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” Le paradoxe des laissés-pour-compte de la pénurie “

Même si, en France, à ce jour, les besoins en informaticiens sont de l’ordre de 36 000, tous les profils ne sont pas aussi courtisés !…

Même si, en France, à ce jour, les besoins en informaticiens sont de l’ordre de 36 000, tous les profils ne sont pas aussi courtisés ! Certes, les jeunes expérimentés, jeunes diplômés et webmaniaques sont très recherchés. Les perles rares, connaissant à la fois le mainframe et les nouvelles technologies, se voient dérouler des tapis rouges de promesses et de dollars. . .Mais derrière cette effervescence, une catégorie de ” has been ” ou plus exactement, de faux anciens ou de vrais ” vieux ” amoureux de leur métier et d’une certaine idée de l’informatique, se voient remerciés. Ni trop âgés ni trop jeunes, on leur reproche seulement d’être en retard d’une illusion ou d’une technologie sur laquelle ils ont pu investir et sur laquelle l’effet ” événement web mode business ” a balayé leur espoir. Le client/serveur est de celles-là, tout comme les malheureux mainframes non IBM ! Les sociétés, et plus particulièrement les SSII, ne sont pas prêtes à investir dans un ” relookage ” soit tout web, soit IBM mainframe-web, soit Java pour ces populations. Ce challenge n’est proposé qu’aux fameux jeunes diplômés et à quelques élus qui, à défaut d’avoir toutes les vertus, ont, au moins, celle de pouvoir se vendre plus facilement. Ainsi en sera-t-il d’une femme de moins de 35 ans, à la tête bien faite et célibataire, d’un titulaire d’un diplôme Bac + 5 d’une grande école, d’un candidat possédant quelques références de type ” pignon sur rue ” comme un grand groupe bancaire ou d’assurance ou venant de la concurrence. Comme aurait pu le dire Coluche : “Si t’es vieux, petit, mal foutu et sans envergure, alors ce sera dur ! Mais si, en plus ton look c’est mainframe non IBM ou nana de plus de 35 ans, mariée avec des gamins ou mec avec des principes et qui fait pas semblant, alors là ! ça va être très très dur !” J’en viens à préférer, comme consolation, cette phrase de Pierre Desproges : “Les diplômes sont faits pour les gens qui n’ont pas de talents !”On trouve même des cabinets de placement, voire de conseil, se spécialiser dans ce qu’ils appellent “les cas sociaux” ! Un comble, non ? ! Des gens dont personne ne veut parce que : pas assez jeunes, pas assez BCBG, relookage trop cher, trop timides, trop différents, trop décalés. Bref passés de mode ! Ils représentent un cas sur cinq (sources Apec), et apparaissent comme une fatalité, une misère à laquelle on s’habitue un peu trop facilement, comme une ligne de statistiques sur un relevé ANPE, une banalisation de la pauvreté morale de notre société.Ne nous y trompons pas : l’économie a retrouvé, depuis trois ans, un nouveau souffle qu’elle doit pour beaucoup aux emplois directs et indirects de l’informatique. En retrouvant sa confiance et sa stabilité, la société retombe bien vite dans ses vieux démons et jette aujourd’hui ce qu’elle encensait hier ! Décidément, l’Histoire n’a pas de mémoire.Que dire, pour conclure, si ce n’est que derrière les mots, les techniques dites nouvelles et souvent vides de sens humain dont beaucoup se gargarisent à s’en étouffer, se cache une réalité de laissés-pour-compte, de ceux qui restent sur le quai d’une gare doù aucun train ne partira peut-être plus, et pour lesquels pénurie ne rime pas avec CDI mais plutôt avec RMI !

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Didier Pierre