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Licenciements, conflit avec Apple… Tempête en vue pour Epic Games qui tente de « stabiliser ses finances »

Epic Games annonce se séparer de 830 employés parce que l’éditeur de jeux vidéo dépenserait beaucoup plus d’argent qu’il n’en gagnerait. L’entreprise pourrait aussi avoir à affronter un troisième round judiciaire, son conflit avec Apple pouvant être jugé par la Cour suprême aux États-Unis.

Une vague de licenciements, et un front judiciaire contre Apple qui s’éternise : les mauvaises nouvelles se sont multipliées cette semaine pour Epic Games, le célèbre éditeur de jeu à l’origine de Fortnite et d’Unreal Engine. Jeudi 28 septembre, Epic Games annonçait, dans un message adressé à ses employés mais publié sur son blog, se séparer de 16 % de ses effectifs – soit 830 employés. La raison, donnée par Tim Sweeney, le fondateur de l’entreprise créée dans les années 90 : « Depuis un certain temps, nous dépensons beaucoup plus d’argent que nous n’en gagnons ».

La société est « encore loin de la viabilité financière », confesse-t-il. Les licenciements sont « la seule solution, et c’est en les effectuant maintenant et à cette échelle, que nous stabiliserons nos finances », ajoute le patron de l’éditeur dans son message. Tim Sweeney indique aussi se séparer de la plateforme musicale Bandcamp acquise en mars 2022. Une partie de SuperAwesome, une société spécialisée dans la création d’expériences en ligne pour les enfants rachetée en 2020 va, quant à elle, devenir indépendante.

Le programme « Fortnite Creator » moins lucratif

Qui, au sein d’Epic Games, sera touché par cette vague de licenciements ? Si aucune indication sur les pays touchés n’est donnée, le PDG précise que les deux tiers des licenciements auront lieu dans des équipes autres que celles chargées du développement. Selon le patron, l’éditeur a beaucoup dépensé pour préparer l’entreprise à sa « prochaine évolution » et à transformer Fortnite en un écosystème de type métavers pour les créateurs.

Epic Games a en effet misé sur un système permettant une meilleure rémunération des créateurs – et cette activité serait moins lucrative que les précédentes. Son programme « Fortnite Creator », qui permet aux joueurs de créer et de vendre leur propre contenu au sein des jeux, constitue « une activité à marge plus faible que celle que nous avions lorsque “Fortnite Battle Royale” a décollé », a-t-il ajouté. « Le succès de l’écosystème des créateurs est une grande réussite, mais il implique un changement structurel majeur de notre activité », s’est justifié le CEO.

Le conflit avec Apple qui s’éternise

Pourtant, écrit-il, « les (salariés) dans le monde entier ont fait des efforts continus pour réduire les coûts, notamment en gelant les embauches, et en réduisant les dépenses d’exploitation dans des domaines tels que le marketing et les événements ». Mais cela n’aura pas suffi. Car depuis que l’éditeur est en conflit avec Apple et qu’il a été éjecté de l’App Store, Epic Games est privé de la manne des joueurs iOS qui dépensent plus que leurs homologues sous Android. Et la boutique Epic Games Store, qui se présente comme un rival de Steam, a nécessité d’énormes investissements. Mais elle ne sera pas rentable avant 2027, expliquait l’éditeur en 2021.

Et son combat judiciaire contre Apple, qui dure depuis trois ans, pourrait ne pas aider ses finances à repasser dans le vert. C’est même tout le contraire, au vu de ses possibles prochaines dépenses en frais d’avocats. Quelques jours avant cette annonce des licenciements, on apprenait que le conflit qui l’oppose à Apple pourrait finir à la Cour suprême. Epic Games comme la marque à la pomme ont demandé à la plus haute juridiction du pays de revoir le jugement de la cour d’appel de San Francisco du 24 avril dernier. Les juges avaient estimé qu’Apple devait permettre les achats hors de son magasin d’application. Et ils avaient retoqué les autres demandes d’Epic Games.

À lire aussi : Affaire Fortnite : Apple gagne contre Epic Games, mais…

Un dossier bientôt jugé devant la Cour suprême ?

La bataille entre Apple et l’éditeur de jeux vidéo avait commencé en 2020, lorsque ce dernier avait proposé à ses joueurs utilisant un appareil estampillé Apple, de contourner l’App Store en passant directement par son propre système de paiement, pour ne pas payer les commissions de 15 % ou de 30 % de la marque à la pomme. Il s’agit d’une somme que ces derniers doivent verser à Apple pour tout achat effectué via les applications sur iOS.

Epic Games avait alors été éjecté illico presto de l’App Store pour ne pas avoir respecté les conditions d’utilisation d’Apple – une décision contestée par l’éditeur. Les tribunaux de première et de seconde instance avaient tranché en faveur d’Apple, à l’exception d’un point crucial pour tous les développeurs d’applications. Apple est contraint de modifier les règles de son magasin d’applications, en autorisant pour la première fois les éditeurs à vendre du contenu sur des plateformes tierces, même lorsque ces applications sont distribuées via l’App Store. Traduction : les tribunaux autorisaient les joueurs à ne plus passer obligatoirement par l’App Store pour régler leurs achats in-app.

Une mesure que la firme de Cupertino a combattue farouchement, car cela reviendrait pour cette dernière à toucher moins de commissions – ce qui aurait des impacts importants sur ses bénéfices. La Cour suprême pourrait, d’ici la fin de l’année, accepter de se saisir de cette affaire.

À lire aussi : Affaire Epic Games : Apple gagne du temps et espère ne pas avoir à modifier son App Store 

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Source : Billet de blog d'Epic Games du 28 septembre 2023


Stéphanie Bascou