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Le voyage vers l’enfer de Sony

Rien ne va plus chez le géant japonais de la high-tech ! Pour la quatrième année consécutive, Sony accumule les pertes. Chronique des avanies d’un géant.

C’est à se demander si un mauvais sort n’a pas été jeté sur Sony, la multi-nationale japonaise spécialisée dans l’électronique. Car pour la quatrième année de suite, le groupe doit essuyer des pertes catastrophiques. A l’occasion de la publication des résultats du groupe pour le deuxième trimestre, toutes les prévisions ont été revues à la baisse. Et pas qu’un peu : l’exercice 2011 devrait se terminer avec un chiffre d’affaires en chute, à moins de 59 milliards d’euros, pour un résultat net déprimant. Sony escompte effectuer une perte nette de 820 millions d’euros !

Circonstances d’exception

On ne peut totalement blâmer le groupe, tant les circonstances exceptionnelles l’ont frappé. Avec son siège social et une très importante part de ses activités implantées au Japon même, le groupe a tout d’abord été fortement impacté par le séisme du 11 mars 2011.De nombreuses usines ont dû fermer, dont six appartenant au groupe, impliquées dans la fabrication de disques Blu-ray et de batteries lithium-ion. Un mois après la catastrophe, c’est tout l’écosystème numérique en ligne de Sony qui était compromis : des pirates se sont introduits sur le PlayStation Network ainsi que d’autres services en ligne (Qriocity et Sony Online Entertainment) dérobant les données personnelles, parfois bancaires de plus de 100 millions de comptes. Résultat ? Une refonte totale nécessaire des systèmes obligeant à les couper durant de longues semaines, et des mécanismes de remboursement coûteux pour l’entreprise, associés à une perte de confiance de ses clients…Les mésaventures du groupe ne s’arrêtent pas là avec une troisième vague de malchance : les inondations en Thaïlande ont eu un impact sur Sony, dont les unités de production d’appareils photo numériques se trouvaient dans le pays ravagé. En repoussant les dates de livraison de ses nouvelles gammes d’appareils, ce seul cataclysme ampute les bénéfices du groupe de près de 240 millions d’euros. Enfin, période de crise financière mondiale oblige, la position du yen par rapport à l’euro et au dollar a contribué à aggraver encore plus la situation financière.

Concurrence renforcée

Mais les impondérables n’expliquent pas, à eux seuls, les difficultés du géant de l’électronique. Il a d’ailleurs su réagir au mieux à tous les imprévus. Les pertes proviennent essentiellement des activités tournant autour des téléviseurs LCD et des ventes de la console PlayStation. Dans les deux domaines, la concurrence fait rage et a forcé à une baisse drastique des prix de vente. Malgré des efforts considérables consentis par le groupe pour réduire les coûts de fabrication des téléviseurs, rien n’y fait.Difficile aussi de colmater les pertes – plus de 3 milliards d’euros en 2010 – tout en innovant. Smartphones, tablettes, ordinateurs… le géant peine à faire rêver là où des acteurs comme Samsung et Apple surprennent leur monde. Pour s’en sortir, Sony va donc devoir faire mieux que du marketing, mieux qu’une PlayStation 3, qu’un Bravia ou qu’un Experia. Dès qu’elle aura remis toutes ses usines en route, la firme s’attaquera alors à son plus gros chantier : se réinventer… ou péricliter.

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Stéphane Viossat