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Les carnets de Netego

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler?” et parfois crier ?” plus librement…

Macho, moi ?

Chose commune à toutes les entreprises, qu’elles soient net ou pas : l’envie de tuer ses collègues. Pas tous bien-sûr, mais quelques-uns. Ou même un peu plus… Ne faites pas l’ange : vous aussi, vous connaissez ce sentiment. Avouez-le : une ou deux fois, vous n’auriez pas craché sur un bon petit crime parfait, sur l’assassinat de votre boss insensible ou sadique, de votre concurrent à tel poste tant convoité, spécialiste mondial des coups bas, ou de votre insupportable secrétaire, qui réussit quotidiennement l’exploit de se tourner les pouces en se faisant les ongles…Malheureusement, notre personnage social prenant le pas sur notre personnage primal, nous nous abstenons d’occire. Mais voilà : nous ne jurerions pas que ça va durer ! L’air du temps nous pousse au crime. Nous nous rapprochons chaque jour un peu plus de la ligne jaune, un couteau entre les dents. Rêvant de l’enfoncer (en vrillant bien profond) dans la maigre omoplate ou le gros ventre de tous ces fâcheux. À Béziers et dans certaines banlieues, on fait moins de manières : quand la haine les chatouille, pas d’hésitation, ils prennent leur lance-roquettes ou leur bazooka made in Kosovo, et boum.C’est ce qu’est en train de me faire Charlotte, notre nouvelle directrice adjointe. Elle veut me dessouder avant que je l’explose. Motif : elle sait que je déteste ses manières de hussarde maquillée en psychologue humaniste. Ajoutez que mon talent de directeur de la communication la gêne comme une épine dans le talon de ses mules Prada. Car elle veut aussi prendre en charge la com’, sur laquelle elle professe des idées aussi profondes que les théories européennes de Gerhard Schröder sur la choucroute de poisson. Bref, elle et moi, c’est chienne et chat. Il va bientôt y avoir un mort sur la moquette. Et parti comme c’est, ce ne sera pas elle. Son bazooka vient, en effet, de cracher un obus qui m’a mis les tripes à l’air : devant le comité de direction au grand complet, elle m’a accusé de machisme ! Accusation fatale, qui prouve à quel point les femmes sont détestables !Non, pardon, je voulais dire : “certaines” femmes, pas toutes bien-sûr… Euh, excusez-moi encore : je ne voulais pas dire “certaines “, mais seulement Charlotte, je le jure ! Eh bien, ils ne m’ont pas cru. Galvanisés par cette furie, ils ont relevé dans mes remarques objectives à son propos des mots jugés impardonnables de sexisme : “Charlotte est hystérique“, et “ Charlotte n’a rien dans le chignon “. Aggravés, paraît-il par ce sévère mais juste : “Les deux hémisphères les plus efficaces de Charlotte ne sont pas ceux de son cerveau “. Qu’y puis-je, si notre boss Roland, dont elle électrise savamment la libido, l’a bombardée numéro 2 pour des raisons 100 % hormonales, transformant notre organes-igramme en appareil génital ?J’aurais dû me taire. J’ai vexé Roland, outré Charlotte, gêné les autres. Et allumé une bombe à retardement : mon assistante, qui appelle les Chiennes de Garde dès que j’ose lui faire remarquer qu’elle pourrait n’aller chez le coiffeur que le week-end, et éviter de confondre RTT avec Retard Tout le Temps. N’ayant à ce jour violé ni harcelé personne, je m’en suis tiré. De justesse. Mais maintenant, je suis sous surveillance. Moralité ? Toutes des flics ! Non, je nai rien dit…

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La rédaction