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Les informaticiens des Crédit Lyonnais et Crédit Agricole font guichet commun

Le GIE Production Silca est lancé. Ses 600 informaticiens ne sont pas rassurés par le maintien de leur statut d’origine.

Jeudi 14 avril. Silca, le GIE de production informatique, né du rapprochement entre le Crédit Agricole SA (CASA), le Crédit Lyonnais et la banque d’affaires Calyon (ex-CAI-BFI), est officiellement lancé. Créé le 1er janvier dernier, il regroupe près de 600 informaticiens, dont les trois quarts sont issus du Lyonnais.

L’objectif : économiser, grâce aux synergies, 40 millions d’euros chaque année à partir de 2006. Une moitié doit être obtenue par mutualisation et rationalisation des infrastructures, l’autre par l’industrialisation des processus et la réduction du volet de prestataires. Les syndicats restent vigilants.

Mais déjà le chantier bat son plein sur le premier volet, avec pas moins de 80 projets de consolidation en cours. Les 30 serveurs de messagerie et les 75 serveurs de fichiers devraient être, dans les deux cas, ramenés à deux. Les serveurs de développement seront, quant à eux, réduits de moitié. Et la bureautique du nouveau groupe est déjà unifiée.

Le second volet, l’industrialisation des processus, sera plus long à aboutir car il touche à l’organisation même de la production. En se référant aux standards du cadre Itil, le Silca entend refondre les processus liés au client (convention de service, catalogue de prestations…), à la comptabilité analytique et au budget (calcul des coûts, facturation…) et, inévitablement, aux ressources humaines.

Un budget formation porté à 750 K€

Au-delà des économies à réaliser, la création du GIE doit aussi ?” cerise sur le gâteau ?” accroître la satisfaction des métiers par l’adoption d’une culture de service multiclient et la professionnalisation des équipes. ‘ Cet objectif passe par la réussite de l’intégration des collaborateurs et le développement de leurs compétences ‘, reconnaît Michel Delattre, directeur général de Silca.

Et, pour accompagner le changement, le budget formation a été porté exceptionnellement à 750 K€ pour l’exercice 2005-2006, au lieu des 500 K€ prévus en année de croisière. La moyenne d’âge des équipes ?” de l’ordre de 40 ans ?” devrait également faciliter la mobilité recherchée.

Néanmoins, tous ces changements ne bouleversent pas les anciens du Lyonnais, par essence monoclient. Il n’y a pas là matière à révolution culturelle selon Lyonnel Durand (FO) et Alain Chesnel (CGT). ‘ Dans notre métier, nous avons l’habitude des changements. Le souci du client et la qualité du travail ont toujours été nos priorités ! ‘

Issus du Lyonnais, les deux représentants syndicaux acceptent toujours mal la constitution même du GIE, en dépit des concessions obtenues (mesures d’accompagnement, rémunération spécifique en période d’astreinte…). Les salariés des trois entités fondatrices ?” Calyon, CASA et Crédit Lyonnais ?” ont conservé leur statut d’origine. Lyonnel Durand et Alain Chesnel auraient préféré obtenir un statut commun, les rattachant à la maison mère, le Crédit Agricole. ‘ Une sécurité face à un avenir incertain, malgré les affirmations de nos dirigeants. ‘

De son côté, Joël Gerin, délégué du syndicat CFDT de Crédit Agricole SA, s’inquiète : ‘ A l’avenir, Silca pourrait devenir un GIE employeur et recruter des collaborateurs relevant de la convention Syntec. Il dispose déjà de ses propres instances avec une délégation du personnel et un CHSCT. ‘ Une étape vers une externalisation future ? Directeur fonctionnement et logistique du nouveau groupe, Bernard Michel, nie toute intention cachée et tranche : ‘ Le GIE n’a pas vocation à être externalisé. ‘

Réduction de la sous-traitance

Le GIE n’en est pas encore à recruter, et table au contraire sur une compression des effectifs. La direction s’est engagée à ne supprimer aucun emploi. La réduction s’opérerait au rythme des départs naturels en retraite, par une diminution de la sous-traitance et un redéploiement des ressources. ‘ Nous avons, par exemple, constitué une équipe de chargés d’affaires au service de la relation client. Ce qui n’était pas le cas avant, fait observer Corinne Fize, directeur opérationnel du GIE. Enfin, nous avons la chance de réunir des compétences complémentaires avec, entre autres, une expertise grands systèmes issue du Crédit Lyonnais et une expertise systèmes ouverts chez Calyon. ‘

Le sort des prestataires fait toutefois grincer les dents. ‘ Aujourd’hui, 300 personnes travaillent comme prestataires, nous souhaiterions que ce travail soit réinternalisé et ne parte pas chez un seul prestataire ‘, argumente Alain Chesnel. Le lieu de travail reste le dernier motif d’inquiétude. Pour l’heure, les équipes du GIE sont regroupées sur trois sites franciliens : boulevard Richard-Lenoir à Paris, Saint-Quentin-en-Yvelines et La Défense. Or, selon Joël Gerin, ‘ le bail de La Défense arrive bientôt à expiration. S’il n’est pas renouvelé, cela impliquerait des transferts vers le site de Saint-Quentin, où il reste de la place. ‘

En dépit des critiques et des inquiétudes soulevées par les syndicats, il faut reconnaître que le Crédit Agricole a le mérite d’avoir fait le choix du GIE, plus neutre socialement que la très à la mode infogérance avec transfert de personnel, voire la coentreprise, solution retenue par le concurrent BNP Paribas.

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Xavier Biseul et Anne-Françoise Marès