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Le plan de Free pour accélérer le très haut débit fixe en France

Le DG d’Iliad Maxime Lombardini est revenu sur le rapport de la Cour des comptes qui étrille le Plan France Très Haut Débit. Pour lui, il faut miser sur la montée en gamme du cuivre et du câble pour accélérer le déploiement.

Le constat est rude. La Cour des comptes estime que le Plan France Très Haut Débit va coûter plus cher que prévu, que les échéances de 2022 ne seront pas tenues et que la priorité donnée à la fibre est discutable. Un constat un peu trop sévère pour Maxime Lombardini, le Directeur Général d’Iliad, la maison mère de Free.  Auditionné ce matin par la Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale à l’occasion d’une table ronde sur la couverture mobile et numérique, il est revenu sur ce rapport qui fait polémique.

Maxime Lombardini, le DG d'Iliad, auditionné ce 1er février à l'Assemblée Nationale.
Assemblée nationale – Maxime Lombardini, le DG d’Iliad, auditionné ce 1er février à l’Assemblée Nationale.

Le FttH : un choix luxueux

« A le lire, on a le sentiment qu’on est très en retard. C’est parce qu’on a fait un choix très luxueux avec le FttH », a-t-il déclaré d’emblée. Un choix auquel Free adhère mais le dirigeant reconnaît aussi que le déploiement est beaucoup plus lourd et compliqué avec cette technologie. « Cela suppose d’entrer chez l’abonné pour lui poser une nouvelle prise, ce qui veut dire que cela prend du temps », souligne-t-il.

L’Allemagne, l’Espagne ou encore l’Angleterre ont misé sur la modernisation du câble ou du cuivre. Ce qui semble-t-il a permis de faire progresser plus vite l’accès au très haut débit. En conséquence, ces pays affichent, en moyenne, de meilleures performances que la France. « Si les critères de comparaison étaient une connexion à 500 Mbit/s, il est probable que la France serait pratiquement en tête », a-t-il ajouté. « Mais le choix de la mesure est basé sur du 30 Mbit/s, voire 100 Mbit/s, selon les statistiques ».

Toujours selon Maxime Lombardini, certains lieux situés dans les RIP (Réseaux d’Initiative Publique) ne seront pas couverts avant 2030. Seule solution pour faire patienter la population jusque-là : la montée en débit du cuivre ou du câble. « Cela permet d’apporter la réponse la plus rapide de manière assez simple », a-t-il résumé.

Différentes architectures utilisant la fibre optique.
Wikipedia/CC BY-SA 3.0 – Différentes architectures utilisant la fibre optique.

En quoi consiste la montée en débit

Rappelons que le FttH consiste à apporter la fibre jusqu’à l’abonné. Faire « monter le débit » du cuivre ou du câble consiste à fibrer une partie du raccordement sans aller jusqu’à l’utilisateur final. Le FttB est le plus connu en France parce qu’il est privilégié par SFR. Il consiste à déployer la fibre optique seulement jusqu’au bâtiment puis de poursuivre par du câble jusqu’à l’abonné. Dans les pays voisins, on trouve aussi beaucoup de FttN (Fiber to the Node : fibre jusqu’au répartiteur) et de FttC (Fiber to the Curb : fibre jusqu’au sous-répartiteur). Comme on le voit dans le schéma ci-dessus, la longueur du raccordement en fibre optique varie. Ces technologies hybrides permettent de faire baisser le coût de déploiement et d’agir dans un délai plus rapide. Avec pour corollaire, des débits plus faibles que le FttH.

L’intervention de Maxime Lombardini ne manque pas de sel quand on sait que Free a ferraillé avec Orange et Bouygues Telecom pour que SFR ne puisse plus appeler Fibre son FttB. Mais peut-être souhaite-t-il mettre en avant le cuivre parce que Free est en retrait sur le très haut débit fixe. A ce jour, le FAI compte 4 millions de foyers éligibles au FttH en France contre 6,5 pour Orange. « Nous avons l’objectif d’atteindre les 9 millions fin 2018 et les 20 millions fin 2022 », a promis Maxime Lombardini.

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Amélie Charnay