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Lenovo : le géant informatique affirme sa domination et se la joue anti-Huawei

Numéro 1 mondial de l’informatique, le Lenovo continue de grignoter des parts de marché. Un géant qui diminue avec succès sa dépendance à la Chine et se revendique comme une marque globale pour se la jouer « anti-Huawei ».

« Un PC sur quatre vendus dans le monde est un Lenovo » : ce commentaire d’une slide PowerPoint de la conférence de presse IFA 2019 de Lenovo donne le ton. Sans forfanterie, à la manière d’un gentil géant, Lenovo a présenté sa nouvelle gamme de PC portables Yoga dont nous vous avons parlé tout en faisant un état des lieux de sa situation. De sa très bonne situation même : le numéro 1 mondial de l’informatique est un mastodonte qui se porte comme un charme sur un marché pourtant annoncé chaque année comme en déclin.

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Des stations de travail aux ultra portables en passant par le segment gaming – et sans même aborder les serveurs et autres super calculateurs – tous les voyants des différentes divisions sont au vert. Le marché gaming progresse de 1,6% ? Lenovo – certes arrivé après certains acteurs – progresse de 27,8%. Sur le dernier trimestre, le chiffre d’affaire de la division PC de Lenovo progresse ainsi de 12%, une situation unique dans le monde.

Mantra : “Ceci n’est pas une entreprise chinoise”

Adrian BRANCO / 01net.com – Francois Bornibus, President de Lenovo EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique)

« Lenovo est une entreprise chinoise sur le papier, mais pas tant que cela en réalité », souligne le français François Bornibus, Président de la division EMEA qui regroupe l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Il en tient d’abord pour preuve l’organisation même de son unité. « Dans de nombreux groupes asiatiques et notamment chez les groupes chinois, de nombreux Chinois sont envoyés dans les marchés locaux », poursuit-il – un fait que nous avons constaté depuis des années et qui est aussi valables pour les entreprises coréennes ou taïwanaises. « Parmi les 4.000 employés de ma zone (EMEA), il n’y a quasiment aucun Chinois ». La raison que François Bornibus invoque en premier lieu est la « confiance que le siège chinois a dans les équipes locales. Les locaux savent gérer les besoins et problèmes de leur région. »

Il y aurait aussi une différence de culture, d’ADN. Le groupe Lenovo, qui a racheté les divisions informatiques d’IBM serait aussi « une entreprise multiculturelle », avec des centres de recherche et développement au Japon (Thinkpad), aux USA (serveurs), etc. Mais, il y a aussi une différence de dépendance aux marchés et de capitaux. « Il y a neuf ans, Lenovo c’était 9% de parts de marché dans la zone EMEA ». Et la Chine représentait plus de 50% de son marché. Aujourd’hui, la Chine ne représente plus que 25% des ventes, autant que chacune des autres régions (Asie-Pacifique – hors Chine -, EMEA et Amériques).

L’anti-Huawei

A.B. / 01net.com – Le stand de Lenovo à l’IFA 2019 de Berlin.

Quant à la dépendance aux actionnaires, Lenovo tient à souligner que le groupe est une entreprise indépendante. « En termes de gouvernance, 68% des actions de l’entreprise sont en libre circulation, 10% sont détenues par les employées et le reste est détenu par Legend, une entreprise de Lenovo », détaille François Bornibus. Soulignant même avec insistance que « nous ne dépendons pas de capitaux chinois », taclant sans le nommer l’autre géant électronique qu’est Huawei. Un Huawei sous le feu de l’administration Trump en partie pour le caractère obscur de sa gouvernance et de la provenance de ses capitaux, Pékin étant suspecté d’être largement à la manœuvre – ce que Huawei dément.

A.B. / 01net.com

Et François Bornibus de souligner que « le PDG de Lenovo vit aux USA », que l’entreprise dont certains éléments furent jadis des divisions d’IBM (International Business Machines en son temps !) continue de travailler main dans la main avec la défense américaine sur de nombreux projets. Une façon supplémentaire de frapper Huawei qui est écarté de facto sur de nombreux programmes civils – pour le militaire, ce n’est même pas la peine.

Plus discret et moins flamboyant que son compatriote, Lenovo se pose en anti-Huawei. Une stratégie qui lui permet de continuer son chemin et de financer son retour dans le segment premium des smartphones avec sa marque Motorola. « Motorola est une marque premium : nous voulons le cœur de marché, mais aussi le haut de gamme », professe François Bornibus. C’est tout le mal qu’on lui souhaite, mais au vu des prouesses que produisent Huawei, Apple et Samsung, il va falloir être un peu plus flamboyant pour s’imposer sur un marché qui n’a pas grand-chose à voir avec l’informatique.

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