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Les câblo-opérateurs européens, en tête dans la course au très haut débit

En convertissant leurs accès câble en liens très haut débit, les câblo-opérateurs gagnent facilement des parts de marché partout en Europe, y compris en France. Les opérateurs FTTH, au contraire, font face à des déploiements coûteux.

On l’avait un peu oublié, et pourtant il revient sur le devant de la scène : le câble coaxial. Alors que les opérateurs historiques européens se creusent la tête comment ils vont bien pouvoir déployer la fibre optique en ces temps de disette, les câblo-opérateurs avancent à pas chargé. Dans presque chaque pays où les câblo-opérateurs sont présents, ils dominent le marché du très haut débit fixe (THD). Dans l’Europe des 27, le câble de type Docsis 3 – qui permet d’atteindre des très hauts débits — couvre en moyenne presque 40 % de la population quand la fibre optique dépasse à peine les 10 % et le VDSL 20 %.

La France ne déroge pas à cette règle. En dépit d’une volonté étatique très prononcée en faveur du FTTH, il y a moins de gens qui accèdent au THD par l’intermédiaire d’une fibre optique que d’un câble coaxial, en occurrence celui de Numéricable, unique câblo-opérateur en France. Selon l’Arcep, le câble THD  offre des accès supérieurs à 100 Mbit/s à plus de 4,7 millions de logements.  Alors que la fibre optique FTTH  n’est éligible que pour 2,1 millions de logements. Soit deux fois moins. Au niveau commercial, c’est encore plus flagrant. Le réseau de Numéricable accapare 81 % de parts du marché THD (en incluant les abonnées de Bouygues qui utilise son réseau), contre 11 % pour Orange, 3 % pour SFR et 3 % pour Free. Comment est-ce possible ?

Le grand avantage des câblo-opérateurs est qu’ils peuvent sans grande difficulté convertir leurs accès TV/haut débit en accès très haut débit. Les câbles sont déjà posés jusque dans le salon de l’utilisateur final. Il n’y a pas besoin de les remplacer, une mise à jour des équipements terminaux suffit pour transformer le bon vieux câble coaxial en autoroute de l’information, avec des débits pouvant théoriquement aller jusqu’à 400 Mbit/s en descendant, et 100 Mbit/s en montant. Numéricable, d’ailleurs, propose d’ores et déjà des offres THD à 200 Mbit/s.

Evidemment, les câblo-opérateurs utilisent aussi la fibre optique, mais seulement jusqu’au dernier amplificateur. Or, ce sont souvent les derniers mètres qui sont les plus chers à déployer. Ainsi, les autres opérateurs, s’ils veulent déployer la fibre optique jusqu’à l’abonnée (FTTH), doivent non seulement tirer la fibre au niveau de la chaussée, mais également avoir l’accord des occupants pour « fibrer » l’intérieur des habitations (propriétaires, copropriétaires, locataires).

Les réseaux FTTH ne seront rentables qu’au bout de 20 ans

Une procédure souvent longue et semée d’embûches : il faut l’autorisation de la ville pour éventuellement creuser des tranchées, il ne faut surtout pas rater l’AG annuelle des copropriétaires, il faut prendre rendez-vous avec les locataires, il faut prévoir des travaux de perçage dans les appartements, etc. « Déployer un accès FTTH coûte en moyenne 1000 euros par logement, contre 200 euros en câble THD », souligne Damien Chew, directeur chez Fitch Ratings, une agence de notation, qui estime que les câblo-opérateurs sont actuellement en position de force et vont encore dominer le marché THD dans les années à venir.

Car non seulement le déploiement en fibre optique est nettement plus cher que la réutilisation du réseau câblé, mais en plus les offres THD ne sont pas particulièrement rentables. « Les offres Fibre ne génèrent que 3 à 5 euros de revenus supplémentaires par abonné, comparé au DSL. Chez France Telecom, le réseau FTTH mettra 20 ans avant d’être rentable », ajoute Damien Chew.

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Gilbert Kallenborn