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Le mobile divise la société en trois générations

TNS Sofres révèle dans une étude sur les usages du mobile deux âges charnière : 25 ans et 40 ans. Ils déterminent la perception de l’outil et les niveaux d’utilisation.

Taux d’équipement en progression, renouvellement rapide de l’appareil, multiplication des fonctions…
‘ Le mobile est un objet qui occupe une place complètement à part ‘, note
Fabienne Simon au département Stratégies d’opinion de TNS Sofres. Pour la deuxième année consécutive, l’institut de sondage a publié, mardi 17 octobre, les résultats de son observatoire sociétal du téléphone mobile. Il a été réalisé pour
l’Association française des opérateurs mobiles auprès de 1 224 personnes de 12 ans et plus en août 2006.En un an, le taux d’équipement des 15 ans et plus a gagné cinq points pour atteindre 77 %. C’est la tendance général, quelle que soit la manière dont s’équipent les gens : un mobile personnel, professionnel ou à la fois
personnel et professionnel, deux mobiles (l’un professionnel, l’autre personnel).Autre tendance de fond, si les usages se multiplient (audio, vidéo, photo, etc.), personne ne possède qu’un mobile multifonction. L’appareil ne vient pas remplacer les lecteurs MP3 ou les appareils photo. Enfin, son renouvellement
arrive au bout de vingt mois en moyenne.Mais derrière ces tendances, TNS Sofres a découvert un phénomène très marqué : un double clivage générationnel. Si le premier, la barrière des 25 ans, était connu, un second apparaît à partir de 40 ans. Ainsi, 46 %
des 12-24 ans déclarent savoir utiliser toutes les fonctions de leur portable, contre 7 % des plus de 40 ans. La situation s’inverse lorsque l’on demande qui n’en utilise que quelques-unes : 14 % des 12-24 ans et
49 % des plus de 40 ans. Et ces derniers sont encore 17 % à ne savoir se servir que de la fonction d’appel, quand aucun des moins de 25 ans ne déclare être dans ce cas.Le détail des pratiques est encore plus parlant : 96 % des 12-24 ans disent regarder l’heure sur leur mobile. Ce taux est encore de 90 % pour les 25-39 ans mais tombe à 59 % pour les plus de 40 ans.
Pour l’utilisation du répertoire, les chiffres sont respectivement de 95 %, 83 % et 57 %. Pour l’envoi de SMS, ils atteignent 98 %, 87 % et 49 %. Pour l’utilisation du mobile comme d’une calculatrice, 75 %,
55 % et 18 % ; les jeux, 64 %, 32 % et 9 %.

Indispensable pour les uns, contraignant pour les autres

‘ Nous avons identifié cette fracture générationnelle dans la maîtrise des fonctions mais aussi dans la relation à l’appareil, note Laurence Bedeau à TNS Sofres. Les 25-40 ans ont une
approche plus utilitaire. Les 12-24 ans ont une relation multifonctionnelle mais aussi une relation “nécessaire” à l’objet. ‘
La preuve par les chiffres : le mobile est indispensable pour 33 % des
12-24 ans, pour 22 % des 25-39 ans et pour 19 % des 40 ans et plus. La tendance bascule dès qu’il s’agit de voir le téléphone portable comme un outil contraignant (respectivement 3 %, 10 % et 17 %) ou
simplement utile mais dont on peut se passer (36 %, 57 % et 57 %).Les valeurs associées à l’objet varient elles aussi selon ces trois tranches d’âge. La praticité, mais aussi la simplicité, la liberté, l’indépendance qu’il procure ou l’intimité sont citées en priorité chez les 12-24 ans. La
sécurité est la plus citée par les 25-39 ans (un effet du statut parental, à une époque où les enfants sont encore jeunes), mais encore la dépendance, la surveillance ou le stress. C’est chez les plus de 40 ans que l’on mentionne le plus
les incivilités : 77 % contre 43 % chez les 12-24 ans. Ce sont aussi eux qui évoquent le plus le ‘ danger ‘ du mobile et son aspect instrusif. ‘ Les valeurs négatives arrivent en
premier,
résume Laurence Bedeau. Ils ont un regard plus distancé et un peu méfiant. ‘Du côté du savoir-vivre également, on retrouve ces clivages. S’il existe un consensus net sur le fait de ne pas utiliser le mobile au volant ou pendant les cours à l’école, les plus jeunes tolèrent plus facilement son usage dans les
lieux publics (salles d’attente, cafés, trains…). Même au cinéma, ils sont certes 71 % à dire qu’il ne faut pas téléphoner, mais c’est dix points de moins que pour les 25-39 ans et douze de moins que chez les plus de 40 ans.‘ C’est vraiment étonnant, reconnaît Chantal Lasocka, directrice générale adjointe de TNS Sofres, c’est la première fois que l’on présente des résultats si homogènes par tranche
d’âge. ‘
C’est à un point que l’âge est le seul facteur de différenciation. Les différences de catégories sociales, notamment, ne jouent pas sur les résultats. Même pour le taux d’équipement, qui égale ou dépasse les
80 % de la catégorie des ouvriers à celle des cadres. Alors que la propagation d’autres moyens de communication, comme la connexion à Internet ou même la téléphonie fixe à domicile, varie nettement en fonction des catégories sociales.

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Arnaud Devillard