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Le haut débit est-il antidémocratique ?

La pénétration du haut débit pourrait atteindre 50 % d’ici à 2004. Mais ceux qui habitent des régions isolées ou des petites communes devront patienter encore de nombreuses années.

D’ici à deux ans, peu d’entreprises ou de particuliers échapperont en France au haut débit. Ils auront le choix, en théorie, entre quatre modes d’accès en cours de déploiement : le câble, l’ADSL (haut débit par le fil du téléphone), la boucle locale radio (BLR), qui utilise la voie hertzienne, et enfin l’UMTS, la troisième génération de téléphonie mobile. Voilà pour le panorama général qui doit conduire la France sur le chemin de la modernité et de l’accès pour le plus grand nombre à des services d’internet rapide.En pratique, ce schéma concerne avant tout les entreprises et les zones d’habitation urbaines, voire péri-urbaines. Et pour cause : les acteurs de ce marché n’ont pas vocation à remplir une mission de service public, qui les contraindrait à relever un défi politique ruineux. Selon une étude du cabinet de consultants Arthur D. Little, sur l’ensemble des foyers connectés à internet, l’ADSL aura une pénétration de 29 % en 2004, le câble 11 %, et la BLR 13 %. Soit, dans trois ans, une pénétration total de 53 % du haut débit par ces trois technologies.

La rentabilité en question

es péripéties de la boucle locale radio sont instructives à plus d’un titre. Deux appels à candidatures ont été nécessaires pour couvrir des régions économiquement ” arides “, en l’occurrence l’Auvergne, la Corse, la Franche Comté et le Limousin. Depuis décembre dernier, les choses sont rentrées dans l’ordre, et chacune des régions françaises est couverte par quatre réseaux (deux nationaux et deux régionaux). Mais tous ont la même priorité : conquérir les entreprises, plus rentables que la clientèle particulière.our une liaison à haut débit permanente et un usage fixe, les particuliers peuvent se tourner vers le câble ou l’ADSL. Pour une connexion au câble, encore faut-il que les foyers intéressés se trouvent sur l’une des quelque 1 330 communes dotées d’un réseau. Cette situation privilégiée n’étant d’ailleurs pas suffisante, car peu de réseaux sont adaptés au haut débit. Reste l’ADSL, qui en est à ses prémices pour des raisons essentiellement économiques, et qui n’a pas vocation à se développer dans des zones à faible densité de population pour des motifs qui sont aussi techniques. Les opérateurs alternatifs bataillent toujours contre France Telecom pour déployer leurs offres dans des conditions rentables pour eux.À défaut de découvrir les avantages du haut débit sur un poste fixe, les victimes de la fracture numérique pourront se contenter de leur mobile UMTS. Mais pas avant deux ou trois ans, lorsque les réseaux seront véritablement opérationnels. Et les entreprises seront les premières servies. À condition, bien sûr, d’être situé dans une zone rentable pour les opérateurs. À moyen terme, les pouvoirs publics et le législateur devront peut-être engager une réflexion sur une notion du service universel, élargie au haut débit. L’Autorité de régulation des télécommunications estime à l’inverse, que ” la disponibilité d’une offre ADSL sur l’ensemble du territoire ne semble pas relever aujourd’hui du service public, en raison du caractère encore naissant de ces technologies : la priorité semble être de permettre l’exercice de la concurrence sur ce segment de marché “.Et aujourd’hui, plus personne au Parlement ne discute dun éventuel aménagement de la loi sur les télécommunications.

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TDJ