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Les systèmes ouverts parient sur le SAN

Les systèmes Unix et Windows NT cohabitent sans difficulté majeure sur un SAN. Les réseaux de stockage déployés actuellement centralisent les ressources et simplifient les sauvegardes pour des configurations d’une quinzaine de serveurs.

De plus en plus de responsables de systèmes d’information se tournent vers le SAN dans les environnements ouverts. Ils ne s’engagent toutefois qu’après avoir réalisé un sévère appel d’offres, car les projets avoisinent les 2 millions de francs.Chez John Deere, constructeur de matériel agricole, c’est l’absence de place libre sur les serveurs qui a tout déclenché en avril 2000. Ou plutôt : “Nous avions de l’espace disque un peu partout, mais sans savoir où avec précision, résume Sylvain Huet, responsable de l’informatique. Nous aurions pu acheter de gros serveurs, mais il était plus raisonnable de faire évoluer les disques et les serveurs, de manière distincte.” Le choix s’est alors arrêté sur un SAN, entré en production en mars 2001 : “Le SAN est vu comme un disque. Un administrateur Windows NT suffit pour le gérer “, explique Sylvain Huet.Aux Mutuelles de Provence (Mutinfor), c’est le déploiement d’un ERP, d’une messagerie et d’un Intranet qui a décidé André Pittorino, responsable du système d’information, à rénover son infrastructure. “Les nouvelles applications génèrent une masse de données stratégiques. Il nous fallait assurer leur disponibilité ainsi que leur protection, se remémore-t-il. Le SAN semblait la seule solution capable de répondre à nos besoins, tout en offrant une capacité d’évolution pérennisant nos investissements.” Le projet a été mené parallèlement à la refonte des applications, jusqu’à la mise en exploitation, en juin 2001.Une autre voie pour arriver au SAN consiste à recourir à un produit de type SAN in-a-box. C’est ce qu’a fait Alcatel. “Le SAN ne semblait pas mûr à la fin de 2000 “, rappelle Éric Fradet, responsable système chez Alcatel Colombes.

Le stockage n’est plus un souci

C’est une baie Vivant V20, de MTI, qui a été choisie et mise en service en avril 2001. Elle dissimule la complexité du SAN en intégrant les disques, un double contrôleur Raid et un commutateur Fibre Channel au sein du même châssis.Quels bénéfices attendre du SAN à long terme ? “Le stockage cesse d’être un sujet de préoccupation “, assure Cyril Billard, responsable du stockage chez Amadeus, où un SAN est déployé depuis mai 2000. “Auparavant, quand on changeait un serveur, on perdait son stockage. À présent, il suffit de brancher la nouvelle machine sur le SAN pour qu’elle récupère les données “, souligne-t-il. En outre, le redimensionnement de l’espace disque est réalisable en production, sans difficulté. C’est un impératif pour ce réseau qui fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour des applications ERP, Web, de groupware et de messagerie.

Montée en gamme chez Amadeus

Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ? “Le diable est dans les détails “, répondraient nos voisins anglais. En clair, chaque détail compte dans une architecture SAN. “Notre projet d’apparence classique a nécessité de nombreuses études. La mise en service reste encore délicate “, prévient André Pittorino. Il s’est ainsi avéré que l’on ne pouvait accéder au disque à la fois sous NT et sous Unix. Ce problème, lié aux pilotes, devrait être corrigé. “Partager un disque évite de devoir en acheter un nouveau dès qu’il manque de la place, explique André Pittorino. En attendant, nous avons choisi des disques de 18 Go et de 32 Go pour obtenir une plus grande combinatoire.”Chez Amadeus, c’est la montée en gamme qui a résolu certaines lourdeurs d’exploitation. “Deux baies 9176, de StorageTek, remplacent les deux 9166 initiales. Elles sont en Fibre Channel de bout en bout, et ont été choisies pour leur rapidité d’entrées-sorties “, explique Cyril Billard. Les baies 9176 sont issues d’un accord de revente OEM entre StorageTek et LSI Logic. Contrairement aux baies 9166, d’origine Clariion, elles se configurent sans logiciel spécifique et n’imposent pas de driver sur les serveurs pour gérer les LUN. Enfin, elles autorisent les accès de seize serveurs simultanément. Il faut ajouter que les drivers imposés par les baies 9166 ne tenaient pas la charge face aux applications trop gourmandes en entrées-sorties. Cependant, si elle est rapide, la baie 9176 ne sait pas effectuer de réplication de baie à baie. Pour cette sécurisation, Amadeus en appelle à Volume Manager, de Veritas. De cette façon, les serveurs écrivent leurs données sur les deux baies simultanément, via le SAN. Ce besoin spécifique de réplication interbaies ?” dans un but de résistance au désastre ?” est souvent mis en ?”uvre dans les SAN. On emploie alors fréquemment des protocoles propriétaires. C’est cette caractéristique qui a présidé au choix des baies EMC chez l’opérateur Colt. “Le système SRDF de disaster recovery d’EMC est mature “, estime Jean-François Juan, directeur du système d’information, dont les deux baies sont distantes de 20 km. Le SAN permet de systématiser le recours au cluster et de doubler les accès au réseau.

Des licences moins chères

Chez Mutinfor, l’ERP est hébergé sur un cluster Unix, avec la solution HACMP, d’IBM, et tous les serveurs stratégiques sont raccordés au SAN via deux cartes Fibre Channel. Chez Alcatel, la phase de maquette a montré que le cluster NT n’était pas encore supporté par les baies HDS, d’où le choix de MTI. Si l’architecture de base du SAN paraît banalisée, une grande diversité règne en matière de sauvegarde. Chez John Deere, les plus gros serveurs sont équipés d’une carte Fibre Channel supplémentaire dédiée au backup. “Les sauvegardes utilisent de grands blocs de données, c’est l’inverse pour les accès disques “, décrit Yves Marant, ingénieur technico-commercial chez StorageTek. Les serveurs ayant peu de données sauvegardent par le LAN : “Les licences du logiciel de sauvegarde sont dix fois moins coûteuses dans ce cas “, ajoute-t-il. Chez Alcatel, la sauvegarde dirigée par NetWorker, de Legato, utilise un réseau Fast Ethernet dédié.Quant à Amadeus, après avoir déporté le backup sur le SAN, il l’a partiellement rapatrié sur le LAN. “Cela allège le logiciel client sur les machines cibles et supprime des drivers sur le serveur NetBackup, de Veritas, qui pilote le robot. L’administration est simplifiée “, détaille Cyril Billard. Toutefois, la bande passante du LAN a dû être dopée, en agrégeant quatre liens à 100 Mbit/s. Seules les sauvegardes des cinq serveurs de plus de 100 Go passent sur le SAN.

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Xavier Bouchet