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L’IGN abat ses cartes sur le web

Lauréat du Trophée 1999 France Télécom, le site de l’Institut géographique national commercialise ses cartes et ses photos aériennes. L’occasion pour nous d’observer l’évolution des boutiques web et leur adaptation aux exigences du marché.

Alors que les randonneurs préparent leurs expéditions d’été, la rédaction d’Internet Professionnel a décidé de tester la référence en la matière, le site de l’Institut géographique national (IGN). L’essai infructueux du nom de domaine ign.com nous pousse à solliciter les annuaires ou les moteurs de recherche.Au mot clé “cartes”, l’IGN est bien référencé sur Yahoo! France ou Voila, mais perdu au milieu des réponses chez Nomade, Lycos et MSN. Heureusement, tout internaute quelque peu aguerri essaiera l’URL ign.fr.La page d’accueil ne se singularise ni par son esthétique, ni par son ergonomie. De plus, les 5 boutons ronds (“Écrivez-nous”, “Plan du site”, “Boutiques”, “Espace professionnel” et “Présentation de l’IGN”) semblent avoir été disposés selon les conventions, mais à l’envers ! Point positif cependant, des me-nus déroulants (JavaScript et modules HTML) apparaissent en cliquant sur ces boutons.

Une boutique bien peu commerciale

La page d’accueil de la Boutique est ratée d’un point de vue ergonomique. Le catalogue de produits se trouve en effet placé beaucoup trop bas et l’internaute risque d’avoir tendance à utiliser directement le moteur de recherche. Conséquence, lorsqu’il aura obtenu le tableau des résultats, il n’aura plus aucun moyen de savoir quel type de carte (routière ou de randonnée) a été proposé par le site, ce qui conduit fatalement à l’abandon de la transaction. Si toutefois on maîtrise le catalogue de produits de l’IGN et que l’on sait exactement ce que l’on cherche, la transaction ne présente pas de point de blocage particulier.Cette clientèle avertie ne peut toutefois pas accéder directement à une carte par son numéro de code. En effet, dans notre cas, la destination de notre randonnée est le cirque de Gavarnie, près de Luz-Saint-Sauveur dans les Pyrénées. Notre carte au 1:25 000 est identifiée par le code 1748OT, un numéro qui ne donne aucune réponse lorsqu’il est saisi dans le moteur de recherche. En revanche, à partir du mot “Luz”, le site retourne 30 réponses dont la commune de Luz-Saint-Sauveur en tête.

Des procédures d’achat mal renseignées

D’un clic, nous obtenons la liste des cartes relatives à cette commune, mais manquons cruellement d’aide ; certains termes ne sont pas compréhensibles , et aucune aide en ligne n’est disponible. Ceci est d’autant plus regrettable que le site ne fournit pas de fiches produits. En cochant une ou plusieurs cartes, nous basculons en effet vers le panier d’achats, donc vers la fin de la transaction. Aucune image numérique de la carte n’est proposée sur le site, il faut faire confiance au moteur de recherche quant à la zone géographique délimitée. En outre, si l’internaute n’a pas consulté le catalogue des cartes, dissimulé au bas de l’écran “Boutique”, il ne sait pas s’il achète une carte de randonnée ou une carte routière…Le reste de la transaction se déroule sans encombre, si ce n’est qu’un seul mode de livraison est géré, l’envoi en colissimo. Dommage que d’autres types d’envois n’aient pas été étudiés, tel un mode ultra-rapide de type coursier ou un mode moins onéreux ; 4 ? (25 F) de frais de port en mode colis normal (moins de 5 jours) représentent beaucoup par rapport au prix de la carte (9 ? [59 F]).

La logistique fait un sans faute

Notre commande validée, France Télécom Télécommerce (chargé de la partie transaction) nous envoie le jour même un message de confirmation. Celui-ci n’est pas un modèle de clarté, mixant en effet montants hors taxes et toutes taxes comprises. En outre, la référence du produit, issue du site de l’IGN, est en format HTML, alors que le reste du message apparaît en texte simple. Nous trouvons donc des balises HTML au milieu de la facture. Le 1er juin, un e-mail de suivi, toujours avec son problème de balises, nous annonce le débit imminent du montant de l’achat. En outre, une URL nous mène vers le site Télécommerce pour suivre la commande en ligne. Le 2 juin, le facteur nous livre notre commande.

Quand les sites web vieillissent trop vite

Remanié début 2000, le site accuse déjà les premières marques du vieillissement, notamment dans sa section “Boutique”. L’approche est très différente de celle d’un Américain comme Mapstore, qui vend des cartes comme des livres, ou de l’excellent Mapquest, qui permet de naviguer sur des cartes nu-mériques et des photos aériennes des États-Unis (mais pas d’acquérir une carte papier). S’il fallait trouver un site équivalent à ign.fr, c’est celui du Britannique Ordnance Survey ( ordsvy.gov.uk) qu’il faudrait considérer. Il propose en effet un contenu très riche et n’hésite pas à exploiter la complémentarité entre numérique et papier. Un modèle à suivre.L’IGN dispose d’un site qui assume sa tâche sans trop d’encombre. Pourtant, il est encore loin d’une machine de bataille marketing. La vénérable institution va devoir dépoussiérer son site web si elle ne veut pas être rayée de la carte…

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Alain Clapaud