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L’Internet électrique manque encore de jus

La première offre commerciale d’accès à Internet à haut-débit via le réseau électrique est inaugurée ce vendredi 22 avril dans la Manche. Les clients paieront 24,90 euros pour un débit symétrique de 1 Mbit/s. Mais cette
initiative reste isolée.

La petite commune de La Haye-du-Puits, située dans le bocage normand, ne sera plus uniquement connue pour ses jolies maisons colorées. Elle est désormais la première commune de l’Hexagone où est commercialisé de l’Internet haut-débit
via le réseau électrique. Une
expérimentation y avait démarré à la mi-2003, initiée par le conseil général de la Manche et le Syndicat mixte Manche numérique. Avec la technologie dite CPL (courant porteur en
ligne), les données circulent sur le réseau électrique basse tension, depuis le central électrique jusque chez l’abonné, qui doit s’équiper d’un modem spécial pour recevoir les informations.Le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Patrick Devedjian, est venu en personne ce vendredi 22 avril donner le coup d’envoi de cette nouvelle offre. C’est le fournisseur d’accès
Infosat, un spécialiste des collectivités locales, qui proposera aux habitants de ce chef-lieu de canton un accès symétrique (identique en émission et en réception) à 1 Mbit/s pour
24,90 euros mensuels. L’offre, qui comprend aussi de la téléphonie sur IP, n’est pas encore connue dans tous ses détails. Patrick Devedjian a souligné les ‘ coûts particulièrement faibles ‘
rattachés au déploiement de l’Internet sur réseau électrique. Il s’était d’ailleurs engagé, à la fin de l’année dernière, sur
l’arrivée de formules commerciales d’abonnement en 2005.Une telle inauguration n’a rien de surprenant dans la Manche, ce département
se voulant pionnier dans les solutions à base de CPL. Outre l’expérience de La Haye, le conseil général a également déployé de l’Internet via les prises électriques dans quelque
55 collèges.Mais cette inauguration ne signifie par pour autant le coup d’envoi de l’Internet électrique à l’échelle du département. En effet, pour l’instant, seuls les habitants de La Haye-du-Puits pourront souscrire cette offre. Deux autres
boucles locales ont déjà été déployées, à Agon-Coutainville et Cherbourg-Octeville, mais il ne s’agit encore que d’expérimentations.

En région parisienne, les expérimentations continuent

L’extension de la technologie CPL sur le département dépendra des choix du Syndicat mixte Manche numérique, dont la mission est de résorber toutes les zones blanches en matière de haut-débit, en utilisant toutes les voies possibles
(ADSL, satellite, Wi-Fi, WiMax, CPL). Les infrastructures des réseaux seront ensuite confiées à un gestionnaire d’ici à la fin d’année. Il sera chargé d’exploiter le réseau et de l’ouvrir aux opérateurs télécoms.Dans ce schéma, l’Internet haut-débit via le réseau électrique sera avant tout mis en ?”uvre pour desservir les zones enclavées. Mais, selon Gilles Quinquenel, président de Manche numérique, le réseau électrique pourrait aussi entrer
en concurrence avec l’ADSL dont le débit est asymétrique (plus rapide en réception qu’en émission). ‘ On peut très bien imaginer que des PME ou des artisans aient plutôt besoin d’un débit symétrique pour leurs activités.
L’Internet par le réseau électrique peut susciter des usages nouveaux. ‘
Dans la Manche comme ailleurs, le CPL n’est pas encore en mesure de s’attaquer aux zones blanches. Il fait encore figure d’alternative un peu lointaine aux autres technologies d’accès. En région parisienne, les expérimentations menées
par le Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication) se poursuivent, avec différents acteurs (neuf telecom pour la voix sur IP,
Tiscali et Tele2 pour l’accès à Internet des particuliers, ADP Télécom pour celui des entreprises). Le CPL ne figure au catalogue d’aucun fournisseur d’accès à Internet pour le
moment.‘ Nous attribuerons la gestion du réseau CPL à un prestataire, en charge de l’exploitation et de la commercialisation auprès des opérateurs, à la rentrée prochaine. Cinq dossiers de candidatures ont été déposés et
retenus,
explique Catherine Dumas, porte-parole du Sipperec. Les expériences menées montrent que la technologie marche bien, qu’il n’y a pas d’interférences avec le réseau électrique. Et la mise en place de projets comme le
nôtre poussera les industriels à investir et à proposer des matériels encore plus performants en termes de prix. ‘
Le CPL a récemment reçu un coup de pouce de la part de la Commission européenne, qui demandait récemment, dans une recommandation, à ce que soit levé ‘ tout obstacle réglementaire injustifié […] qui entrave
le déploiement des systèmes de communication à large bande par courant porteur ‘.
Dans la foulée, lAutorité de régulation des télécommunications a levé le caractère expérimental et transitoire qui encadrait le déploiement de
réseaux CPL. Les opérateurs concernés entreront pleinement dans le cadre réglementaire.

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Guillaume Deleurence