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Les équipementiers télécoms à l’assaut des petites et moyennes entreprises

Les PME investissent dans les nouvelles technologies. Flairant un marché prometteur, les grands des télécoms leur proposent des boîtiers ” tout en un ” pour répondre aux besoins en voix et données.

En six mois, quatre ténors des télécoms ?” Alcatel, Siemens, Nortel et Avaya (ex-division de Lucent) ?” ont annoncé des boîtiers tout en un destinés aux PME. Avant tout prévus pour les établissements comptant moins de cent lignes téléphoniques internes, ces équipements combinent les fonctions de téléphonie classique, de téléphonie IP, d’accès partagé à internet et disposent de services ?” messagerie unifiée et centre d’appel, notamment. Le tout intégré pour faciliter la mise en ?”uvre. En effet, les PME ont rarement de solides compétences en informatique et télécoms en interne.

Un premier pas vers la téléphonie sur IP

Ce brusque intérêt pour les petites entreprises n’est pas innocent. Après avoir gavé de technologies les grands comptes, les leaders des télécoms doivent maintenant trouver de nouveaux marchés. Celui des PME, jusque-là un peu négligé, parce que sans doute moins générateur de gros contrats et plus difficile à appréhender, apparaît à propos pour prendre la relève. D’autant que la demande existe réellement. Selon une étude du cabinet de conseil Cesmo, les PME françaises consacrent près de 29 % de leurs investissements aux nouvelles technologies de l’information et de la communication ?” pratiquement plus que les grands comptes.“Ces investissements se font en général lors du renouvellement du PABX, qui a lieu tous les trois à sept ans dans les petites sociétés, précise Jean-Luc Koch, président du Cesmo. Ce peut être aussi à l’occasion d’un déménagement ou d’une extension.” Ce changement de matériel fournit aux fournisseurs une occasion rêvée pour pousser leur offre de téléphonie sur IP et faire miroiter de nouveaux services, tels la messagerie unifiée ou le centre d’appel. “Outils favorisant la compétitivité, ils n’intéressent plus seulement les grands comptes “, souligne Jean-Luc Koch. Et comme nombre de très petits établissements n’ont pas de réseau local, ce type de produit très intégré peut les inciter à franchir le pas et à s’équiper.L’adoption d’un tel boîtier partant souvent du changement du commutateur d’entreprise (PABX), il n’est donc pas étonnant que les premiers à le proposer aient été les champions de la téléphonie. Ils sont d’ailleurs aujourd’hui tous convertis à la téléphonie sur IP : il suffit souvent d’ajouter une carte d’extension à leurs PABX pour les doter de fonctions IP. Une manière habile d’amener ce type de solution. La PME, confiante dans la téléphonie classique, admet les avantages des services vocaux IP, tout en restant assez méfiante quant à leur fiabilité. En effet, même si les systèmes téléphoniques sur IP sont renforcés, l’utilisateur fait souvent le rapprochement avec la micro-informatique et les réseaux de données et leurs caprices. Cette solution du tout-en-un leur offre la possibilité de tâter de la voix sur IP tout en gardant un PABX classique.

Un routeur au c?”ur de l’offre de Cisco

Cisco, champion du monde des données, croit aussi dans ces boîtiers combinant voix classique, voix sur IP et accès à internet. Mais ?” expertise oblige ?” il fonde sa solution directement sur ses équipements IP. Ainsi, pour les PME de moins de cinquante postes, le c?”ur de l’offre est un routeur (séries 1700 ou 2600 ou 3600), auquel on ajoute le logiciel IOS Telephony Services. Les services associés sont téléchargés moyennant une licence. Cette offre démarre en France et en Italie. A l’inverse des PABX des constructeurs télécoms, les postes téléphoniques IP se raccordent directement, tandis que, pour connecter les autres, une carte d’extension sur le routeur est nécessaire. Pour les établissements ayant entre cinquante et cent postes, la solution se nomme ICS 7750. Elle est disponible aux Etats-Unis depuis un an et demi, et en cours de“localisation” pour l’Europe. “En fait, il ne s’agit pas d’un boîtier, mais d’une offre groupée, comprenant plusieurs éléments, comme un routeur, un commutateur, un serveur d’appel, un serveur de messagerie unifiée, livrés tout intégrés en usine”, précise Jean-Louis Tillet, responsable Business Development pour la France.Chez 3Com, autre champion des données, on est, en revanche, opposé à la solution du boîtier tout en un. “Ce n’est valable que pour les toutes petites structures ?” moins de vingt postes, peu susceptibles d’évolution ?”, souligne Bernard Mérindol, responsable voix et accès large bande. Nous sommes partisans de la solution à base de boîtiers spécialisés, communiquant parfaitement entre eux et gérés depuis un logiciel unique. Il est alors facile de changer une brique selon les nouveaux besoins, sans rompre l’homogénéité, comme cela arrive dans la solution boîtier unique lorsqu’on ajoute un routeur ou un pare-feu plus puissant que celui livré en standard.”

Services réseaux et applications de CTI

Alcatel, Siemens, Nortel et Avaya visent le même marché et mettent en avant la convergence voix et données sur IP. Leurs offres se ressemblent beaucoup. Par exemple, tous leurs produits offrent des services réseaux ?” serveurs DNS, pare-feu, proxy, etc. ?” et des applications de messagerie et de couplage téléphonie-informatique (CTI). Tous permettent également le raccordement de téléphones sans fil Dect. Ces équipements peuvent s’intégrer dans un environnement déjà existant, notamment si un réseau local existe. Les services et les applications sont généralement présents dans le boîtier, mais l’utilisateur peut ne retenir que ceux qui l’intéressent. Quitte à en ajouter d’autres ultérieurement en achetant une clé logicielle pour les débloquer. Tous sont aussi capables de se mettre en réseau et d’utiliser des liaisons IP pour acheminer le trafic voix-données intersites (IP Trunking). Enfin, s’ils se destinent aux établissements de moins de cent postes, ils ont des capacités d’extension allant jusqu’à cent quatre-vingts, voire cinq cents postes pour le Hipath 3000, de Siemens.Cependant, ils ne sont pas identiques. Le PCX Office d’Alcatel et le BCM de Nortel, partagent sans doute le plus de points communs. Par contre, le Hipath de Siemens est nettement plus orienté téléphonie et sa capacité est supérieure. En outre, les applications résident sur un serveur distinct. Quant à l’IP Office d’Avaya, il paraît le plus complet. Au prix, toutefois, d’une complexité accrue de l’offre, combinant une famille de boîtiers (401, 403, 406, 412) pour coller au plus au près des besoins de l’utilisateur, la configuration de base commençant à… deux postes.

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Jean-Pierre Soulès