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Les registrars en recherche pressante de valeur ajoutée

4 start-up qui comptent dans les noms de domaine: Ascio (DK), Name Bay (MC), Total Registrations (GB), Gandi (FR)

La vente de noms de domaine n’est plus ce qu’elle était. Depuis septembre, pour la première fois de l’histoire du net, le nombre de noms de domaines est en constante diminution, selon la société d’étude spécialisée State of The Domain. Décembre 2001 a été le mois le plus difficile avec une baisse de 3,2 % de ces précieuses adresses internet.Mason Cole, éditeur du rapport mensuel, y voit deux explications : certaines entreprises ne renouvellent plus des noms inutilisés. Ensuite, certains prestataires ont offert à leurs clients des noms en “.org” gratuits pour tout achat d’un “.com “. La période d’expiration de ces noms (un an) arrivant à son terme, leurs propriétaires ne les renouvellent pas forcément.En moins de six mois, le marché a été grandement transformé. D’une activité en pleine croissance avec peu d’acteurs, la vente de domaines est devenue un business quasiment stable et le nombre de vendeurs s’est multiplié. En effet, pour commercialiser des noms de domaine, il suffit de demander une accréditation à l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, l’instance de régulation desdits noms), laquelle n’exige en réalité qu’une caution financière. On trouve aujourd’hui plus de 100 sociétés titulaires de ce droit (registrars).

La guerre des prix

Pour se différencier, leur seul moyen a souvent été d’agir sur les prix. Il y a un an, Verisign (40 % de parts de marché actuellement) pouvait vendre un nom près de 30 dollars (34 euros) alors que son prix de production n’est que de 6 dollars. Ce n’est plus possible aujourd’hui.La preuve : Verisign perd près de 5 % de parts de marché chaque mois. Son cas n’est pas unique car son principale concurrent, la société Register.com, est dans la même situation. Celles qui progressent de quelque 10 à 15 % par mois s’appellent Go Daddy ou Dot Registrar qui commercialisent leurs produits entre 7 et 9 dollars, soit trois fois moins que les acteurs en place.Conséquence logique : les acteurs les mieux implantés, qui souhaitent conserver leurs marges, doivent repenser entièrement leur stratégie et offrir des services à plus haute valeur ajoutée. Verisign a développé une véritable panoplie d’outils annexes, allant de l’hébergement d’une page personnelle reliée au nom de domaine enregistré, à la création d’adresses e-mails sur ce domaine.Car la politique de communication des plus grands acteurs sur la fiabilité de leurs infrastructures (avec un support technique continu) n’a pas séduit les consommateurs, avant tout attirés par le prix. Des start-up, telle Ascio (voir ci-dessous), ont trouvé leur voie en développant des plateformes techniques destinées à d’autres vendeurs.De plus, la création de nouvelles extensions en “.biz” ou en “.info” n’a pas généré autant de business qu’en attendaient les vendeurs. Seuls 552 000 “.biz” ont été enregistrés par toutes les sociétés depuis l’ouverture de cette extension. C’est moins que le nombre de “.com”, “.net” et “.org” perdus par Verisign pendant le seul mois de février.Du côté du “.info”, on ne compte que 740 000 enregistrements, toutes sociétés confondues. Si bien que pour préserver leurs parts de marché, les plus grands acteurs (Verisign et Register.com) procèdent à des acquisitions à tours de bras.Pour subsister, les start-up doivent élargir leur gamme de services et proposer, elles aussi, hébergement et conseil en gestion de marque. Ou alors, elles auront tout intérêt à se recentrer sur les services connexes aux noms de domaine : systèmes d’enchères de noms non utilisés ou surveillance de l’abandon d’un nom précis par une société.

