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Les partis politiques font leur marketing sur Internet

Adhésions en ligne, système d’alerte par SMS, fédération virtuelle, communautés de blogs et bientôt Web TV, les grandes formations françaises multiplient les initiatives.

Ca bouge dans la politique en ligne. Le 23 décembre dernier, le ministre de l’Intérieur et président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, a accordé pour la première fois, place Beauveau, un long entretien vidéo
(un podcast vidéo) à un blogueur. Quelques semaines auparavant, ce sont près de 45 000 internautes qui avaient signé, en pleine crise des banlieues, la pétition de soutien au même
Nicolas Sarkozy, lancée sur le site de l’UMP.Un résultat spectaculaire pour une campagne de marketing politique en ligne qui n’aura pas vraiment vidé les caisses du parti politique. L’idée, originale, consistait, entre autres, à faire apparaître un lien publicitaire vers la
pétition en question lorsque l’internaute tapait le mot ‘ banlieue ‘ dans Google. ‘ L’achat de mots-clés sur Google Adwords qui redirigeaient les internautes vers le site de la pétition n’aura au
coûté, au final, qu’à peine 40 000 euros,
indique Arnaud Dassier, cofondateur de l’Enchanteur des nouveaux médias, l’agence de communication du parti politique. Accessoirement, 200 000 personnes sont venues
visiter le site, dont 60 % étaient inconnues des bases de données de l’UMP. ‘
Après cette expérience, l’UMP va continuer à explorer, et à défricher, les nouveaux horizons de la communication politique. ‘ Nous ne nous interdisons rien par principe. Car, en soi, une technologie n’est ni bonne
ni mauvaise ‘,
explique Arnaud Dassier. C’est ainsi que le parti de droite, qui a été la première formation politique à recourir au vote en ligne pour ses élections internes, prépare pour février 2006 une nouvelle version de
son site Internet.Au programme un ‘ centre d’action militante ‘, vraisemblablement construit sur le modèle de ce qui se fait déjà aux Etats-Unis, où les sympathisants d’une formation politique fédèrent leurs énergies sur
Internet avant de se retrouver dans la vie quotidienne. En France, quelques centaines d’internautes se sont déjà regroupés sur une plate-forme communautaire,
Affinitiz.com, pour promouvoir une (encore officieuse) candidature à l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy.Les stratèges de l’UMP ont, par ailleurs, imaginé des programmes de fidélisation et de parrainage destinés à récompenser les cyber-militants les plus méritants. Et, à l’horizon 2007, une Web TV diffusée notamment grâce à la téléphonie
mobile de troisième génération. Egalement dans les cartons : un système d’alerte par SMS sur les passages dans les médias des principaux responsables du mouvement.Il y a quelques mois, l’UMP avait mis en place une procédure directe d’adhésion en ligne. Celle-ci représenterait aujourd’hui près de 14 % des renouvellements de carte et des adhésions.

Pas d’adhésion en ligne à l’UDF

Dès le mois de janvier 2006, le Front national (qui travaille lui aussi à des projets de Web TV et de système d’alerte SMS) va emboîter le pas de l’UMP, en proposant à son tour une solution d’adhésion en ligne, indique Alain Vizier,
directeur de la communication du parti d’extrême droite.A l’UDF, pas question pour le moment d’adhésion en ligne. Un choix que Béatrice Pouyes, responsable du site Internet du parti centriste, justifie en affirmant que, a contrario des procédures d’adhésion
traditionnelles, ce type de démarche ne permet pas, pour l’instant, d’obtenir un reçu fiscal pour déduire 66 % du montant de sa cotisation sur sa déclaration de revenus. Un désavantage financier que pourrait bientôt corriger la loi de finances
2006, actuellement en discussion au Parlement.En revanche, et même si le projet ne date pas d’hier, une fédération Internet UDF devrait bientôt voir le jour. Elle devrait avoir des statuts identiques à ceux d’une fédération départementale physique. Quant à l’e-mail marketing, l’UDF
confesse aussi quelques initiatives en la matière. Mais ses actions sont, en l’espèce, beaucoup plus discrètes. ‘ Au lieu d’exploiter de très gros fichiers, nous préférons concentrer nos efforts sur des catégories
socioprofessionnelles prédéfinies ‘,
tempère Béatrice Pouyes.A gauche, le PS n’a pas répondu à nos questions sur le démarchage en ligne. Et, pour les Verts, il n’est absolument pas question de marketing politique. ‘ Nous sommes contre la marchandisation de la planète et de
l’être humain,
explique Vincent Berville, responsable informatique du siège national des Verts. Et nous essayons d’appliquer cette éthique à nos activités Internet. ‘Du côté du parti écologiste, comme ailleurs, la stratégie Web n’est en réalité que le reflet de la ligne politique de la formation.

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Philippe Crouzillacq