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Les directions générales remettent de l’ordre dans leur organisation

Mauvaise surprise pour les informaticiens : alors que nombre de projets e-business arrivent à maturité, les directions générales en profitent pour remettre un peu d’ordre dans leur organisation.

Regroupement global de l’informatique ou filialisation totale de l’activité internet, une chose est sûre : les informaticiens du e-business ne sont plus sous les feux de la rampe. Et les arguments des dirigeants ne manquent pas pour justifier ce changement de politique.

Délicat problème de la fusion de deux structures

“Nous voulons faire en sorte que l’internet, soit une extension des magasins “, explique François Pereira, directeur des technologies, de l’architecture et du déploiement à la Fnac. Un slogan qui justifie à lui seul le récent rapatriement de l’informatique de Fnac.com au sein de la direction de l’organisation et des systèmes d’information (Dosi) du distributeur français de biens de culture et de loisirs. Terminée la gestion à la start-up ! Après un an d’existence, le site de vente en ligne du célèbre ” agitateur ” se restructure. Fnac Direct, la filiale de vente à distance, n’en assume plus désormais que la maîtrise d’ouvrage. C’est la Dosi qui reprend la maîtrise d’?”uvre.“Au démarrage, nous avons voulu cultiver l’esprit start up. Nous avions intérêt à regrouper les gens dans une entité séparée, sans trop nous interroger sur le fonctionnement par rapport à l’existant, commente Jean-François Bourgeois, directeur de l’organisation et des systèmes d’information. Nous sommes actuellement dans une étape d’intégration des deux systèmes”?” et donc des équipes…Car la Fnac se retrouve maintenant confrontée au délicat problème de la fusion de deux structures habituées à s’ignorer.

“Nous n’avions de commun que la comptabilité, confie un salarié de la Dosi. Les équipes de Fnac.com, nous ne les connaissons pas.” Et Fançois Pereira admet qu’il s’agit d’un “mariage d’expériences, où les équipes doivent apprendre à travailler ensemble”. Mais la Fnac se refuse à approfondir ce sujet sensible. Si Nouvelles Frontières, qui a opté pour le même type d’organisation qu’elle, est plus loquace, il faut bien dire que le problème a été contourné. Grâce au jeu des restructurations successives.

A la Société Générale, tous les modèles cohabitent

“Chez Nouvelles Frontières, l’internet est arrivé en 1995, commente Michel Bré, directeur général de la filiale NF Online. Cela semblait tellement compliqué que cela a été confié à l’informatique. C’est elle qui portait tout. Puis les équipes techniques ont été détachées avec la maîtrise d’ouvrage. Le problème, c’est que l’on butait sur la partie technique.”Il ne restait donc ici qu’à détacher pour de bon la tête pensante ?” qui conçoit et anime le e-business du groupe ?” et à réunir des équipes informatiques habituées à travailler ensemble. Regroupement de l’informatique ou exil de la maîtrise d’ouvrage, le résultat en termes de structure est donc le même.Alors, s’agirait-il d’une tendance au retour des organisations traditionnelles, caractérisées par une informatique centralisée au service de toute l’entreprise ? Difficile à évaluer lorsque certaines sociétés en sont encore à choisir l’opposé.Ainsi, aux hypermarchés Cora, on indique que “le site Houra.fr est totalement indépendant. C’est d’ailleurs pourquoi il ne s’appelle pas Cora.fr”. Et à la Société Générale, tous les modèles cohabitent.

“Ce qui guide un mode plutôt qu’un autre, c’est le type de projets à mener, explique Yvan Mirochnikoff, responsable du développement de projets e-business. Quand l’activité développée complémente l’un de nos métiers, elle reste en interne. La filialisation, elle, peut intervenir en partenariat avec d’autres acteurs ?” du secteur bancaire, par exemple.”

Le souci majeur est de gagner en réactivité

Le choix d’une organisation plutôt que d’une autre semble donc avant tout lié aux stratégies de l’entreprise par rapport à son activité. Mais, là encore, le poids de l’informatique dans le processus décisionnaire est devenu plus que relatif. Si Cora a opté pour la séparation, la Fnac mise sur la mutualisation des moyens.

“Ceux qui ont des entités à côté n’ont pas de vision globale de leur activité”, plaide Jean-François Bourgeois son directeur de l’organisation et des systèmes d’information.Le souci majeur des enseignes jouant sur des secteurs concurrentiels ?” que ce soit la banque, la distribution ou autres ?” est de gagner en réactivité. Le recours à la sous-traitance, c’est-à-dire aux compétences externes, est d’ailleurs couramment utilisé. La Fnac a ainsi retenu Microsoft pour développer son site.

” Son objectif était de mettre en ligne Fnac.com avant l’arrivée en France d’Amazon, explique Jean-Philippe Chabaud, chef de produit serveurs Windows 2000 chez l’éditeur. Nous étions les seuls à pouvoir garantir un délai de réalisation de trois mois. “La question du développement en interne ne s’est sans doute même pas posée. Il en va de même pour Yvan Mirochnikoff ?” le responsable du développement de projets e-business de la Société Générale ?” qui indique que cette dernière “a recours à des prestations externes, surtout pour créer des filiales.” Les informaticiens, renvoyés dans leur rang, ne sont désormais pas plus considérés que les autres corps de métier.

Toutes les fonctions doivent intégrer internet

“C’en est bien fini de la prépondérance du technicien”, confirme Michel Bré, directeur général de la filiale NF Online. L’informaticien du e-business n’est plus une race à part. A la Fnac, que ce soit pour le e-commerce ou pour gérer l’informatique de la soixantaine de magasins du groupe, ” les profils de chefs de projet sont les mêmes “, affirme Jean-François Bourgeois.“Depuis trois ans, il y a eu un mouvement de fond, y compris au niveau de l’exploitation, explique, de son côté, le responsable de projets e-business de la Société Générale. Tous les informaticiens ont intégré le ” e ” d’e-business. La frontière entre les informaticiens dits traditionnels et ceux orientés internet est maintenant très floue.”Et comme les projets e-business s’appuient tout d’abord sur un c?”ur de métier, en dehors des SSII, ce sont donc bien les opérationnels issus du secteur d’activité de l’entreprise qui sont sollicités les premiers.

“Les personnes les plus au courant des besoins de l’entreprise en termes de nouveaux services sont sur le terrain”, confirme Denis Mathis, responsable SGeProjects, cellule d’accompagnement des salariés dans le lancement de projets internet à la Société Générale.En conséquence, toutes les fonctions de l’entreprise doivent intégrer internet dans leur activité. Et si le e-business génère de nouveaux métiers, force est de constater que les webmestres, les ” traffic managers “?” qui organisent et mettent en ?”uvre les campagnes de publicité en ligne ?” et autres métiers en ” e ” sont tout sauf des informaticiens.

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Jean-Marie Portal