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Leica S3 : bienvenue au reflex le plus cher du monde

Avec son énorme viseur optique et son capteur moyen format de 35 x 45 mm, le Leica S3 est un reflex d’exception. À un prix d’exception : 18 600 euros boîtier nu.

Il y a les appareils photo et il y a les Leica. Alors que les marques japonaises souffrent toujours de l’effondrement des volumes de production causé par l’ère « smartphones », Leica lance tranquillement ses produits de niche comme son nouveau S3.
De niche ? Oui, car à 18 600 euros boîtier nu, le S3 est un appareil d’exception, même pour Leica. C’est de loin le boîtier le plus cher de la marque, hors éditions spéciales.

Pour ce tarif vous avez droit à un reflex hors normes équipé non pas d’un capteur 24 x 36 mm comme les boîtiers de Canon, Nikon et Ricoh-Pentax, mais d’un capteur moyen-format de 35 x 45 mm appelé par Leica « ProFormat ». Soit une surface utile presque doublée par rapport au plein format (1728 mm² contre 864 mm² pour le 24 x 36), et un soupçon supérieure aux capteurs des GFX de Fujifilm qui ne mesurent « que » 43,8 x 32,9 mm.
Seul Hasselblad dispose d’un capteur plus grand de 54 x 40 mm, mais le format reflex des Leica S s’avère bien plus facile à manipuler que les gros appareils de son concurrent.

Capteur 64 Mpix

Si l’A7R Mark IV de Sony affiche 61 Mpix, les 64 Mpix du grand capteur du Leica S3 devraient produire des images d’une autre dimension. Primo parce que le plus grand capteur produit des zones de netteté encore plus fines.

Et deuxio parce que chaque photosite (improprement appelé « pixel ») est bien plus grand et donc bien plus sensible qu’un « vulgaire » capteur 24×36. De ce fait, le capteur du S3 afficherait 15 diaphs (15 IL) de plage dynamique. De quoi récupérer beaucoup d’informations dans les zones sombres comme les hautes lumières sans trop de perte de détails.

Côté sensibilité, le processeur Maestro II gère une plage allant jusqu’à 50 000 ISO, ce qui laisse présager un rendu de qualité jusqu’à au moins 6 400 ISO.

Equipé pour la vidéo 4K DCI

À partir du lancement du SL, Leica a commencé à se positionner sur le segment de la vidéo, grâce notamment aux composants et savoir-faire de son partenaire technologique Panasonic.
Le S3 ne joue pas la même partition que le nouveau Leica SL 2, qui est sans aucun doute le plus capable des deux boîtiers, mais il ne semble pas manchot.  Sous-échantillonnage des couleurs en 4:2:2 (mais seulement en 8 bit), gestion du timecode, mode 4K cinéma sans recadrage, etc. Le boîtier a un bon potentiel électronique. Mais son atout principal est surtout son très (très) grand capteur, capable d’offrir une excellente isolation des sujets.

Atout obturateur central

Si Leica a prévu l’usage vidéo, il semble évident que le premier public sera constitué de photographes. Outre la qualité d’image promise par le capteur, le S3 veut convaincre avec l’atout majeur de Leica : les optiques. Ou plus précisément les focales fixes, le système S ne disposant pour l’heure que d’un seul zoom, le Vario-Elmar-S 30-90 f/3.5-5.6 ASPH équivalent à un 24-72 mm en 24×36.

Outre la réputation optique de Leica qui est un des grands maîtres du genre, c’est aussi l’obturateur central des optiques de la ligne S qui intéressera les photographes notamment de studio.
En plus de l’obturateur mécanique « classique » intégré au boîtier, 6 des 9 focales fixes et le zoom (signalé par la mention CS pour « central shutter », appelé aussi « leaf shutter ») intègrent un obturateur dit « central ».

Parmi les avantages de ce type de mécanisme, on retrouve l’absence de déformations de l’image causées par la lecture du capteur (l’obturateur s’ouvre et se ferme depuis le centre de l’optique) mais aussi une synchronisation au flash à des vitesses bien supérieures qu’avec un obturateur focal.
Avec un obturateur central, on peut shooter au flash jusqu’au 1/1000e de seconde, compter du 1/250e au maximum avec un obturateur sur plan focal.

Appareil de terrain

Au contraire des M qui ne sont pas tropicalisés – mais qui sont pourtant des boîtiers de terrain – le S3 répond au cahier des charges de réflex de terrain en affichant de très nombreux joints d’étanchéité. De quoi le protéger en expédition contre humidité et poussières, même si Leica ne s’engage pas sur un niveau ou une norme de résistance.

Côté performances, il est bon de préciser qu’il ne s’agit pas d’un boîtier « sport ». La rafale est limitée à 3 images par seconde et la mémoire tampon est limitée à 6 images consécutives avant ralentissement.
Portraits, scènes de vie, paysages et consorts ne poseront aucun problème, mais il faudra repasser pour le reportage qui tape et les scènes d’action.

Au rang des limites voire des anachronismes il faut noter l’obturateur plan focal limité au 1/4000e (ce qui n’est pas foncièrement grave) ou encore l’utilisation des antédiluviennes cartes Compact Flash. Sans doute développé avec beaucoup moins d’apports technologiques de Panasonic, le S3 ne fait pas appel à de la XQD comme le SL2. Même si, comme son frère, il dispose d’un second emplacement pour cartes mémoire SD.

Profitant d’optiques et d’un capteur d’exception, le Leica S3 affiche un prix lui aussi d’exception de 18 600 euros – on le répète, tant ce prix semble colossal. Il vise un public de photographes « stars », qui veulent faire la différence autant par le look de leurs images que celui de leur boîtier.

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