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Leica lance le SL2, son second boîtier hybride à capteur plein format

Basé sur la plate-forme technique du Panasonic S1R, le Leica SL2 va plus loin en vidéo et propose une qualité de fabrication – tropicalisation, IP 54 – ainsi qu’une ergonomie made by Leica.

« Voici le meilleur appareil photo que nous ayons jamais conçu » : les responsables de Leica France ne mâchent pas leurs mots quand ils présentent leur nouveau bébé, le SL2. Quatre ans après le lancement de son premier hybride à capteur plein format, le SL, Leica lance un boîtier en partie basé sur l’électronique du S1R, le boîtier haute définition de son partenaire Panasonic. Loin d’être une simple transplantation de carte mère, le SL2 est un boîtier avec une ergonomie et une conception bien différentes de celui du japonais.

Quoi que relativement semblable à son aïeul sur les photos, le SL2 a pourtant été revu de fond en comble, autant côté prise en main que matériaux. S’éloignant de sa philosophie « tout aluminium » de ses débuts dans les hybrides (Leica T, SL), Leica ne conserve l’alu que pour les capots et semelles, l’alliage de magnésium moulé prenant (enfin !) le contrôle du reste de la coque. Un magnésium à peine plus léger mais surtout plus résistant, plus « plastique » dans sa capacité d’encaisser les chocs. Mais aussi plus malléable à la production et plus à même de se marier, dans la durée, avec la poignée en élastomère.

Pour avoir essayé l’appareil pendant un peu plus de deux heures, la prise en main est effectivement plus agréable et stable que celle du SL. Cela tout en conservant le côté agréable de la conception monolithique de son aïeul. De ses aïeuls devrions-nous plutôt dire, le design du SL2 étant basé sur une fusion entre les lignes du Leicaflex SL et des Leica R3 et R4. Un travail de lignes droites et de courbes où le diable est dans les détails, de la taille du logo à la nature du revêtement choisi. Une chose est sûre : sa prise en main et son look collent clairement à son positionnement haut de gamme. Seul regret de cette approche en un seul bloc, c’est que l’écran tactile est fixe, contrairement à l’immense majorité des boîtiers actuels. Mais il y a une bonne raison à cela : le SL2 est taillé pour tous les terrains.

Boîtier tropicalisé certifié IP 54 

Les constructeurs photo japonais sont plutôt frileux pour qualifier la résistance de leurs appareils, se contentant de parler de matériaux et de joints, de températures et de pression, mais sans jamais s’engager plus avant. Nos cousins allemands sont moins timorés et annoncent clairement la couleur en affirmant que le SL2 est certifié IP 54, c’est-à-dire qu’il est protégé contre les poussières (le 5) et protégé contre « les projections d’eau provenant de toutes les directions » (le 4). Est-ce à dire que le SL2 est plus résistant qu’un OM-D E-M1 Mark II ? Pas sûr, mais ce qui est certain, c’est que Leica s’engage à ce que son appareil fonctionne parfaitement même sous une pluie importante et ne souffre pas (trop) des poussières lors d’un trip dans une vallée poussiéreuse.

Electronique Panasonic en version « plus-plus »

Leica a signé un bon deal avec Panasonic pour ce SL2 puisqu’il récupère à la fois la définition d’image du Lumix S1R, mais aussi un mode vidéo encore plus riche que le Lumix S1. Une sorte de « Super S1/S1R », une image qui colle bien avec son nom de code interne de Vader (Vador en anglais). Si le capteur 47,3 Mpix est en grande partie basé sur celui du S1R, son réseau lenticulaire de surface est pourtant différent puisqu’il a été développé pour prendre aussi bien en charge les optiques en monture L que les anciennes optiques en montures M (télémétrique) et R (reflex argentique).

Même son de cloche pour le viseur électronique. S’il reprend bien la dalle 5,7 Mpix du S1R, le bloc optique placé devant la dalle est développé par les ingénieurs de Leica. Il promet d’être plus lumineux, plus large et avec un meilleur dégagement oculaire. Il faudra avoir le S1R au moment du test pour vérifier la promesse des ingénieurs de Wetzlar.

Non content de reprendre l’électronique de Pana’, le SL2 va profiter du même mécanisme de stabilisation du capteur que les S1 et S1R. Une première technologique pour Leica qui va permettre aux détenteurs d’optiques M et R de profiter au maximum de leurs anciennes optiques.

Côté performances, le SL2 qui s’appuie sur le processeur maison Maetro III (en partie développé avec Panasonic) propose toujours le mode multishoot qui combine plusieurs images pour produire un fichier de 187 Mpix

Taillé pour les plateaux de tournage

Outre le mode 4K DCI que l’on avait déjà vu arriver pour la première fois dans un appareil photo, le SL2 introduit un mode 5K30p au format cinéma Super 35 mm. Le tout – excusez du peu – avec des modes d’enregistrement 4:2:2 10 bit aussi bien interne (jusqu’à 30p) qu’externe (60p) et la gestion des LOG et autres Hybrid LOG pour faciliter le travail d’étalonnage colorimétrique.

Cette opération séduction du milieu cinéma va jusque dans les menus qui « parlent » le chef op couramment : en mode vidéo, l’ouverture est affichée en « T Stop » et non en ouverture « f/ » comme dans le monde de la photo. Et plutôt que de parler de temps d’exposition, le SL2 affiche l’angle de l’obturateur. C’est sans doute inutile pour les photographes, mais les vidéastes qui ont la culture des caméras cinéma apprécieront.

S’il est moins avancé en vidéo que le Panasonic Lumix S1H, le SL2 domine cependant les S1 et S1R sur ce plan.

Tarif élevé mais pas délirant

5999 euros c’est une somme, on ne va pas se mentir. Mais mise en perspective avec le tarif de lancement du premier SL en 2015 (6900 euros), l’explosion des tarifs du marché de la photo et l’image de marque de Leica, nous ne vous cachons pas que nous avons été surpris par la relative sobriété de Leica. Par rapport à un M10-P qui n’intègre pas le centième des technologies et qui coûte 1650 euros de plus, et en prenant en compte que le SL2 propose à la fois la partition photo du Lumix S1R et des compétences vidéo un peu supérieures à celles du Lumix S1, le tarif du SL2 n’est pas exagéré. Surtout pour un professionnel qui le paiera hors taxes et peut espérer le rentabiliser avec quelques productions à haute valeur ajoutée (même si nous savons bien qu’elles restent rares pour le commun des photographes pros).

Bien sûr, la griffe Leica en fait un objet statutaire et une partie de la cible a un profil de fan et/ou de fortuné. Mais cela n’enlève rien au fait que la qualité de partition technique et le positionnement tarifaire « raisonnable » en font un appareil que des pros peuvent envisager d’acheter pour travailler. Ce d’autant plus qu’a contrario du SL qui ne disposait, en 2015, que d’optiques Leica, les photographes profitent en cette fin 2019 d’un parc élargi aux optiques Sigma et Panasonic.

Pionnier du segment plein format avec Sony puisque le SL a été lancé fin 2014 – bien avant Nikon, Canon, Sigma et même Panasonic –, Leica lance avec son SL2 un boîtier toujours à la pointe. Profitant de son partenariat technologique avec Panasonic, l’allemand se paye le luxe de ne pas faire exploser le compteur de prix tout en proposant une liste de fonctionnalités longue comme le bras.

Le Leica SL2 sera disponible le 21 novembre à 5999 euros.

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Adrian Branco