4 start-up qui comptent dans les noms de domaine

Ascio (DK)Date de création : avril 1999

Fondateurs : N. Newholm et M. Biyer Clausen

Nombre de salariés : 60

Fonds levés : 10 millions de dollars

Fonds recherchés : aucun pour l’instant

CA 2001 : NC

Partenaires stratégiques : Speednames, NomaliaAu sein des différents métiers liés à la vente de noms de domaine, Ascio s’est positionné en tant qu’éditeur de solutions technologiques. Deux lignes de produits ont été développées. La première concerne l’enregistrement des noms. Elle est proposée aux sociétés souhaitant vendre des noms de domaine à leurs clients sans développer d’infrastructure technologique.La seconde permet à ces sociétés d’apporter des services à valeur ajoutée liés aux domaines, comme la création d’un site web (avec partage d’information et carte d’identité virtuelle) sur l’adresse déjà enregistrée. Cette solution permet d’enregistrer des noms sur près de 60 extensions, les traditionnels “.com”, “.net” ou “.org”, mais aussi les extensions nationales, tel le “.fr”, qui procurent des marges supplémentaires.Name Bay (MC)Date de création : mi-1999, ex-Net Bay

Fondatrice : Patricia Husson

Nombre de salariés : 8

Fonds levés : autofinancé

Fonds recherchés : pas pour l’instant

CA 2001 : NC

Partenaires stratégiques : Core NICName Bay a été fondée par Patricia Husson, qui a longtemps milité pour l’ouverture à la concurrence de la vente de noms de domaine. Elle fut l’une des fondatrices de Core NIC, une alliance entre plusieurs sociétés pour vendre des noms moins cher. Name Bay travaille avec un réseau de revendeurs (des hébergeurs telles des agences web, des PME aux multinationales), composé de près de 200 sociétés.Pour intéresser ces revendeurs, Name Bay propose en mode ASP une panoplie de services d’administration et de services à valeur ajoutée, comme la redirection d’adresses, des e-mails, etc. Face à la baisse des prix, Name Bay a choisi de rester sur un tarif de 12 euros, identique à celui de son concurrent français Gandi, mais inférieur à celui pratiqué par ses concurrents américains.Total Registrations (GB)Date de création : 2000

Fondateurs : Paul Fallon et Miesha Vukasinovic

Nombre de salariés : 25

Fonds levés : autofinancé

Fonds recherchés : pas pour l’instant

CA 2001 : NC

Partenaires stratégiques : Total Web Solutions (fondée par les mêmes personnes)Total Registrations a développé une offre très agressive. Ses tarifs descendent jusqu’à 8 dollars (9 euros), en tarif de “gros “. Il a toujours été l’un des vendeurs les moins chers. Car les Fondateurs de la société considèrent que les noms de domaine représentent un point d’entrée dans les services proposés par l’autre compagnie des dirigeants : Total Web Solutions, qui commercialise des services d’hébergement de sites, de bases de données, etc. à plus forte valeur ajoutée. Les synergies entre les sociétés permettent à Total Registrations de réduire ses coûts, la société profitant des serveurs et des équipes techniques de Total Web Solutions. Total Registrations s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux revendeurs de noms et affirme avoir développé un réseau de 5 500 partenaires dans le monde.Gandi (FR)Date de création : mars 2000

Fondateurs : P. Beyssac, L. Chemla, V. Lacambre, D. Nahmias

Nombre de salariés : 7

Fonds levés : autofinancé

Fonds recherchés : aucun, la structure est rentable

CA 2001 : environ 2,8 millions d’eurosGandi se différencie de l’ensemble des acteurs du secteur dans son objectif même. Créé par des militants du web libre et non commercial, il avait pour objectif de forcer les vendeurs de noms de domaine à casser leurs prix. À son lancement, Gandi a pratiqué des prix de 12 euros, inférieurs à l’époque aux tarifs du marché. Des Américains sont ainsi devenus clients de Gandi pour obtenir les meilleurs prix. Aujourd’hui, la société ne compte pas baisser ses tarifs car, bien qu’elle soit rentable, elle n’a que six mois de cash devant elle. Les Fondateurs ne veulent pas déséquilibrer les comptes de leur entreprise, estimant proposer un prix correct. La principale innovation interviendra à la fin de lannée avec un système de signatures électroniques, certifiant les courriers émanant des noms de domaine gérés par Gandi.

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Alain Steinmann