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Les constructeurs lèvent le pied sur la high-tech

La voiture communicante ne sera pas la star du Mondial 2002 de l’Automobile. Mais, malgré la frilosité télématique ambiante, l’innovation fait le plein.

Pas de surenchère à la voiture la plus intelligente ou la plus communicante : le Mondial de l’Automobile (28 septembre au 13 octobre, à Paris, Porte de Versailles) prend ses distances avec l’ardeur high-tech de l’édition précédente. En 2000, bulle internet oblige, un “Cyber hall” déclinait toutes les utilisations des NTIC dans l’univers automobile, du site d’e-commerce à l’envoi d’e-mails au volant. Deux ans plus tard, les démonstrations se font plus rares et la télématique, convergence promise entre l’automobile et les télécoms, attend encore d’être commercialisée.

Hy Wire, Ellypse, H2O

L’innovation, indispensable pour attirer le million et demi de visiteurs attendus, reste néanmoins au programme. Chez les constructeurs, le concept-car se veut “propre” ou “by wire”, lorsque l’électricité s’immisce dans des liaisons jusque-là entièrement mécaniques, comme la direction ou le freinage. Et si possible les deux à la fois, comme dans le prototype Hy Wire de General Motors, qui allie la technologie de la pile à combustible et les commandes électriques. “Nous serons discrets sur tout ce qui touche à l’e-véhicule, reconnaît-on chez Renault. Traditionnellement, nos “concept-car” servent à communiquer sur les nouvelles technologies, mais cette fois-ci, l’accent sera surtout mis sur les valeurs qui les sous-tendent.” La marque au losange ne présentera ainsi qu’un seul prototype, Ellypse, doté d’un diesel réduisant les émissions polluantes et d’un système de direction et de freinage électriques, le tout enrobé dans un discours très environnementaliste sur la mobilité durable.Chez Peugeot, Prométhée, voiture communicante présentée en 2000, laisse la place à H2O, un véhicule de pompier développé à partir d’une 206 et doté d’une pile à combustible, qui lui permet de produire de l’électricité et de l’eau.

Citroën persiste

Parmi les constructeurs, seul Citroën persiste à décliner les NTIC en plusieurs prototypes proposés à l’essai. Le premier, une Xsara PDA (pour Picasso Digital Assistant) propose un système d’aide à la navigation via un PDA connectépar une liaison sans fil Bluetooth. “Cela permet de faire l’économie du système de navigation embarqué, puisque les données cartographiques sont téléchargées à la demande et s’affichent sur l’écran du PDA, explique Patrick Sicot, le maître d’?”uvre de la solution chez Citroën. Cette expérience met en valeur la continuité d’usage du PDA que beaucoup d’entreprises fournissent à leurs salariés.” Mais la déclinaison commerciale du système n’est pas programmée, notamment parce qu’elle viendrait concurrencer l’Auto PC, le système de navigation maison présenté il y a quatre ans.Celui-ci continue d’ailleurs son évolution, en partenariat avec Orange (filiale de France Telecom). L’opérateur télécoms fournit déjà la carte SIM jumelle, indispensable au système, et enrichit ce service avec un serveur vocal interactif : le conducteur énonce le nom de la personne ou de l’entreprise chez qui il se rend, le serveur définit l’adresse de destination, puis le système de navigation propose l’itinéraire. Mais Citroën ne s’arrête pas là puisque seront aussi présentés des véhicules proposant la TNT, la télévision numérique terrestre. Déclinée sur un C5 et un C8 multimédia TNT, la solution permet de regarder la télévision dans la voiture, en roulant, avec une qualité d’image numérique. “Cette solution, qui repose sur un partenariat signé cet été avec le diffuseur Towercast, pourrait devenir prioritaire dès que la TNT sera lancée”, prévient Patrick Sicot.S’il se réjouit de tester la formule auprès du public, il ne peut s’empêcher de regretter de ne pas avoir réussi à finir dans les temps un véhicule Wi-Fi. L’utilisation de cette technologie de réseau sans fil à haut débit devrait ouvrir la voie du téléchargement de films dans la voiture, grâce à une borne Wi-Fi, dans une station service, par exemple. Citroën fait ainsi figure d’exception parmi les constructeurs, en persistant à défricher les usages possibles des nouvelles technologies, et surtout en présentant ses expérimentations au public.

Allo, ici Bluetooth

Pour autant, cela ne veut pas dire que les autres ont totalement passé les NTIC par pertes et profits. Seul Ford a momentanément jeté l’éponge en sabordant Wingcast, sa coentreprise télématique avec l’opérateur télécoms Qualcomm, en juin dernier. Les autres se contentent cette année d’assurer une discrète promotion des offres déjà lancées, à l’image de Renault et de son système de navigation Carminat.La seule nouveauté high-tech à tirer son épingle du jeu dans l’agenda commercial des constructeurs est la technologie sans fil Bluetooth, qui permet une utilisation plus sûre du portable. Le conducteur peut en effet conserver son téléphone dans sa poche, tandis que la communication est répercutée dans l’habitacle via un micro et les enceintes de l’autoradio.Depuis quelques mois, cette fonction était proposée dans le haut de gamme, parmi les dizaines de possibilités de l’ordinateur de bord iDrive de la série 7 de BMW, par exemple. Mais, si le constructeur bavarois propose désormais cette option sur l’ensemble de sa gamme, il ne fera pas tester la fonction Bluetooth sur le salon… par crainte du vol de portable. La formule pourra toutefois s’essayer dans la minuscule Smart. En effet, la filiale de DaimlerChrysler lance une série limitée équipée Bluetooth avec l’opérateur mobile Orange, téléphone et abonnement inclus.

Equipements en série ?

Les nouveautés télématiques ne sont certes pas légion chez les constructeurs pour cette édition 2002 du Mondial de l’Automobile, mais certains n’hésitent pas à y voir un signe de maturation du marché, à l’instar d’Erich Nickel, le directeur Monde de la division télématique d’IBM. “La première vague de l’enthousiasme est derrière nous, il s’agit maintenant de montrer uniquement ce qui peut avoir une réalité pour la grande série, explique-t-il. Et si les offres commerciales semblent tarder, ce n’est pas tant que les constructeurs tâtonnent en termes de technologie, mais parce qu’ils essaient de créer des business models viables.” Ainsi, la solution de diagnostic à distance du véhicule présentée par IBM il y a deux ans, en partenariat avec Citroën, est plus que jamais d’actualité, selon lui, même si la démonstration n’a pas été reconduite cette année. “Le diagnostic à distance ?” et la possibilité pour le constructeur d’effectuer en ligne des opérations de maintenance préventive ?” permet de mieux gérer le cycle de vie de l’automobile, ce qui devrait être un important facteur de réduction de coûts”, prévoit Erich Nickel.En épargnant, par exemple, aux constructeurs les dispendieux programmes de rappel de véhicules. Reste que le système devra être proposé au moindre coût, voire gratuitement, pour que le conducteur mette le service à son propre agenda.

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Maxime Rabiller