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LeadBees, des ruches tahitiennes aux couloirs de Station F

La start-up polynésienne LeadBees a développé une solution de surveillance à distance des ruches que les apiculteurs s’arrachent. Au point de taper dans l’œil de Station F, la mecque des porteurs de projets.

Rien ne prédestinait le lauréat du prix Tech4Islands du Digital Festival Tahiti, Kevin Heremoana Besson, à devenir celui qui s’apprête à révolutionner le secteur de l’apiculture. Cet autodidacte qui réparait les ordinateurs de son collège (et dont il avait l’accès admin du réseau) se dirige naturellement vers un BTS et une licence en informatique. Repéré par l’Université de Polynésie Française, il y devient technicien informatique avant de rejoindre le groupe Hersant, comme administrateur système et réseau. Il crée ensuite sa propre entreprise Aware Systems (en référence à un certain Jean-Claude Vandamme), où il aide des particuliers et des professionnels à réaliser des économies d’énergie via des solutions domotiques qu’il est l’un des rares à maîtriser à Tahiti. La structure cartonne, mais il rêve de mettre ses connaissances au profit de sa véritable passion, l’apiculture.

Il met en sommeil Aware Systèmes et planche sur une solution qui permettrait de gérer son cheptel de ruches en ligne, et surtout sur une sonde capable de récolter des données au cœur de ces véritables usines naturelles. Elle s’appellera LeadBees. Il se rapproche de l’incubateur local polynésien Prism, mais son projet est déjà trop développé.

4bis - LeadBees - Kevin perdu dans ses pensées.jpg
Kevin Besson, à Station F

A la recherche d’un “accélérateur”, Kevin Heremoana Besson postule au programme Fighters de Station F, qui entend soutenir les porteurs de projets au profil atypique. Bingo, la startup LeadBees est sélectionnée. Il passe un an à Paris pour peaufiner la conception de sa sonde, et surtout travailler à son industrialisation. Entre temps, il a signé un partenariat clé avec le CNRS, qui l’aide à mieux comprendre le patrimoines génétique des abeilles polynésiennes.

Température, humidité, et même la détection des vols

Après une première année riche, il intègre un autre incubateur hébergé à Station F, Outre-Mer Network, qui soutient les projets ultra marins. Il continue la phase d’industrialisation, et noue des partenariats public-privé comme ce projet pilote qui prévoit l’installation de cinquante boîtiers LeadBees dans des ruches polynésiennes. Avec le soutien du Ministère de l’économie Numérique de la Polynésie Française.

Ses boîtiers remontent des infos stratégiques et inédites sur les cinquante sites où ils sont déployés : température de la ruche, taux d’humidité, pression atmosphérique… Un accéléromètre permet aussi de recevoir des alertes en cas de chute de la ruche, ou de tentative d’effraction. On y trouve même un micro pour surveiller le niveau sonore des abeilles.

8bis - LeadBees - Capteur sur ruche kényane.jpg

Les premiers résultats obtenus par LeadBees sont à la hauteur des attentes, ce qui pousse Kevin Heremoana à passer à la vitesse supérieure. LeadBees ouvrira la vente de ses boîtiers en janvier 2020 au prix de 149 euros, avec un abonnement à 12 euros par mois. Cet abonnement donnera notamment accès à une solution complète de gestion de son cheptel de ruches. La startup proposera aussi une balance (sur laquelle poser sa ruche), et qui permettra de mesurer les variations de poids, un indicateur important de l’activité des abeilles.

Kevin Heremoana Besson prévoit d’écouler mille capteurs au cours de l’année 2020, et à terme, il ambitionne de relocaliser la production des ses boîtiers en Polynésie Française. Logique, pour un entrepreneur attaché à rendre à la nature ce que la nature lui a donné.

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Christofer Ciminelli