurels destinés au Mezzogiorno, qui, souvent, ont davantage alimenté les comptes en banque de la mafia que ceux de l’administration locale.L’étude du projet est déjà un vieux souvenir pour les pères de l’e-administration italienne, de nombreuses régions étant déjà passées à la deuxième phase de l’opération, soit la réalisation des sites. Puisant à pleines mains dans la mémoire des cinéphiles, l’Emilie-Romagne poétique a rebaptisé son propre site Gilda. La traduction est plus terre à terre : gestion informatique de la logistique distribuée dans la zone de l’Adriatique. Coût de l’opération : 6,5 millions d’euros dont la moitié a été financée par l’Union européenne. But de Gilda : traiter les dossiers des navires qui transitent dans l’un des ports les plus importants de l’Adriatique, celui de Ravennes. Un peu plus au Nord, à Sesto S. Giovanni, une ville située dans la ceinture milanaise, les habitants peuvent désormais payer leurs contraventions, les impôts communaux et les frais d’inscription à l’école maternelle sur le portail de l’administration communale. En Ligurie, le centre de sécurité sociale régional (ASL locale) a créé un portail intranet destiné aux médecins de famille. Résultat : les malades peuvent consulter les services des laboratoires hospitaliers ou conventionnés sur le site de l’ASL en compagnie de leur médecin, et prendre directement rendez-vous en évitant les longues files d’attente, l’une des sept grandes plaies du système. Le Mezzogiorno, c’est-à-dire le sud profond de l’Italie, s’est lui aussi branché sur le méridien internet. Mais à sa façon : sans se presser. La province de Catanzaro, dans les Pouilles, a élaboré sa propre spécialité, “le tableau de bord électronique”. Celui-ci permet aux surfeurs de suivre le long voyage entrepris par leurs dossiers, déposés dans l’un des bureaux de l’administration, grâce à un voyant rouge signalant les étapes déjà effectuées. Ainsi, les visiteurs sont avertis en temps réel de lheure à laquelle ils seront convoqués par le fonctionnaire chargé de suivre le dossier.* à Rome

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Ariel F. Dumont*