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L’été des rachats logiciels

Cinq acquisitions d’éditeurs de logiciels ont été annoncées en quelques semaines, dont trois pour le seul IBM. Architectures orientées service et ECM sont au c?”ur de cette consolidation.

L’été 2006 restera dans les mémoires pour la vague d’opérations de rachats qui l’ont marqué. Sans tous les citer, retenons
EMC qui s’empare de RSA fin juin,
AMD d’ATI, Brocade de McData, et surtout ceux qui ont frappé l’industrie du logiciel.Près de 7 milliards de dollars de transactions sont annoncés dans le domaine. À l’issue des délais et des procédures réglementaires, cinq entreprises importantes changeront de main, Mercury, Webify, MRO Software,
FileNET et Hummingbird. Les domaines clés ciblés sont donc, d’une part, la gestion des contenus d’entreprise, de l’autre, les architectures orientées services.Ce mouvement a des raisons conjoncturelles. Après des années économiquement favorables aux Etats-Unis, les entreprises ont engrangé des bénéfices que la timidité de la Bourse n’a pas permis de réinvestir illico. Elles ont de
l’argent.De façon plus stratégique, IBM et HP suivent la voie empruntée par des acteurs comme EMC ou Oracle qui ont multiplié les rachats de logiciels. ‘ Cette activité devient une part sans cesse plus importante
d’IBM ‘,
a confirmé Steven Mills, vice-president d’IBM Software Group. L’image d’IBM, géant des services, se nuance. Le logiciel représente presque 17 milliards de dollars de son chiffre
d’affaires. Avec Mercury, HP doublera la taille et le chiffre de sa division logicielle.

La course à la gestion de contenu d’entreprise

IBM paie 1,6 milliard de dollars pour FileNET Corporation, et OpenText un peu moins de 500 millions de dollars pour Hummingbird. Des sommes impressionnantes au regard d’un marché global de la gestion de contenu
d’entreprise (ECM) estimé par IDC à 3,2 milliards de dollars.Mais les perspectives de croissance sont bonnes : le marché a grossi de près de 10 % l’an dernier et seulement 60 % des entreprises sont dotées de ce type de logiciels, toujours d’après IDC. Responsable
des ventes à IBM, Corinne Plantier espère que, ‘ sur un marché global estimé à 6 milliards en 2010, ce rachat va nous permettre d’accroître notre présence ‘.De plus, les nouvelles réglementations, en particulier Sarbanes-Oxley, exigent toujours plus de traçabilité des documents et poussent les entreprises à mieux gérer les formats non structurés. Gonflé par le portefeuille des
4 300 clients de FileNET, le chiffre d’affaires dans la gestion de contenu et la gestion de processus d’IBM doublera pour atteindre 584 millions de dollars hors services. Ce qui porte IBM au premier rang.Même démarche à OpenText qui s’offre, avec Hummingbird, le numéro cinq du secteur, deux ans après avoir racheté l’allemand Ixos Software, spécialiste de l’archivage. Le nouvel acteur représentera entre 600 et
700 millions de dollars de chiffre d’affaires. Hummingbird renforcera la présence d’OpenText, ‘ notamment dans le secteur public américain et sur des marchés verticaux tel celui des cabinets
juridiques ‘,
précise François Pichon, responsable marketing d’OpenText France.Mais cette surchauffe dans la consolidation pourrait ne pas emporter l’adhésion des entreprises. L’intégration des logiciels prendra du temps et les outils ne seront pas forcément adaptés à la législation française ou
européenne en termes d’archivage légal. Et quid de la pérennité des logiciels en place ? On voit mal IBM maintenir en parallèle ses outils existants et
P8 de FileNET. Et ce, même si, comme le dit Alain Lecorre ‘ les deux lignes de produits, IBM et FileNET, seront maintenues ‘, sans
s’engager sur la durée.Que deviendront aussi des partenariats comme celui liant FileNET à des acteurs locaux tel Itesoft. Son DG Philippe Lijour se veut optimiste : ‘ Ces rachats apportent une forte visibilité au marché de la
gestion de contenu. Tout le monde devrait en profiter. Et, même après ces rachats, aucun acteur ne domine le marché français. ‘
Un marché estimé entre 50 et 100 millions d’euros de licences.

Les AOS soumises à la loi du marché

Il y a encore un an, Oracle et BEA étaient les seuls à réorganiser leurs offres de produits pour constituer des plates-formes nécessaires à la mise en place d’architectures orientées services. Aujourd’hui, le secteur des
SOA est le théâtre d’une véritable foire d’empoigne.HP entend profiter d’un marché en plein essor, et, quoiqu’en pleine restructuration, met sur la table 4,5 milliards de dollars, son plus important rachat depuis Compaq. Mercury est le numéro un du test logiciel, mais
aussi l’éditeur d’une solution complète d’administration de systèmes, services Web compris.L’éditeur israélien a en effet
acquis en janvier dernier Systinet, l’un des premier à proposer un annuaire UDDI, Systinet Registry, pour recenser les métadonnées des services disponibles sur le réseau
et Systinet Policy Manager, un référentiel permettant de lister les propriétés de ces services. Deux éléments incontournables d’une AOS : ces deux bases évitent la dispersion des métadonnées dans chacun des logiciels constitutifs de
l’architecture. Avec eux, plus besoin de fouiller le référentiel de l’ESB ou celui du workflow pour découvrir et faire l’analyse des services et leurs
interactions.Avec l’offre Systinet, HP pénètre un domaine dont il était presque complètement absent. De quoi aiguillonner webMethods et BEA, qui, quasi simultanément, annoncent chacun l’acquisition d’éditeurs d’annuaires
de métadonnées, respectivement Cerebra et Flashline. ‘ L’acquisition de Mercury traduit clairement la politique de croissance de HP, explique Olivier Barbé, directeur marketing EMEA de webMethods.
Pour nous, l’achat de Cerebra renforce notre c?”ur de métier. Nous possédions des registres de données, mais pas aussi évolués que celui de Cerebra. ‘

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Olivier Bibard, Patrick Brébion et Renaud Bonnet