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Le processeur le plus rapide du monde reste au point mort

Fin 1998, les ingénieurs russes d’Elbrus promettaient de fabriquer le microprocesseur le plus rapide du monde. Son architecture révolutionnaire est à des années lumière de ce…

Fin 1998, les ingénieurs russes d’Elbrus promettaient de fabriquer le microprocesseur le plus rapide du monde. Son architecture révolutionnaire est à des années lumière de ce qui a été développé en Europe ou aux Etats-Unis. Et les performances sont éloquentes : 1 200 MHz, 135 SpecInt, 350 Specfp, le tout dans une puce de 126 mm2, compatible Pentium et dissipant seulement 35 W. C’est cinq fois plus rapide, trois fois moins encombrant et deux fois moins gourmand que l’Arlésienne Itanium d’Intel. Pour finir le développement de cette merveille, Elbrus a seulement besoin de 60 millions de dollars. Une paille. Mais dix-huit mois plus tard, personne n’a souhaité miser le moindre rouble dans cet extraordinaire projet. Elbrus reste désespérément au point mort. L’architecture est validée au stade conceptuel, mais il n’y a toujours pas de prototype. Les prétentions de puissance ne sont donc que des extrapolations de données sur simulateur.

“Même si l’Elbrus ne voit jamais le jour, son architecture reste fascinante d’un point de vue technique. Elle donne un avant-goût de ce qui peut arriver “, maintient Keith Diefendorff, analyste au Microprocessor Report, auteur de l’article à l’origine du battage médiatique qui a entouré la puce.
Elbrus a toujours vécu de subventions militaires et n’a aucune expérience de l’économie de marché. Sun, son partenaire de longue date, a par exemple refusé de financer la puce. Quant à la banque Robert Flemings, elle s’évertue depuis novembre à lever des fonds. . . sans succès. “Les investisseurs occidentaux ont peur parce que nous sommes russes et parce le monopole d’Intel impressionne” déclarait, il y a quelques mois Boris Babayan, PDG d’Elbrus, sur CNN. Il n’empêche, le site Web n’a pas été mis à jour depuis six mois. Et les responsables de la société ont fini par le reconnaître : même avec des fonds, finir le travail prendrait deux ans, faire un prototype une troisième année. En attendant, les brevets, eux, sont très bien protégés.

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Anicet Mbida